Dans la
première version de Bill Braxton(4),
Jean-marc Pontier avait choisi le format
de la nouvelle graphique s’appuyant sur la structure régulière du gaufrier de
neuf cases. Ici, il opte pour un texte illustré réservant une belle part au texte, magnifiant les dessins ou les
quelques planches qu’il insère. Le texte
et le dessin dialoguent.
Washington : « Tiens, garçon, je te laisse ce
carton. Tu y trouveras tout ce que j’ai
dit là dedans. Je te donne ces dessins, parce qu’ils racontent mieux les choses
que les mots, du moins les miens » .
Au bout du
compte, on ne sait pas si notre personnage, petit-fils de Bill Braxton aura
hérité du don artistique de son grand-père. Parviendra-t- un jour à
tirer un son de ce sax ? On ne sait pas si on peut compter le dessin au
nombre de ses talents, mais il est bien certain que personne ne
revendique la part de l’écriture et qu’elle lui revient … fluide et travaillée
comme une partition de jazz ! C'est un bonheur d'entendre le texte lu àLes dessins
sont silencieux, mais on voit apparaître par intermittence des mots
écrits, enseignes ou lettrages
superposés aux dessins des paysages urbains ils font parler New-York à la manière
bruyante et tapageuse des américains à travers les injonctions des slogans publicitaires :
« rent », « turn here », « step »… Les dessins
des paysages accompagnent les déambulations du personnage. Jean-Marc Pontier affectionne les façades
agglomérées, aux fenêtres alignées,
formant des blocs compacts, les perspectives qui poussent jusqu’au ciel des verticales
ambitieuses. New-York est une ville glorieuse qui se redresse des attentats de 2001. Les autres dessins, des portraits,
silhouettes saisies dans la rue,
dans les boîtes de jazz, mais aussi les musiciens, Bill Braxton, William Bones,
le peintre Phil Washington et la psychanalyste Martha Yaël. Beaucoup de noirs, de blancs et de gris ponctués de notes
de couleur. La
qualité du dessin, expressionniste et suggestif mais plus délicat que
celui de la première nouvelle graphique convient parfaitement à saisir
la ville et les portraits pris sur le vif. Là encore, le personnage - narrateur
semble absent ou imprécis. A plusieurs reprises apparaît la silhouette d’un homme en complet veston noir, portant cravate,
attifé d’un chapeau, sorte de Borsalino à l’italienne, est-ce lui ? Est-ce
Beppe Albamonte le principal mécène du peintre ? La confusion est entretenue, on devine que la
plupart des dessins doivent être
attribués à Phil haute voix.
Je dis
bravo !
Au moment de
mettre le point final à cette chronique, parce qu’il faut bien conclure et « envoyer », je sais que j'aurai des repentirs. Lorsque je me relirai et que je
parcourrai à nouveau le récit Bill Braxton,
il y a fort à parier que d’autres idées
me viendront, je me dirai que j’aurais pu formuler cela différemment, ajouter
ceci, faire plus attention à cela. Ma
façon de lire, ma façon d’écrire semblent n’être pas chose constante. Si j’avais écrit hier plutôt qu’aujourd’hui,
c’est d’autres mots que j’aurais employés et à quoi cela tient-il ? D’ailleurs, la relecture, à coup sûr veut des
corrections, comme pour chercher la note
plus juste, mais je doute sur l’on puisse jamais en trouver une de certaine....
(1) Thirteen days in New-York, travel included,
de Dom Oliver est la traduction en
américain du livre d’Olivier Domerg, Treize jours
à New-York, voyage compris, publié en juin 2003 aux éditions Le Bleu du Ciel,
augmenté de treize photographies de
Brigitte Palaggi.
(2) Bill Braxton, de Jim Bridger est
également la traduction américaine du titre de la première nouvelle du recueil
de nouvelles graphiques Pièces Obliques,
de Jean-Marc Pontier (alias Jim Bridger),
publié aux Enfants Rouges en 2009.
(3) Arthur Rimbaud, Lettre du Voyant, à Paul Demeny, 15 mai 1871 (extrait)
(4) Bill Braxton, Pièces Obliques, Les Enfants Rouges, 2009.
Pour découvrir l'auteur Jean-Marc Pontier, on peut se rendre sur son blog et sur son site:
Pour découvrir les autres publications de l'éditeur Objectif Mars
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1 commentaire:
C'est bien plus qu'un simple article!!! On se sent intelligent après ça;-)
Merci.
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