mercredi 25 mars 2015

Une de mes journées, Max Jacob - Le cornet à dés- 1917

"Une de mes journées", Max Jacob ( 1876 - 1944)
Le Cornet à dés, Gallimard, 1917

      Avoir voulu puiser de l'eau à la pompe avec deux pots bleus, avoir été pris de vertige à cause de la hauteur de l'échelle; être revenu parce que j'avais un pot de trop et n'être pas retourné à la pompe à cause du vertige; être sorti pour acheter un plateau pour ma lampe parce qu'elle laisse le pétrole l'abandonner; n'avoir pas trouvé d'autres plateaux que des plateaux à thé, carrés, peu convenables pour des lampes et être sorti sans plateau.  M'être dirigé vers la bibliothèque publique et m'être aperçu en chemin que j'avais deux faux cols et pas de cravate; être rentré à la maison; être allé chez M. Vildrac pour lui demander une Revue et n'avoir pas pris cette Revue parce que M. Jules Romains y dit du mal de moi. N'avoir pas dormi à cause d'un remords, à cause des remords et du désespoir. 

Max. Jacob.

Né le 12 juillet 1876 à Quimper, Max Jacob rencontre Apollinaire et Picasso avec lesquels il devient  ami, partageant la vie de bohème à  Montmartre à partir de 1901.  Juif de naissance, il se convertit au catholicisme en 1915. Arrêté le 24 février 1944 par la Gestapo, il meurt au camp de Drancy. 


jeudi 12 mars 2015

Mark Lanegan Band, Alhambra, Paris, 7 mars 2015

Quelques vidéos du concert du Mark Lanegan Band à l'Alhambra (Paris), le 7 mars 2015 sont disponibles sur  Youtube, toutes de mauvaise qualité pour le son et l'image (mes quelques photos ne sont pas meilleures !), mais celle-ci a ma préférence, la focalisation sur les musiciens est bienvenue, l'image très nette ( après quelques secondes la mise au point  est  meilleure), c'est le tube "I'm the wolf" avec aux guitares  Jeff Fielder et Duke Garwood !  just listen....

En première partie du concert, Lyenn, suivi de Duke Garwood (album Heavy Love). Les deux musiciens font ensuite partie de  la "band" qui accompagne Mark Lanegan, avec Jeff Fielder , le batteur et les claviers ( + multi-instruments)...


Duke Garwood et son batteur. Il y a un peu plus d'un an,  Duke participait à la tournée de Mark Lanegan  (Black Pudding)  mais le soir du concert à La Paloma Club de Nîmes auquel nous assistions, sa compagne ayant accouché la veille, nous ne l'avions évidemment pas entendu.... Heureuse surprise ( que nous espérions :  "on nous devait un Duke!" ;-)     ) quand il est  apparu. 


Jeff Fielder réglages avec un technicien

Set List du concert:

1. When your number isn’t up
2. Low
3. Morning Glory Wine
4. No Bells on Sunday
5. The Gravedigger’s song
6. Harvest Home
7. Quiver Syndrome
8. One Way Street
9. Grey goes balck
10. Deepest Shade (Twilight Singers)
11. Hit the City
12. Ode to Sad Disco
13. Riot in my House
14. Harborview Hospital
15. Floor of the Ocean
16. Torn red heart
17. Sleep with me
18. Death Trip to Tulsa

19. Methamphetamine Blues
20. I am the Wolf
21. The Killing Season



 
 Un petit mot de bye,bye  chaleureux de Jeff Fielder et les dédicaces ...


Une bonne  critique du concert  ici ( qui donne la set list du concert).

mercredi 11 mars 2015

sortie d'école, place Stravinski, Paris

Graffiti Jef Aérosol: "chuuuttt !" :  voir :  http://www.jefaerosol.com/

dimanche 8 mars 2015

mercredi 4 mars 2015

Space oddity, David Bowie, 1969

Let it flow ...

la fessée

La Vierge corrigeant l'enfant Jésus devant trois témoins: André Breton, Paul Eluard et le Peintre.
Max Ernst, 1926.

Puisque la question de la fessée est remise sur la tapis, apportons à notre façon, une image à méditer.

J'aurais pu aussi donner à lire un passage des Confessions de Jean-Jacques Rousseau ! "L'épisode de la fessée", que l'on trouve dans le livre 1.

La manière dont je vivais à Bossey me convenait si bien, qu'il ne lui a manqué que de durer plus longtemps pour fixer absolument mon caractère. Les sentiments tendres, affectueux, paisibles, en faisaient le fond. Je crois que jamais individu de notre espèce n'eut naturellement moins de vanité que moi. Je m'élevais par élans, à des mouvements sublimes, mais je retombais aussitôt dans ma langueur. Etre aimé de tout ce qui m'approchait était le plus vif de mes désirs. J'étais doux, mon cousin l'était; ceux qui nous gouvernaient l'étaient eux-mêmes. Pendant deux ans entiers je ne fus ni témoin ni victime d'un sentiment violent. Tout nourrissait dans mon coeur les dispositions qu'il reçut de la nature. Je ne connaissais rien d'aussi charmant que de voir tout le monde content de moi et de toute chose. Je me souviendrai toujours qu'au temple, répondant au catéchisme, rien ne me troublait plus, quand il m'arrivait d'hésiter, que de voir sur le visage de Mlle Lambercier des marques d'inquiétude et de peine. Cela seul m'affligeait plus que la honte de manquer en public, qui m'affectait pourtant extrêmement; car, quoique peu sensible aux louanges, je le fus toujours beaucoup à la honte, et je puis dire ici que l'attente des réprimandes de Mlle Lambercier me donnait moins d'alarmes que la crainte de la chagriner.
Cependant elle ne manquait pas au besoin de sévérité non plus que son frère; mais comme cette sévérité, presque toujours juste, n'était jamais emportée, je m'en affligeais, et ne m'en mutinais point. J'étais plus fâché de déplaire que d'être puni, et le signe du mécontentent m'était plus cruel que la peine afflictive. Il est embarrassant de s'expliquer mieux, mais cependant il le faut. Qu'on changerait de méthode avec la jeunesse, si l'on voyait mieux les effets éloignés de celle qu'on emploie toujours indistinctement, et souvent indiscrètement! La grande leçon qu'on peut tirer d'un exemple aussi commun que funeste me fait résoudre à le donner.

Comme Mlle Lambercier avait pour nous l'affection d'une mère, elle en avait aussi l'autorité, et la portait quelquefois jusqu'à nous infliger la punition des enfants, quand nous l'avions méritée. Assez longtemps elle s'en tint à la menace, et cette menace d'un châtiment tout nouveau pour moi me semblait très effrayante; mais après l'exécution, je la trouvai moins terrible à l'épreuve que l'attente ne l'avait été, et ce qu'il y a de plus bizarre est que ce châtiment m'affectionna davantage encore à celle qui me l'avait imposé.

Il fallait même toute la vérité de cette affection et toute ma douceur naturelle pour m'empêcher de chercher le retour du même traitement en le méritant; car j'avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m'avait laissé plus de désir que de crainte de l'éprouver derechef par la même main. Il est vrai que, comme il se mêlait sans doute à cela quelque instinct précoce du sexe, le même châtiment reçu de son frère ne m'eût point du tout paru plaisant. Mais, de l'humeur dont il était, cette substitution n'était guère à craindre, et si je m'abstenais de mériter la correction, c'était uniquement de peur de fâcher Mlle Lambercier; car tel est en moi l'empire de la bienveillance, et même de celle que les sens ont fait naître, qu'elle leur donna toujours la loi dans mon coeur.

Cette récidive, que j'éloignais sans la craindre, arriva sans qu'il y eût de ma faute, c'est-à-dire de ma volonté, et j'en profitai, je puis dire, en sûreté de conscience. Mais cette seconde fois fut aussi la dernière, car Mlle Lambercier, s'étant sans doute aperçue à quelque signe que ce châtiment n'allait pas à son but, déclara qu'elle y renonçait et qu'il la fatiguait trop. Nous avions jusque-là couché dans sa chambre, et même en hiver quelquefois dans son lit. Deux jours après on nous fit coucher dans une autre chambre, j'eus désormais l'honneur, dont je me serai bien passé, d'être traité par elle en grand garçon.

Qui croirait que ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s'ensuivre naturellement ? En même temps que mes sens furent allumés, mes désirs prirent si bien le change, que, bornés à ce que j'avais éprouvé, ils ne s'avisèrent point de chercher autre chose. Avec un sang brûlant de sensualité presque dès ma naissance, je me conservai pur de toute souillure jusqu'à l'âge où les tempéraments les plus froids et les plus tardifs se développent. Tourmenté longtemps sans savoir de quoi, je dévorais d'un oeil ardent les belles personnes; mon imagination me les rappelait sans cesse, uniquement pour les mettre en oeuvre à ma mode, et en faire autant de demoiselles Lambercier.


Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782 (Posthume) 

Ou, pour croiser les regards artistiques sur la chose, faire référence au film A Dangerous Method,  de David Cronenberg avec Keira Knightley, Michael Fassbender, Vincent Cassel, Viggo Mortensen, (sorti en France en 2011) qui évoque entre autres, la relation de Sabina Spielrein et de Carl Gustav Jung.



Et, je ne me place pas dans la question du "oui" ou du "non".

lundi 2 mars 2015

Un poème tiré de L'oiseau Nyiro, Jean-Christophe Bailly, ed. La Dogana



L'aigle à la poitrine noire

        Si les Indiens jouaient aux oiseaux, il semble que certains oiseaux aient décidé de jouer à l'indien: ce sont parmi eux les guetteurs huppés, postés sur un arbre dont on pourrait presque croire qu'ils attendent des signaux de fumée ou des cavalcades d'esprits. L'aigle huppé, plus ébouriffé, l'aigle à poitrine noire ( au nom trompeur puisqu'il est surtout blanc), plus sobre, sont les héros de cette association sympathique qui fait passer sur l'Afrique un goût de calumet et de tepee. Nulle enfance pourtant dans leur sérieux, et l'on souhaiterait aux Indiens disparus la longueur de ces veilles où le temps de voir venir transforme en statues de plumes ceux qui, s'ils le veulent, savent aussi rectifier d'un seul jet la quantité prolixe qui les entoure.   

          Jean-Christophe Bailly, L'oiseau Nyiro, La Dogana, p 45



Jean-Christophe Bailly:
pour une bibliographie plus exaustive:
 La Dogana, éditeur:

Qu'on me pardonne la photo d'illustration, point d'aigle, point d'Indien, au sens strict, dans les parages de mon nid.  Encore que ...