jeudi 28 juin 2012

exposition Philippe Jaccottet et les peintres, Galerie Alain Paire




Samedi  à 18h,  Anne-Marie et Philippe Jaccottet seront présents au vernissage de l'exposition, chez Alain Paire.  A l'occasion d'un livre de Sébastien Labrusse, Au coeur des apparences, poésie et peinture selon Philippe Jaccottet, paru aux éditions de la Transparence.   On pourra également voir les oeuvres de huit artistes, parmi les amis du poète.  Un article à lire sur le site de la Galerie, ICI .
Et puis, déjà  publié sur ce blog il y a quelques jours, deux films très intéressants à propos de Philippe Jaccottet.


dimanche 24 juin 2012

rencontre avec delphine poitevin

Delphine Poitevin est une amie artiste, rencontrée à Aix il y a une dizaine d’années alors qu’elle était étudiante à l’université en cursus de lettres modernes.   Parisienne pendant  douze ans, de  1999 à  2011, avec une parenthèse aixoise de 2002 à 2003. Elle vient de se réinstaller  à Aix, dans un petit appartement du centre ville  proche du Palais de Justice.  Je lui ai demandé de me parler son travail, ayant suivi pendant ces années parisiennes, quelques unes des expositions qu’elle était venue faire  à La Garde (Var) pour l’association Elstir, à Saint-Cyr-sur-Mer dans une ancienne conserverie de câpres ou à Aix-en-Provence et Bouc-Bel-Air avec l’association Perspectives, sur le thème de l’air en 2010 – 2011.  J’avais envie de lui consacrer un article bien qu’elle n’ait  pas d’exposition prévue dans un avenir proche.  Maman d’un tout jeune Gabriel, elle est en train de chercher des repères  dans une ville à redécouvrir et à investir en tant qu’artiste.  Elle a accepté de se prêter au jeu des questions pour retracer son parcours, expliquer sa démarche et envisager le présent.
Quand nous nous sommes rencontrées au début des années 2002, tu étais revenue à Aix depuis peu.  Qu’est-ce qui t’a conduite vers le dessin, la photo et le film d’animation  dans lesquels tu t’exprimes  aujourd’hui ?
Après un bac Arts au lycée Zola à Aix, j’ai commencé une première année en fac d’Arts-Plastiques mais  cela ne m’a pas convenu. J’ai alors bifurqué vers les Lettres Modernes où une amie (Maya)était inscrite, je l’ai accompagnée dans certains cours et j’ai apprécié. Je crois que j’avais des attentes trop précises en ce qui concernait les études d’art,  la littérature, au contraire,  était plutôt une rencontre sans a priori.  J’ai écrit  une maîtrise en 1997 : les écrits de Michel Leiris sur Francis Bacon. Lors de mon Master 1 en arts plastiques en 2007 - 2008, j’ai analysé les œuvres de certains artistes :  Oscar Munoz, BernardMoninot, Georges Rousse, Barbara Camilla Tucholski et  William Kentridge.  Sans doute, pourra-t-on, à travers leurs travaux et leurs préoccupations, percevoir des points de connexion avec  mes réalisations personnelles. Après ma maîtrise de lettres en 1997, j'ai passé une équivalence avec la licence d'arts plastiques, puis  je me suis inscrite à la Sorbonne à Paris.  Je n’ai pas terminé mon master 2, mais j’y songe actuellement.  Entre l’année 2000 et 2007, j’ai arrêté mes études, j’ai quitté Aix pour Paris où je dessinais tout le temps, j’ai eu des opportunités pour exposer et pour travailler à Mantes la Jolie, où j’animais des ateliers d’art  dans une école municipale d'art.
A quel moment  ton travail a-t-il pris la direction que nous lui connaissons actuellement ?
 Il  y a eu une période, où je travaillais beaucoup sur ordinateur, j’ai réalisé certains films d’animation, en flash, tel que Duo et Suites  en 2005, Tracés en 2006.   Par ailleurs,  habitant dans un tout petit appartement, j’avais souvent besoin de sortir et de travailler en extérieur.  Je passais mes après midi dehors munie de mon appareil photo et mon travail était de parcourir les rues et de photographier.  J’aimais beaucoup Evry où je logeais, ce n’était pas une ville musée,  au contraire, un espace en plein changement, avec des terrains vagues, des espaces en travaux, si bien que certains sujets photographiques se sont imposés :  des échafaudages dont les structures métalliques recouvertes de  bâches prenaient le  vent comme une voile,  des objets simples du quotidien, sans grande valeur, papiers cellophane, sac plastiques, matelas  abandonnés sur des coins de trottoirs que j’ai intitulés Délogés . 
J’ai donc  voulu, au travers du dessin,  aborder des sujets qui prenaient plus en compte l’espace que j’aimais photographier, les photos étaient sur l’ordinateur et je me suis dit, pourquoi ne pas se servir de cet espace ?  C’est ainsi que j’ai utilisé  la palette graphique pour dessiner  sur  ces espaces  photographiés.  Le dessin ne procède pas d’une image mentale préformée, mais il se fait au fil d’une pensée mouvante. Pareil à un tissu, il se forme progressivement fibre après fibre.

Les premiers espaces  sur lesquels je suis intervenue, sont des photos de murs délabrés que j’ai intitulées Danse du dedans et qui datent de 2007.  Le dessin par le biais de la palette graphique est une projection mentale, sans contact physique de la main ou de l’outil sur le  matériau, je  me déplace virtuellement dans le lieu et, par les zooms arrière ou avant, je joue sur les déplacements, la proximité ou l’éloignement. Le dessin donne l’impression de se déployer dans l’espace, il prend appui, s’étire, se noue en de multiples faisceaux.  Angles de mur, poignées de porte, sols et encoignures de fenêtre…  Parfois c’est un micro univers que j’investis, parfois je prends plus de recul.  C’est un va-et-vient dans l’espace et dans le temps, une exploration mentale.  
C’est tout à fait différent de ce que j’ai pu réaliser ensuite, quand il m’a été possible de dessiner in situ, comme dans les dessins Propagation de 2008 .  Propagation est un dessin mural réalisé dans un foyer d’handicapés mentaux, l’Envol (Yvelines).  Le dessin à la mine de plomb part d’un radiateur en fonte, se propage sur les murs et se dissémine dans l’espace environnant.  Le dessin révèle  certains aspects du lieu qui passeraient inaperçus sans l’intervention graphique.  Les stries, les trous et les taches présents sur le mur sont incorporés au dessin. 
Il me semble que ton travail de dessin ( laisser une trace  sur un plan) est presque toujours associé à d’autres dimensions, celles de l’espace  et du temps, c'est-à-dire, très proche des préoccupations des films d’animation.  Je me souviens  de  Duo et Suites que tu avais montré dans la galerie Aix-Position, rue Lisse des Cordeliers, en 2005.  On y voyait deux corps évoluer dans le temps et l’espace et se transformer.  Aujourd’hui je découvre Pièces, un ensemble de séquences où des objets très simples comme des chaises, des tables, des matelas, des structures géométriques architecturées en évolution. 
Les dessins animés sont une mise en espace du dessin qui peut correspondre au désir d’inclure le spectateur dans un nouvel espace, celui de la dimension du film.  La projection Duo et Suites faite à la galerie Aix-Position en 2005 avait le souci  de mettre les deux figures en mouvement au ras du sol pour donner l’impression qu’elles évoluaient dans le même espace que le spectateur. Le spectateur se trouvait ainsi immergé dans l’univers du dessin animé, c’est ce que je recherchais.   Pour Pièces,  plus récent (voir la vidéo en fin d'article),  le dessin animé est élaboré à partir de dessins faits dans des cahiers.  Il ne s’y passe pas grand-chose, ce sont comme des saynètes autour d’objets qui se transforment, la poussière qui s’accumule, des plantes qui poussent et déforment un matelas, une chaise qui devient tuteur pour la végétation. Les objets sont une structure sur laquelle viennent se greffer des choses plus organiques.  L’animation donne la vie, le mouvement dans des décors  d’objets très simples du  quotidien, mais ces films animés ne sont pas des histoires, d’où la difficulté de les montrer dans certains lieux ou sur des sites web, ce sont des objets artistiques qui ont besoin du référent, il faudrait les voir dans le lieu où le dessin a été produit, projetés in situ.
Tu ne réalises cependant pas seulement des films, je vois ici des dessins imprimés sur calque, qui peuvent se regarder en  superposition.  Ils évoquent aussi des objets du quotidien, on reconnait un matelas, des structures architecturées, des végétaux, des bâches, comme ceux que  tu prends en photo, sont-elles le point de départ de ces dessins ?
Non, ce n’est pas tout à fait cela.  J’utilise les photos, comme je l’ai dit, pour les retravailler au moyen de la palette graphique en dessinant sur  des calques superposés que je fusionne ensuite.  J’interviens avec des dessins assez simples, fluides, des faisceaux  et le dessin se crée comme des fibres s’incorporant à l’image . 
Quand je travaille les dessins que tu vois ici imprimés sur  des calques, je ne me sers pas des photos comme de modèles, je ne les regarde pas, j’en ai certainement la mémoire, les différentes expressions artistiques que j’explore  sont proches et mes sujets d’intérêts pour l’objet banal , les espaces urbains déconstruits rémanents. Je dessine beaucoup,  au feutre fin sur de petits carnets, ce sont des dessins d’imagination que je scanne ensuite et agrandis au format A3 (le plus souvent).  J’aime travailler dans des carnets de croquis, des ébauches, des études,  car  j’aime  me dire que mes dessins ne sont que des recherches (qu’ils ne sont pas destinés à devenir un dessin qui sera exposé) qu’un dessin  pourra peut-être être repris et scanné puis retravaillé.  Les dessins réalisés dans les carnets sont donc parfois scannés puis imprimés sur calques.  Je trouve que le calque par sa transparence et son opacité me permet des agencements intéressants.
Tout d’abord, la qualité de l’impression sur du  calque est particulière.  Je développe aussi mes photos sur calque, la lumière, les ombres, les matériaux ont une densité, une luminosité et une sensualité bien particulière qui  m’intéressent.  Ensuite, je peux me livrer au jeu des superpositions qui rejoint encore une fois le procédé des films animés, mais  d’une autre manière avec la persistance de l’image, comme un palimpseste et  son effacement  progressif, l’altération de la couleur qui devient laiteuse, comme une ombre  plus informelle.  On ne sait plus si quelque chose est en train de disparaître ou au contraire en train de naître.  Par exemple, je peux dissocier aussi le dessin de la structure  (forme géométrique) de celui de l’envahissement par  la poussière qui se superpose point par point est encore une reprise de la notion de temps,  la notion de sédimentation du quotidien avec le temps qui s’écoule et altère la perception de l’objet. Pour d’autres dessins, ce sont des plantes ou des racines qui poussent, la chose vivante qui se lie à l’espace structuré, qui vient s’appuyer sur lui mais en même temps en altère la forme puis s’émancipe de l’objet pour s’étendre et se propager .
Tu es plutôt une artiste urbaine, tu explores les zones en friche, les terrains vagues,  comme on en rencontre dans les grandes villes.  Comment vas-tu poursuivre ton travail ici, à Aix qui est bien différente de Paris  ou d’Evry ?  
Certes, le déménagement est déroutant et  je n’ai pas eu assez de temps devant moi pour entrer dans un nouveau projet, même si l’envie de faire de nouvelles choses commence à se faire sentir.  Mon enfant est encore petit et je n’ai pas beaucoup de temps libre à consacrer à mon travail personnel.  J’ai été surprise de réaliser que le changement d’univers et les conditions de vie extérieures ont en réalité autant d’impact sur moi et sur mon travail.  Je n’avais pas conscience jusque là que l’univers extérieur, le paysage comptait autant.  Autrefois j’avais beaucoup plus de facilité à travailler à partir d’un univers intérieur, j’entrais dans une pièce, je prenais un crayon et je me mettais au travail.  Maintenant, le monde extérieur est beaucoup plus présent, c’est pratiquement un matériel et je me rends compte que depuis 2007- 2008 je ne conçois plus le travail artistique enfermée chez moi.  J’ai envie que le réel soit pris en compte, j’ai envie de partir de choses concrètes que je vois.  A Evry, ça allait de soi, ce qui m’intéressait c’était d’explorer le milieu dans lequel je vivais,  les chantiers, les échafaudages, la ville.  Je pense qu’en étant arrivée ici (à Aix), il va y avoir un autre intérêt extérieur qui va se produire, je n’arrive pas à imaginer un travail qui ne se nourrirait pas de l’extérieur, de la ville, c’est un rapport au monde que je traduis dans mes dessins et mes photos.

Quand j’ai quitté Delphine, je pensais au photographe Eugène Atget et à Claude Vénézia  (dont j’avais vu certaines photos  exposées récemment à Aix, Rue du puits Neuf, par Alain Paire)  des photographes qui ont voulu témoigner de la transformation de la ville, de sa modernisation symbolisée par la percée des boulevards haussmanniens (Atget) ,  la disparition du quartier entre les Halles et le Marais, pour construire le centre Georges Pompidou (Vénézia) et je me suis dit que le travail de Delphine,  de façon très consciente,  nous  montre le  temps qui passe et  la métamorphose des quartiers.   Ce n’est certainement pas pour rien que la dimension temporelle, intrinsèque au film, une succession de tant d’images par seconde fait écho à  la superposition des calques, comme des couches de sédimentation. Sédimentation que l’on retrouve de façon explicite dans les  poussières qu’elle dépose point par point sur les objets, en altérant la surface.  Son esthétique, un peu minimaliste,  s’accorde au dépouillement  des scènes qu’elle photographie, des épures qui laissent place à la contemplation, plus qu’à la rêverie, car ce ne sont pas univers oniriques qu’elle explore, mais bien le réel, même si l’on sent un certain détachement dans les envols, les effilochages et les effacements.   Je me demande si,  au contraire, cette artiste si délicate  et si intuitive, plutôt que de faire disparaître le monde qui nous entoure,  ne nous amène-t-elle pas, avec subtilité et poésie à regarder là où le regard ne s’attarde pas en général, où l’œil balaie la surface d’un coin de trottoir  encombré d’un papier  ou d’un matelas usagé qu’elle traduit par le titre Délogés,  une manière  de prendre parti pour les invisibles et les laissés pour compte de l’espace urbain. Pour cette artiste très littéraire, on pense aussi à Georges PérecLes Choses  et à Francis Ponge, Le parti pris des choses.  Accorder de l’importance, à contre courant du bling-bling, du lisse et du neuf, à ce qui  atteste  de la vie, d’un héritage, même  des plus déshérités.

Pour plus d'informations concernant Delphine Poitevin, je vous conseille son blog:
et un lien vers une vidéo disponible sur youtube:

Pièces, dessins animés

Pour exemple, je voudrais citer ce poème de Ponge, Le cageot,  qui me semble, avec plus  un demi-siècle d'écart, parler avec la même sensibilité que les dessins de Delphine Poitevin:

Le cageot

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.

F. Ponge, Le Parti pris des choses, 1942

 

 

mardi 19 juin 2012

et si on faisait la Cride, mais à l'envers ?

photomontage, f. laude

La sortie en vélo de ce matin n'avait a priori rien d'extravagant.  Cet itinéraire, la Cride, est celui que j'ai dû parcourir le plus souvent, il m'a longtemps servi de "parcours étalon" quand j'ai commencé à rouler, pour  juger des progrès accomplis. IL est encore celui des jours où le temps est compté, où l'inspiration manque. Un peu plus de quarante kilomètres et un  enchaînement de difficultés et de plages de récupération donnant du rythme à la  balade et la sensation de s'être dépensé.  On monte en général depuis Aix, jusqu'au Village du Soleil sur le plateau de Puyricard, où on trouve la petite route de Rognes, à gauche à la fourche de Ganay.  Un peu avant le village de Rognes, à hauteur d'un lieu-dit  Rimbaud, on prend à droite le petit col sur  la D15 vers le Puy-Sainte-Réparade et avant d'y arriver, on tourne encore une fois à droite, à hauteur du canal de Provence, pour rejoindre Puyricard. Là, commence la montée du dernier du col que l'on appelle familièrement la Cride, bien redressé, lacé sur deux épingles, auquel il est toujours intéressant de se jauger.  On ne s'y ennuie jamais, c'est l'épreuve de la sortie, sa raison d'être.  Mais ce matin j'avais proposé à A., compagnon de vélo,  de prendre les choses à rebours et de tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ce choix n'est pas sans conséquence, puisqu'il a  le privilège d'inverser les efforts du cycliste.  Sous cet angle, les montées deviennent des descentes et les descentes font transpirer!  Au final, on a la sensation d'une sortie plutôt facile en ayant pourtant couvert le même dénivelé.  En dévalant les épingles de la Cride, j'ai pensé que j'aimais cette inversion, glisser sur la pente  était une belle gratification des efforts de toutes les  fois où on a tiré la langue. Il y a avantage à changer de temps à autre son point de vue,  telle chose dont on se fait des montagnes demanderait qu'on attrape le problème à l'envers, il  nous semblerait sans doute bien moins insurmontable, puisque contenant cette  part facile.  Cela confirme  ce sentiment que  j'ai parfois, qu'à force d'habitude, nous attribuons aux choses des qualités qui dépendent davantage de nos impressions que de leurs qualités propres.  Alors, combien j'aime ces petites aventures qui dérangent mes habitudes.  
Et si un jour je devais me retrouver, bloc ou forteresse, femme d'argile durcie au feu des gorgées amères  de la vie, je voudrais me prendre les pieds dans des racines, dévaler la pente, me vautrer et briser la gangue dans laquelle j'aurais mis mon coeur au repos, mort trop tôt d'avoir eu peur d'aimer et d'avoir renoncé, camisole de doutes enserrant mes bras, liant les pieds qui avancent incertains, lestés du poids des morts. Le soleil éclaire quand bien même le deuil.

à propos de philippe jaccottet, un film de la télévision suisse romande de 1975

 Bientôt,  la galerie Alain Paire proposera une exposition autour du thème: Philippe Jaccottet et les peintres. On sait qu'il a écrit sur Giorgio Morandi, Alberto Giacometti, Gérard de Palézieux, Anne-Marie Jaccottet, sa femme, Jean-Claude Hesselbarth, etc...  A l'occasion de la préparation de l'exposition,  j'ai eu le plaisir d'accompagner Alain Paire  à Grignan et de rencontrer le poète, sa femme Anne-Marie, le dessinateur Jean-Claude Hesselbarth et sa femme Liliane  leurs voisins de village et  Isabelle Lefèbvre qui tient la librairie Ma main amie, à Grignan .  Au retour, Alain Paire a eu la gentillesse de  m' envoyer quelques liens vers un  film très éclairant sur la poésie de Philippe Jaccottet, où il est question de son métier de traducteur (Thomas Mann, Robert Musil ...), de son amitié pour le poète Gustave Roud, de son installation à Grignan, des longues promenades dans la nature qui inspirent son oeuvre. On y regarde aussi un  spectacle de marionnettes d'après des historiettes inventées par le poète ! 


En cliquant sur le lien ci-dessous, on peut donc regarder ce film d'une cinquantaine de minutes, tourné par la télévision Suisse Romande en 1975, à Grignan.  Il est réalisé par Liliane Hesselbart Annen:

http://www.rts.ch/archives/tv/culture/en-personne/3992144-philippe-jaccottet.html


Sur ces deux autres liens, on accède à des petits films de quatre ou cinq minutes, tournés à Grignan, disponibles sur le blog de la librairie  l'Arbre à Lettres, ils datent de 2011:
http://blog.arbrealettres.com/Entretien-avec-Philippe-Jaccottet,448.html
http://blog.arbrealettres.com/Entretien-avec-Philippe-Jaccottet,449.html

AU DERNIER QUART DE LA NUIT

Hors de la chambre de la belle
rose de braise, de baisers
le fuyard du doigt désignait
Orion, l'Ourse, l'Ombelle
à l'ombre qui l'accompagnait

Puis de nouveau dans la lumière
par la lumière même usé,
à travers le jour vers la terre
cette course de tourterelles 

Philippe Jaccottet
Poésie 
1946-1967
nrf Gallimard


Un article d'Alain Paire,  à lire sur Poezibao : "Philippe Jaccottet en compagnie des peintres" :  ICI

lundi 18 juin 2012

Patti Smith discusses Just Kids


Au mois de juin de l'année dernière, ma fille m'offrait le livre de Patti Smith, Just Kids. Il aura passé presque douze mois dans une pile de livres à lire, à côté de mon lit, et puis, à la fin d'une soirée particulièrement occupée, dans une période saturée d'obligations, j'ai quand même eu envie, vraiment envie, d'en commencer la lecture et rien, alors, n'a pu y faire obstacle.  Je viens  d'arriver aux mots de la fin, par lesquels le livre commençait, d'ailleurs.  Il est construit en boucle, s'ouvrant et se fermant sur la mort de Robert Mapplethorpe, artiste et photographe qu'elle rencontra dès son arrivée à New-York en 1967.  
A propos de leur rencontre, elle écrit, à la veille de la mort de Robert  Mapplethorpe, cet hommage : "tu m'as tirée de la période la plus obscure de ma jeune vie, tu m'as fait partager le mystère sacré de ce que cela signifie d'être un artiste. J'ai appris à voir à travers toi et je ne compose jamais un vers et je ne dessine jamais une courbe qui ne dérive du temps précieux que nous avons passé ensemble."
Le livre est le récit  de vingt ans de vie partagée, amicalement, amoureusement et artistiquement. Je connaissais la partie musicale de l'oeuvre de Patti Smith, ses disques, les films des concerts et quelques photos de Robert Mapplethorpe.   J'étais particulièrement intéressée à découvrir leurs chemins croisés dans le déroulé de leurs accomplissements personnels, ensemble ou plus à distance, s'étant juré de toujours être là l'un pour l'autre, sans se démentir.  J'ai aimé découvrir une poétesse inspirée par  Baudelaire,  Rimbaud et  Walt Whitman , auteur de Leaves of Grass, entre autres, des poètes romantiques du XIXème siècle, symbolistes, voyants.  J'ai aimé lire la grande attention avec laquelle elle choisissait - ou créait-  ses tenues vestimentaires, découvrant derrière l'esthétique du clochard céleste, celle du  dandy baudelairien. 
J'évoque plus longuement Patti Smith, en laquelle j'ose dire que je me reconnais pour une petite part ( n'y voyez pas un manque de modestie, il s'agit d'autres types de connexions), mais  ce livre existe surtout , parce qu'elle avait promis à Robert Mapplethorpe, avant son décès, d'écrire un jour leur histoire.  J'ai beaucoup appris déjà, mais une autre envie  s'ouvre à moi, à présent,   découvrir son oeuvre, au delà des photos (plutôt intimes)  reproduites dans Just Kids
Je donne ici la possibilité d'écouter une très bonne émission de l'institution  Smithsonian,  à l'occasion du prix  National Book Award, le 11 décembre 2010 à la   National Portrait Gallery. Elle était interviewée par  David C. Ward, historien, l'entretien est en anglais et dure une cinquantaine de minutes, bien compréhensible.

lundi 11 juin 2012

les bijoux de la dame

filgurine amulette, 20cm
Une amulette (du latin amuletum, « façon de se protéger ») est un objet qu'on porte sur soi et auquel on accorde des vertus de protection et ou qui porte chance.

Cette petite dame sait bien quelle est sa chance!

lundi 4 juin 2012

Amy Winehouse - Back to Black - Live Acoustic -


I died a hundred times

Amy Winehouse - Back To Black

Patti Smith - This is the Girl - Banga


Je m'étais promis d'offrir  à ce  blog une chanson pour   la sortie de l'album Banga de Patti Smith, aujourd'hui 4 juin et voilà que l'intention sera double puisque j'y  associe un hommage à la chanteuse Amy Winehouse disparue le 23 juillet dernier, très talentueuse jeune femme artiste, bien trop tôt partie, une étoile à la Rimbaud ...   This is the girl  est le titre écrit par Patti quand elle apprit la mort d'Amy alors qu'elle enregistrait Banga . Quelques mots envolés:
This is the girl who crossed the line
...
This is the laurel to crown her head
...
This is the girl who cried to be heard
...
(and so on)
...
Je vous quitte ici et cours acheter mon album special, avec bonus, textes et photos !
Alleluiah!


Pour ceux qui voudraient lire une interview intéressante de Patti Smith par Paola Genone, journaliste à L'express,  je joins ici un lien que m'a indiqué mon amie M. (je la remercie très chaleureusement)
 http://www.lexpress.fr/culture/musique/patti-smith-je-suis-musicienne-mais-j-aurais-pu-etre-general_1123094.html

samedi 2 juin 2012

vernissage de l'exposition "ex-voto d'aujourd'hui" , galerie alain paire

Jeudi 31 mai, avant hier,  beaucoup de monde autour de la vingtaine d'artistes invités par le galeriste Alain Paire,  et encore plus d'ex-voto pour un accrochage serré, digne des chapelles votives  comme celle de Notre-Dame de la Garde à Marseille,  Notre-Dame des Anges près de Gonfaron, ou Notre-Dame des Lumières, à côté de Bonnieux.  On entendait souvent demander à quel voeu ou quelle action de grâce, les oeuvres correspondaient, preuve qu'il y a en nous un goût profond pour le récit, une curiosité qui nous fait aimer les contes.   Aucun ex-voto n'échappait à la tradition de témoigner d'un événement personnel significatif, heureux ou malheureux,  une souffrance ou  un accident, une requête, une prière.  Sur cette photo, Kamel Khélif explique à Odile Solomon et quelques autres personnes, comment il a réalisé ce dessin qui est une prière de protection d'un enfant.Sur le même mur, on peut voir deux dessins de Jean-Jacques Ceccarelli, hommage à ses animaux de compagnie récemment disparus.
Un pêle-mêle  de peintures.  De gauche à droite, Les Huîtres de Vonnick Caroff , un voeu de protection contre les ravages d'un incendie, thème que l'on retrouve dans une peinture d'Annick Pegouret et une petite toile de Felipe Sabatièr.  Au dessous, Don Jacques Ciccolini peint un paysage familier non loin de Saint-Paul-lès-Durance. Tout à fait à droite, une scène de désolation et de recueillement, inspirée par  la catastrophe de Fukushima, par Annick Pegouret.
Dessin de Robert Blanc, hymne à la vie, à la grande respiration du monde et à la guérison
Mon ex-voto,  "ce soir je t'aime à peine", qui emprunte ce vers à Apollinaire.   
Georges Guye et Cyril Anton curieux de connaître le pourquoi du comment ...!  Au dessus, également en fil de fer, l'ex-voto de Myriam Paoli témoigne de l'accident dont elle a été victime, son canoë écrasé par la chute d'un  platane.
A gauche, deux peintures de Pierre Bramanti, racontant un drame familial, un parent disparu en mer lors d'un naufrage.  A droite, une réalisation de Julien Solé, le visiteur de prison, textes et dessins entremêlés.
 De gauche à droite, Serge Plagnol,  Jean-Jacques Ceccarelli, Jean-François Coadou et Robert Blanc.
Echange de cartes... Gérard Rocherieux et Michèle Sainte-Beuve et,  à droite (en blanc) Myriam Paoli.
ex-voto de Marie Morel.
Pierre Vallauri, "Pour toi", évocation des maux du dos et de leur guérison.
Pierre Vallauri, explorateur, sculpteur et reporter
Champ, contre-champ, du jour qui s'étire.  Au premier plan, donc, une suspension en fil de fer de Myriam Paoli, Vibration et à droite, un dessin  de Michel Houssin : un ex-voto contre les mines anti-personnel.
Ex-voto de Pascal Verbena. 
Voilà donc quelques images glanées pendant le vernissage,  il manque toujours des oeuvres et des personnes et tout est toujours incomplet, parce que  rien de vivant n'est jamais tout à fait fini ...

L'exposition dans la galerie Alain Paire, Rue du Puits-Neuf, se prolonge jusqu'au 26 juin, du mardi au samedi, de 14h30 à 18h30.
Plus de renseignements sur le site de la galerie, en cliquant ICI