dimanche 26 février 2012

les preuves du feu, bouc-bel-air, février 2012 (suite)


Geneviève Fabre, L'âtre et la table
"Les ancêtres s'en sont allés dans la combustion cendrée de la cheminée. La table et les chaises sont encore là." (Genevière Fabre)

Je présente dans ce billet la suite des oeuvres exposées au château de Bouc-Bel-Air par les artistes de l'association Perspectives. 34 artistes ont proposé des travaux sur le thème du feu, quatrième élément après l'eau, la terre et l'air à faire l'objet d'une proposition artistique. Lors de l'exposition collective libre au château de Bouc-Bel-Air, du 22 au 29 février dernier, un jury a sélectionné une vingtaine de projets qui feront l'objet d'une deuxième exposition à Aix en juillet et qui figureront dans un catalogue édité pour l'occasion. Les artistes retenus sont:

A.Clif : Métamorphose 3, Anger : Sans feu s‘enflamme, Arinae : Blackout 1, Bernus : Le grand brûlé 1, Cagliari : Dissipation, Daumas : Ride the dragon, Deschanel : Brulis, Deste : Consumation, Fink : Brûlage dirigé 1, 2 et 3, Gleizes : Illusion crématoire, Laude : L’épreuve du feu ; Prométhée d’aujourd’hui, Lemire : Le projet Icare, Melizart : Sacrifice 1, Mingot : Le feu de la passion : embrasements 1 et 2, Morin : Les Illuminés (polyptyque), Ostrowska : Il n’y a pas..., Paindessous : Feux originels, Rabier : La flamme olympique Suggestion : soit le porteur de la flamme, soit la série des 4, Sato : Le temps d’une flamme, livre d’artiste, Vallauri : Moucharabiés 1 et 2, Xam : Brûlures 1 et 2



Arinaé, Blackout 1


Marie-Agnès Chaléas, Tenter le feu.
"Clara et Paulin à l'intérieur sont tentés par le feu des émotions, éclairés par 3 bougies. Installation avec tente couverte de tissu noir, personnages en grillage habillés, bougies télécommandées." (M.A Chaléas) 

Bernard Deschanel, Brûlis, impression sur dibon

Josette Mingot, Le feu de la passion, embrasement, triptyque.
"Le feu de la passion, métaphore concernant l'artiste autant que l'amoureux. Dans le lâcher prise de l'instant de peindre, jetant couleurs et tracés, apprivoisant l'aléatoire, j'ai laissé flamber la danse et l'étreinte, jusqu'à obtenir douze petits panneaux, série ou suite assemblés en triptyques. Le feu du peintre anime les corps et l'imaginaire".

Josette Mingot, Le feu de la passion, embrasement (détail)



Ninon Anger, Sans feu s'enflamme.


Anne-Laure Fink, Brûlage dirigé 1, 2 et 3
"Un jour d'automne on m'a donné la possibilité d'observer les pompiers pendant une opération de "brûlage dirigé" dans une propriété, consistant à brûler les végétaux en surface, tout en empêchant le feu de se propager jusqu'aux racines, pour permettre ainsi la repousse des plantes au printemps. Une destruction volontaire qui inclut une renaissance programmée. Mes dessins en sont les impressions traduites sur papier." (Anne-Laure Fink)
Anna Ostrowska, Il n'y a pas de fumée sans feu :
"Le feu gronde, brule, purifie et puis s'éteint. La fumée s'en échappe telle une âme: immatérielle, libre, légère ... mais impure." (Anna Ostrowska)


Icare, Isabelle Duguay Drouin, beau dessin à la peinture sur papier tombant du plafond...
Florence laude, Promethée d'aujourd'hui. Acrylique sur métal zingué et impact de feu.
Le sculpteur Georges Guye et l'artiste peintre Annick Pegouret.

Ride the dragon , Pierre-Emmanuel Daumas, photo, collectif Dékadrage. "La série de 7 photos présentées ici montrent une femme qui porte sur son corps, les séquelles, les preuves douloureuses de la relation qu'elle entretient avec l'héroïne qui prend la symbolique du feu. Ne dit-on pas en anglais "ride the dragon", "chevaucher le dragon", pour imager le fait de se droguer.
Mais il est également possible d'entrevoir cette série d'une autre manière.
La photographie a toujours porté en elle cette relation contradictoire comme étant à la fois une preuve du réel tout en étant une vision subjective. Il est intéressant de remarquer la valeur que le photographe va donner à sa photographie avant même de l'avoir vue, parce qu'il sait que le sujet photographié est fort (...) Plus il se rapproche, plus le cliché sera précieux(...) " (Daumas)

Lors du discours inaugural, les artistes ... et la présidente de Perspectives Jeanine Mège-Morin et l'attachée culturel Marie-Odile Armandon

Marie-Christine Rabier, une des sculptures parmi les cinq de l'installation Les porteurs de la flamme. (dans le message précédent j'ai inséré une photographie visualisant l'ensemble de l'installation, accompagné d'un texte de M-C Rabier)
Xam, Brûlure, photographie
Cagliari, Dissipation, installation. "L'homme qui brûle dans l'enfer de lui-même ou des autres se consume et disparaît" ... Sartre écrivait: l'enfer, c'est les autres ....
Jane Deste, Consumation, installation,
les lettres d'amour célèbres qui auront le mot de la fin.... (provisoire)

"Il est un feu métaphorique inextinguible, dont les flammes embrasent, dévastent et ne s’éteignent que pour repartir de plus belles. Celui de la passion amoureuse .

Par les mots du langage, bouche ouverte, bouche cousue, le verbe s’écrit sur la page attendue. Preuves irréfutables de ce feu qui consume, les mots parlent, s’inscrivent et s’enfuient vers l’aimé. Grand auteur, petit d’homme, chacun crie son désir dans l’incandescence du brasier. Les missives espérées, inattendues, lues, pliées, froissées, jetées rejoignent le reliquaire de verre érigé en sculpture sur le socle des souvenirs enfouis mais vivaces.

La passion s’écrit souvent mieux qu’elle ne se vit, Immolée par le feu qui la nourrit, elle flamboie, virevolte et s’épuise dans les cendres du foyer. Les mots sont là, toujours présents, preuves irréfutables, traces mémorielles d’une vie fragile, intense à jamais éternelle." (Bernadette Clot-Goudart)

Pour retrouver des lettres d'amour célèbres, cliquez ici ...

vendredi 24 février 2012

les preuves du feu, Bouc-Bel-Air, février 2012

Hier soir avait lieu le vernissage de l'exposition Les preuves du feu de l'association d'art contemporain Perspectives, au château de Bouc-Bel-Air. L'association qui existe depuis une quarantaine d'années, sur Aix, propose les oeuvres d'une trentaine d'artistes. On peut trouver la liste des artistes et l'affiche de l'exposition dans un billet que j'avais publié il y a quelques jours, ici, pour annoncer l'événement.
Je dois réaliser ce billet un peu vite, je m'en excuse, si bien que certaines photos n'ont pas encore pu être intégrées. Je réparerai l'injustice dans quelques jours.... bonne visite virtuelle ....
Cette année, l'invité d'honneur est Dominik Barbier, vidéaste qui propose Man on fire, d'après l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci.
La présidente de l'association Perspectives, Jeanine Mège-Morin et Marie-Odile Armandon, adjointe au maire, déléguée à la culture, lors du discours inaugural.
Chan, Artiste en enfer
Jean-Marie Gleizes et Jordi Gleizes proposent Illusion crématoire des photos d'emballages ou de divers matériaux incinérés. Après combustion, tous les matériaux ont perdu leurs signes distinctifs et les cendres deviennent identiques. Sous les photos, un sac contient les mêmes emballages que ceux présents sur les photos et au dessous, sur la plaque de métal les résidus de l'incinération totale du contenu.
Les sculptures sur métal découpé au plasma. Les porteurs de la flamme, de Marie-Christine Rabier.
"Il s'agit d'une installation, traitant du Relais de la Flamme Olympique. Les 5 colonnes font référence aux 5 anneaux: emblème des Jeux matérialisant les 5 continents. Le premier titre dans le dossier d'inscription était "Le Relais de la flamme"que j'ai modifié pour l'exposition, lui préférant "Les Porteurs de la flamme" et j'ai voulu marquer le message de paix, d'unité et d'amitié qui est celui des Jeux. 8000 porteurs se transmettent la flamme durant le parcours... Enfin, cela "collait" mieux me semblait-il avec la dimension " lyrique" qui s'en dégage... " (Marie-Christine Rabier)
Paindessous, Feux Originels, sculptures en terre.
A. Clif, plaques de métal travaillées avec des reliefs de divers métaux, expérience menée avec l'entreprise Galva Med de Plan-d'Orgon. En amont de ces réalisations, A. Clif a passé beaucoup de temps avec l'IRSN dans le service de recherche des risques incendies. Pascal Zavaletta, directeur du service a personnellement soutenu ce projet reliant art et sciences. Après lui avoir permis d'assister à de nombreuses expériences impliquant la combustion de divers matériaux - dont une plaque de métal qui était exposée à Bouc-Bel-Air - il lui a confié la plupart des très belles photos qui constituaient le diaporama projeté, A. Clif s'est ensuite tournée vers la société Galva Med pour la réalisation des autres oeuvres.
Brigitte Bled, Feu follet .
Annick Pegouret, Incendie, acrylique sur toile.
Bernard Peltier devant le panneau qu'il a réalisé, Embrasement .
Lemire, Le projet Icare, installation. Oeuvre narrative stimulant l'imaginaire et la réflexion... Le projet Icare apparaît comme un processus futuriste (?) de transformation de l'être humain en robot, au nom de la science, des rêves de conquête spatiale ? Un projet transhumanisme plein d'humour et d'ironie. Une très belle pièce !
Méliné Séghomonian, Mélizart, Sacrifice. "L'immolation de Jean Palach événement marquant de mon enfance en Union Soviétique en 69, a déclenché le Printemps de Prague. L'immolation d'un Tunisien ces derniers mois, ont été la source de mon inspiration pour ces dessins".
Gilles Schneider, Séraphin, l'ange purificateur
Raphaël Morin, Les Illuminés. Polyptyque.
L'ange de Saint Mathieu
Saint Mathieu
Madeleine au miroir
Raphaël Morin, Saint Jérôme, détail sur le travail autour du clair-obscur
Ambi, Métamérie I, II, III
Claude Bernus, Le grand brûlé, encre et huile sur papier
Pierre Vallauri, Moucharabié, papier enflammé
Salle dans laquelle un grand nombre de travaux photos et de travaux sur papier sont rassemblés. Au premier plan, le livre d'artiste de Fumika Sato, Le temps d'une flamme .
Une photo de Greffe. Tirage argentique, appareil photographique avec quatre objectifs.
Guillaume Blanche, photos dans cadres numériques.
Alexandre-Robert Bogdan, Volutes , dessin mine de plomb et pierre noire.

dimanche 19 février 2012

mes preuves et épreuves du feu

Prométhée d’aujourd’hui (2012)- Florence Laude

Métal zingué, acrylique 100 x 160 cms

Dans le cadre de l'exposition collective de l'association Perspectives, au 22 au 29 février à Bouc-Bel-Air, je présente trois œuvres pour le thème Les preuves du feu.

J’entends les preuves du feu dans la cohérence des trois thèmes précédents l’eau, la terre et l’air pour lesquels j’ai travaillé à partir de l’Homme dans sa relation à cet (ces) élément (s). J’ai poursuivi dans la même perspective en retenant ici, non seulement la maîtrise du feu par l’homme, mais aussi le coup de feu, sa cause et sa preuve: la cartouche, la poudre, l'impact.

Je présenterai trois œuvres en métal, matériau issu de la métallurgie, dans lequel le feu est omniprésent aux différentes phases de son élaboration, qui dans l’histoire de l’humanité, est une étape importante du développement de l’homme: l’âge du fer étant la maîtrise du feu par l’homme. Je conserve la présence de la figure, c'est-à-dire, l’homme dans sa relation à (aux) élément(s) retenu(s) dans la (les) thématique(s) proposée(s) par Perspectives.


Un homme et une femme contemporains. Les deux plaques rapprochées peuvent former un couple, symbole d’une réunion, d’une ébauche de famille, d’un devenir possible. Ils sont jeunes, en pleine vie et tout semble leur sourire. Ils ont le look jeune cadre dynamique. L’image qui se dégage est implicitement positive, au regard des valeurs d’une société contemporaine imprégnée des valeurs du monde de la finance. Mais on perçoit des impacts de tirs à la carabine, cet homme et cette femme sont et ont été des cibles. Ils seraient morts s’ils n’étaient peints.


Aussitôt leur statut change au regard du spectateur qui les perçoit en tant que victimes. Changement d’état, de statut, de regard. Les impacts des coups de feu sont bien entendu les preuves du feu. Mais au-delà, qu’est-ce qui est visé ? La polysémie est voulue, chacun retiendra ou donnera le sens qu’il voudra.

En regardant cet homme et cette femme, contemplons-nous un monde contemporain à la fois ultra violent et vulnérable?

Sommes-nous à diverses proportions victimes d’un système, avons-nous trop joué avec le feu ?


Cette société vit-elle ses derniers instants, inglorieux , dans sa propre violence (auto)destructrice ?

Dans les gestes de créer et de détruire à coup de feu (ou par le feu) qui sont placés dans la continuité l’un de l’autre, l’antagonisme est la preuve d’un feu que l’on ne maîtrise pas tout à fait, malgré des apparences faussement rassurantes et lisses comme ces plaques de métal et le parti pris esthétique dans la manière de peindre . Tout est lisse et rassurant, mais tout est dur comme du fer et peut s’embraser comme un rien. Regardons aujourd'hui vers Athènes, vers Madrid et demain, chez nous ?


L’épreuve du feu (2010- 2011)- Florence Laude

Fil de fer , papier, cartouches. 140 x 180cm

Il s’agit d’une scène de combat où des individus se battent. Chacun est construit à partir d’une cartouche usagée (qui a pris feu) qui constitue son abdomen, son centre de vie et d’énergie. J’avais envisagé le titre de « kamikazes » par allusion aux nombreux attentats meurtriers de ces dernières années, cette folie de tuer et de se tuer pour une cause religieuse... politique … qui apeure nos sociétés occidentales prises pour cibles.

Cette « héroïque boucherie » affiche l’ironie avec laquelle le thème de la guerre est abordé : tout cela est grotesque, les personnages comme des marionnettes. Pourtant le propos est grave.

Depuis, les révolutions du printemps arabe ont leurs martyrs, les hommes et les femmes qui se sont immolés pour faire entendre leur souffrance, les injustices sociales et économiques dont ils sont victimes. Dans un cas comme dans l’autre, nous avons les preuves du feu, autant que l’épreuve du feu