mardi 28 janvier 2014

La Sentinelle n° 6, le bulletin de l'association des amis du musée Mélik

Le bulletin semestriel de l'association des amis du musée Edgar Mélik, à Cabriès, vient de paraître.  Il est toujours bon de faire connaître ce qui se fait et comment les associations vivent pour faire vivre les artistes.  Le musée Edgar Mélik, très actif en 2013,  a été associé aux manifestations artistiques se déroulant dans le cadre de Marseille Provence, Capitale européenne de la culture.  
Le sixième bulletin fait le point sur les conférences qui se sont tenues au musée et qui ont encore contribué à  dévoiler certains pans de l'oeuvre de Mélik  encore peu connus du grand public parce que conservés sous forme d'archives manuscrites.  
Ainsi, la conférence de Jean-Marc Pontier, "Les écrits d'Edgar Mélik", a-t-elle permis d'entendre des textes poétiques et narratifs du peintre-poète.  Le musée détient des manuscrits et une correspondance étoffée qu'il faudrait un jour parvenir à transcrire et à numériser, afin de l'étudier et de la diffuser.  


Olivier Arnaud a proposé de regarder l'oeuvre de Mélik en la rapprochant de celle de Matisse.   Durant l'automne, Olivier Arnaud, Jean Arrouye et Jean-Marc Pontier ont animé une discussion intitulée "spiritualité de la peinture  d'Edgard Mélik"; chacun des conférenciers a proposé au public d'observer avec lui une oeuvre du peintre.  Ainsi, trois oeuvres de trois périodes différentes ont été mises en avant.  Je les reproduis ici, elles sont visibles au musée.  



Le bulletin retrace encore d'autres journées marquantes de ce dernier semestre et des conférences auxquelles je viens de faire allusion.  

On peut se le procurer en devenant adhérent de l'association. Vous trouverez les renseignements et le courriel de l'association en suivant les liens http://edgarmelik.blogspot.fr/
 ou 
ou en écrivant au président de l'association 
les amis du Musée Edgar Mélik
c/o Jean-François Cousinié
7, rue Renoir
Domaine de Calas
13480 Cabriès 

Ce lien vers un article publié sur le blog "bonnes bobines" où l'on peut voir trois photos inédites de Mélik : http://bbernard.canalblog.com/archives/2013/10/26/28292114.html
et une mention des conférences qui se sont déroulées au château. 


mercredi 22 janvier 2014

une interview de Kamel Khélif dans "le talk des quartiers", sur Marsactu.

 


Une interview ( vidéo de 14 minutes) à voir en cliquant sur le lien ci-dessous.  Kamel y parle de son livre Premier Hiver, dans lequel il retrace les premiers mois de son arrivée à Marseille, avec sa famille venue rejoindre le père installé depuis quelques temps.  Il évoque et dessine la mémoire du bidonville de Sainte Marthe, aujourd'hui disparu ... 

Premier hiver est paru aux éditions Grandir en 2012, disponible à la librairie La Touriale, 211, Boulevard de la Libération. Marseille.

samedi 18 janvier 2014

A propos de l'artiste au travail (art-men at work)



Hier soir, pendant un moment, la conversation a roulé sur l’art et la création.

L. me demande, puisque je crée, si  ce que je réalise est semblable à ce que j’imagine ?   La question me plaît. C’est là une de mes grandes joies et une de mes  grandes frustrations.  Quand j’imagine, quand je rêve, quand j’ai une idée de création, cette image existe en dehors de toute loi naturelle de résistance et d’exigence propre aux matériaux ou à la matière.  Elle semble « tenir toute seule ».  Mais pour qu’une œuvre soit au monde, c’est une toute autre réalité, c'est la réalité qui impose ses lois. Peut-être un jour parviendra-t-on à  matérialiser des images mentales en venant les puiser directement à l’intérieur du cerveau sans passer par la contrainte de la réalité du monde sensible extérieur à soi.  Peut-être que la création numérique virtuelle que l’on retrouve dans des films et des photos aujourd’hui  s’en approche davantage?  Toujours est-il que  je ne crée pas avec ces outils et que je me retrouve donc chaque fois confrontée à la réalité du monde, à ses lois physiques, à ses contraintes, à ma propre finitude, à mes oublis, à mes manques.   C’est là que le « drame » commence.  Il faut être humble dans ses capacités de réalisations, mais pas dans ses rêves, il faut être tenace et inventif pour contourner les obstacles, accepter le défi et s’en servir pour tout de même « rendre quelque chose ».  C’est un jeu auquel ne n’ai jamais gagné, mais qui m’amuse beaucoup. L'écart entre image mentale initiale et sa réalisation est insondable, mais ce qui est intéressant après tout, c'est le processus réel, actif, de mise en oeuvre de l'art.

Qu’est-ce qui reste de l’origine dans la création ?  Qu’est-ce que la mise en forme  de cette origine nous  fait découvrir d’insoupçonné, malgré l’inévitable échec et la déception ? Et pourtant, on continue…

Ce matin, je tombe sur une  note de Louise Bourgeois,  citée dans Poezibao:

"L’art naît de la vie. L’art vient de ce qu’on n’arrive pas à séduire les oiseaux, les hommes, les serpents — quoi que ce soit qu’on puisse désirer : ça ressemble à une tragédie de Corneille, où chaque personnage en poursuit un autre. Vous aimez A, et A aime D, et D aime… Je me sens une héritière de Voltaire et des rationalistes du XVIIIe siècle, et je crois que si on s’en donne la peine, on peut améliorer les choses. Si je me donne un mal de chien à réaliser mes bidules, je réussirai à piéger l’oiseau que je convoite… (pourtant) le résultat obtenu est plutôt négatif. C’est pour ça que je continue. La solution n’apparaît jamais ; c’est comme un mirage. Je ne suis pas satisfaite — sinon j’arrêterais et je serais heureuse.


– Louise Bourgeois, Extraits d’un entretien avec Donald Kuspit, 1988



Le site renvoie encore à quelques mots de Francis Ponge ... (pourquoi s'en passer ?)


"Ma façon de rouler le rocher de Sisyphe,
voilà ce que j'ai de plus personnel
. "




Si vous avez un avis, les commentaires sont possibles...

lundi 13 janvier 2014

A propos, faites les soldes ...




la fièvre de cette journée de grande vente passait comme un vertige, roulant la houle désordonnée des têtes. On commençait à sortir, le saccage des étoffes jonchait les comptoirs, l'or sonnait dans les caisses ; tandis que la clientèle, dépouillée, violée, s'en allait à moitié défaite, avec la volupté assouvie et la sourde honte d'un désir contenté au fond d'un hôtel louche. C'était lui qui les possédait de la sorte, qui les tenait à sa merci, par son entassement continu de marchandises, par sa baisse des prix et ses rendus, sa galanterie et sa réclame. Il avait conquis les mères elles-mêmes, il régnait sur toutes avec la brutalité d'un despote, dont le caprice ruinait des ménages. Sa création apportait une religion nouvelle, les églises que désertait peu à peu la foi chancelante étaient remplacées par son bazar, dans les âmes inoccupées désormais. La femme venait passer chez lui les heures vides, les heures frissonnantes et inquiètes qu'elle vivait jadis au fond des chapelles : dépense nécessaire de passion nerveuse, lutte renaissante d'un dieu contre le mari, culte sans cesse renouvelé du corps, avec l'au-delà divin de la beauté.


Emile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883

mercredi 1 janvier 2014

Bonne année 2014



Bonjour au premier jour de l'année 2014 
Nu comme une jeune fille 
Que les jours habilleront 
Un jour après l'autre
Et les saisons 
De laine et de coton
Couvriront ses épaules
Et puis son dos
Ses cuisses
Et ses mollets 
Ses pieds si bien posés
Et c'est toi le couturier 
Découpe
Assemble
Couds 
Brode
Avec le fil
 La vie


 La jeune femme qui pose pour la photographe Germaine Krull en 1935, c'est Assia Granatouroff.  Elle fut le modèle de nombreux peintres et sculpteurs du début du XXème siècle, mais aussi de photographes. Elle  a aussi été comédienne au théâtre du Vieux Colombier jusqu'en 1940 où elle doit fuir en zone libre.  On trouvera sur ce lien d'autres renseignements.
RECTIFICATIF:  je viens de recevoir le livre Assia sublime modèle de Christian Bouqueret, publié en 2006 et je lis que cette photo d'Assia n'a pas été réalisée par Germaine Krull, mais par  Rémy Duval ( 1907 - 1984) en 1935.