samedi 21 juin 2014

Ici, la culture est nulle part !

"Ici la culture est partout", est le slogan qui orne les dépliants offerts aux visiteurs de la galerie d'art du Conseil Général que beaucoup d'aixois ont l'habitude de fréquenter.   Plus pour longtemps ! Bientôt, ce lieu ne sera plus, le Conseil Général décide de retirer ses billes !   Alors, les expositions déserteront l'hôtel de Castillon et le cours Mirabeau.
Jeudi 19 juin a eu lieu le dernier vernissage organisé par le Conseil Général, dans ce lieu ouvert en 1995, autour d'une exposition "L'oeuvre photographiée, les ateliers d'artistes, de Picasso à Warhol".
 Je l'ai appris il y a un mois environ.  Et ce ne serait  pas le seul lieu d'art sacrifié sur l'autel des économies  !  Le domaine départemental du Château d'Avignon, aux Saintes-Maries-de-la Mer   (prochaine exposition "Le domaine des murmures #1", à partir du 10 juillet)  devrait également fermer en 2016, à l'issue du  "domaine des murmures  #2".    
La galerie d'art du Conseil Général  se trouve au numéro 21 du cours Mirabeau, donc au coeur de la ville et, quoi que l'on ait à faire,  un rendez-vous, des courses, aller au cinéma, retrouver des amis pour prendre un verre, on a souvent le temps d'y entrer  pour cinq à dix minutes et parcourir l'expo du moment. On peut aussi s'y attarder pour la savourer par le menu !
 Ainsi, il est plus que fréquent d'aller voir plusieur fois chacune des expos. La situation exceptionnelle de la galerie, sa gratuité, la grande diversité et la qualité des expositions qui y sont présentées, tout contribue à rendre ce lieu populaire, vivant et très fréquenté. Y passer, c'est une bouffée d'oxygène pour la journée, tant la culture et l'art sont effectivement des ferments pour nos vies.  A l'instar de ce que Picasso dit à propos de l'atelier pour le peintre : "quel que soit l'entourage, l'atelier devient la substance de nous-mêmes, il déteint sur nous",  la galerie devient  pour le visiteur sa substance et l'influence.  Cette citation de Picasso est inscrite sur les murs de l'exposition actuelle.  Elle voisine avec d'autres citations qui ont un goût amer, tant ce qu'on nous offre est précieux et  nous manquera irrémédiablement dès l'instant qu'on nous l'enlèvera !
 
 
"Le monde qui m'intéresse est celui de la création" ( André Villers).  Est-ce de l'inconscience, de l'ironie ou du mépris que de l'affirmer sur les murs d'une exposition que l'on annonce comme la dernière ?    C'est ainsi que je le ressens.  Le politique manque à son devoir politique en fermant cette galerie.  "Il ne s'agit pas de peindre la vie, il s'agit de rendre vivante la peinture" (Pierre Bonnard), peut-on lire encore.  Inconséquence des décisions des politiques culturelles qui offrent un discours et posent des actes diamétralement opposés ! Je pense profondément que dans l'état de la société d'aujourd'hui, tout acte décidé (volontaire)  par un homme qui se dit un politique et qui exerce un tel mandat,  qui vise à porter atteinte à la culture, à l'art, à l'éducation (citoyenne) devient responsable pour une part de l'effondrement des valeurs humanistes qui se manifestent dans la progression des comportements de société  où l'on déplore beaucoup d'excès et le progrès des  d'extrêmes en tout genre.  La culture et l'art ne sont pas un divertissement, ils sont un ferment nécessaire à la vie en société et à l'homme civilisé.  "Et c'est tout l'atelier qui vibre et qui vit" ( Sartre à propos de l'atelier de Giacometti). De même que l'argent et la richesse ne rendent pas les hommes heureux, mais peuvent y contribuer  ( je ne parle pas ici de la richesse scandaleuse) , l'art, s'il ne rend pas l'homme meilleur y contribue pour une part qu'il ne faut pas sacrifier à l'économie.  A long terme l'homme et la société n'auront rien à y gagner.
Je considère que ces décisions vont, en outre,  contribuer à précariser nombre de personnes, les employés de ces structures, les intermédiaires ( éditeurs, concepteurs, graphistes, imprimeurs  etc...), et tous les artistes auxquels ont porte  atteinte en leur ôtant une de leurs fenêtres sur le monde, sur la cité. La galerie est un lieu de passage, elle est aussi un espace pour les passeurs que sont les créateurs d'oeuvres.

J'espère que d'autres partageront mon indignation et voudront bien engager quelque chose, témoigner, écrire, faire une pétition, créer, manifester pour que l'on revienne sur ces décisions de fermetures.  Fermer un lieu qui rencontre un tel succès auprès de la population est inconcevable.  Certainement d'autres choix sont possibles pour permettre à ces structures de continuer à vivre et à faire vivre.  Il faut manifester une volonté d'y travailler pour y parvenir. 

D'autres en ont parlé.  Le magazine Zibeline rapporte les faits sous la plume de Marie Godfrin-Guidicelli ici
Alain Paire y a également consacré une chronique ici, encore .dans le webradio Zibeline.
Il faudrait que nos voix se rassemblent pour soutenir une protestation et demander que ces décisions soient reconsidérées.

Je l'apprends, une pétition est activée.  On peut la signer en cliquant sur ce lien:

https://www.change.org/fr/pétitions/aux-élus-du-conseil-général-des-bouches-du-rhône-renoncez-à-la-fermeture-de-deux-lieux-d-exposition-et-de-création-d-art-contemporain?recruiter=71819251&utm_campaign=mailto_link&utm_medium=email&utm_source=share_petition
 

lundi 16 juin 2014

un article sur l'exposition Perspectives à la Maison du don, dans La Provence


Dans le journal La Provence du vendredi 13 juin, un article d'Alexandre Robert,  sur l'exposition "Prendre l'Air", qui réunit les travaux de cinq artistes de Perspectives, à la Maison du Don , boulevard Aristide Briand à Aix .  ( Voir l'article du 15 juin sur le blog, pour complément d'information sur ce projet).  L'exposition est visible jusqu'au 31 août , n'hésitez pas à vous y rendre pour faire un don de sang et visiter l'expo.

dimanche 15 juin 2014

exposition de Perspectives à la Maison du Don à Aix, une vidéo dans Provence + TV

L'exposition qui a débuté au début du mois de mai,  se poursuit jusqu'à la fin du mois d'août, aux horaires d'ouverture de la Maison du Don d'Aix en Provence.
Hier, 14 juin, avait lieu  la journée nationale du don pour promouvoir le don et, il faut le dire, préparer les stocks avant la période d'été généralement plus creuse. 
Les artistes de Perspectives sont heureux de participer à leur façon, en accrochant des oeuvres pour des expositions temporaires,  à faire mieux connaître la Maison du Don qui se trouve sur la partie du périphérique nommée "Boulevard Aristide Briand" à Aix, à quelques dizaines de mètres de la rue Jacques de la Roque ( rue de la Cathédrale). 
Provence Plus TV était là pour recueillir l'information.  Catherine Lazaygues, explique la motivation qui  conduit le Don du Sang à engager des actions pour créer encore plus de lien entre la Maison du Don et la population.
Pour les artistes, c'est l'occasion, de faire découvrir  leur travail, à d'autres publics que ceux qui poussent la porte des  galeries ou  des expositions d'art. 

samedi 14 juin 2014

Histoire de Lou, Jean Proal, éditions Le Sablier


Une fois n'est pas coutume, je  consacre une chronique à un livre plutôt destiné à la jeunesse, Histoire de Lou, de Jean Proal, plublié aux éditions du Sablier, dans la collection Papillon. L'illustration de couverture est réalisée par Florence Dellerie.  Ce livre s'adresse à tous les enfants et peut être lu seul à partir de 9 ou 10 ans. 
Ce récit  qui est un conte, ne commence pas par "il était une fois" ... mais comporte autant de merveilleux et de poésie que Le Petit Prince de Saint Exupéry ou Le Roi et l'Oiseau (film de Paul Grimault sur les textes de Jacques Prévert adaptés du conte La Bergère et le Ramoneur d'Andersen), ou Nils Holgersson de Selma Lagerlöf, trois récits auxquels je pensais en le lisant. 
La première version de cette histoire a été rédigée en 1950 pour le supplément  théâtral n° 271 de France Illustration, avant d'être publiée aux éditions Gallimard dans la collection Blanche en 1956.  Les éditions du Sablier ( Forcalquier),  viennent de la rééditer ( fin 2013).
 Conte atemporel  qui ne se situe dans aucune ville , aucun royaume, dans aucun pays identifié, mais dans une Vallée Perdue, soigneusement gardée de l'intrusion de tout humain pour préserver ( on le comprendra) l'équilibre de la nature et des animaux.  Ecrit dans les années cinquante, ce récit comporte déjà en filigrane une réflexion  sur l'impact de l'homme sur son environnement. On est proche des écrits de Giono dans L'homme qui plantait des arbres  (1953)...  Paradoxalement, la gardienne de cette vallée est la Dame des Neiges, une femme donc.... sorte de fée ou de muse.  
Par ailleurs, le "héros"de cette histoire est un petit garçon aux cheveux rouges,  Lou, qui avec son "Pa",  parvient à pénétrer dans la Vallée Perdue.  On devine que  cette intrusion sera source de multiples rebondissements, de réactions inquiètes, ou hostiles, mais aussi de belles rencontres avec des aminaux,  voire du double animal du petit garçon, un loup ....
Comme dans tout conte, le cheminement est  une quête qui transforme tous les protagonistes ... et permet à certaines situations douloureuses d'évoluer.  Histoire d'animaux, histoire d'hommes, histoire de famille, histoire d'amour, de séparation et de retrouvailles, ce récit reste ouvert à de nombreuses lectures avec grâce  et légéreté. 
Jean Proal est un écrivain né en 1904 dans la commune de Seyne-les-Alpes et mort en 1969 à Avignon.  Quand il arrive à Paris dans les années quarante, il reçoit des marques d'estime de Max Jacob, Blaise Cendrard, Jean de la Varende et Jean Rostand. De retour dans le sud dans les années cinquante, il est ami d'Aragon, de Hans Hartung et de Mario Prassinos.  Il a publié  une dizaine de romans dont Bagarres , Denoël, 1945, adapté au cinéma par Henri Calef en 1948 et de Sel et de Cendre, Julliard, 1955
 
On trouvera plus de renseignements sur l'auteur en suivant ces liens:
ou le site de l'assiociation des amis de Jean Proal :
 
On trouvera ici les informations concernant les éditions Du Sablier,  éditeur indépendant, situé à Forcalquier, spécialisé dans la littérature jeunesse et les livres musicaux.  Leur ligne éditoriale  privilégie également les oeuvres qui ouvrent sur les cultures du monde et sur la nature.  La maison d'édition a été fondée en 1997 par Hélène Bonis, elle travaille avec Manon Rozier et Michel Montoyat:
Si vous passez par Forcalquier ( ou dans les environs), n'hésitez pas à vous rendre dans la librairie de l'éditeur, en plein coeur de la ville (8, place  du Bourguet). Ouverte de 9h30 à 13h et de 14h30 à 19h.
04 92 79 40 00.
 
 

samedi 7 juin 2014

"L'aridité, comme une soif douloureuse du paysage", Claude Esteban


L'aridité, comme une soif douloureuse du paysage. 
Il faut aimer beaucoup pour ne pas perdre courage sur la route, et des mains aguerries au tranchant des pierres, aux épines, aux insectes noirs. L’aridité commence à midi, quand le soleil redouble d’insolence et qu’il dénude sans pitié l’adorable candeur des ombres. On marche, on est heureux dès le matin, on s’embrouille sans ses désirs, on s’impatiente.  Un arbre devant soi, un autre, et ce sont mille promesses de refuge, une fraîcheur toute ronde et l’épaisseur d’un secret.  Et c’est alors que, sous le bruissement des feuilles, une seconde  s’insinue, un interstice de silence qu’on ressent à peine mais qui soudain paralyse le cœur comme s’il fallait s’attendre à quelque verdict venu d’on ne sait où.  L’aile d’un papillon tremble encore,  mais la masse de l’air s’alourdit, les couleurs flambent une dernière fois puis s’éteignent.  Tout est debout, parfaitement à sa place, tout s’étiole au-dedans.  Qui s’agrippe à ses souvenirs ne sera bientôt qu’une coquille vide, une brassée de bois mort.  Il faut souffrir beaucoup pour ne pas souffrir davantage de ce qui fut  un horizon et qui n’est plus.  Reste à poursuivre, la tête enfin délivrée de ses images, et c’est déjà beaucoup que le sol résiste et que le corps s’endurcisse et qu’il consente à nous porter plus loin.
On a le temps pour soi, maintenant que le temps se mesure à la certitude du manque.  Ce qui fait défaut est un surcroît de richesse, ce qui se dérobe, un appui.  On accusait le soleil, on l’admire d’avoir saccagé les saisons du possible, de nous avoir réduits à notre nudité.

Claude Esteban, La Mort à Distance, Collection « Blanche », 2007.

C’est ma fille C. qui m’a fait découvrir ce poème.  Et c’est un ami, M. D. qui m’a envoyé cette très belle photo que j'ai choisie, car elle me semble permettre le juste espace entre le texte et l’image. 

Claude Esteban (1935 - 2006)  est un poète proche d'Yves Bonnefoy.  Il est le fondateur de la revue Argile (1973). 
Plus d'informations sur la biographie du poète  ici (wikipédia) et (JM Maulpoix, et entretien)

dimanche 1 juin 2014

dans la série "short film of the week": Mademoiselle Kiki et les Montparnos

celui-ci est un film d'animation... très réussi!

Kiki  ( Alice Prin) a inspiré non seulement les peintres et les photographes des années vingt (elle a posé et été modèle pour les peintres de Montparnasse et le photographe Man Ray), mais encore aujourd'hui, on compte de nombreux livres dont elle est le  personnage  principal.  A commencer par la BD Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet. 
Dans ce film d'animation, le parti pris de faire évoluer le style graphique en même temps que le personnage vieillit est très original et judicieux. 



Merci à mon amie M. pour le partage

dans la série "short film of the week": room 8

un scénario ciselé ...et kafkaïen.

Et puis, pour continuer, vous pouvez faire votre marché tout seul en allant sur le site de "short film of the week", c'est par là:
 http://www.shortoftheweek.com/

Merci à M. qui m'a suggéré ce film.