jeudi 8 août 2013

Paysages du Cameroun, photos et commentaires par Florence V.


Il y a trois ans,  de tristes circonstances m’ont donné l’occasion de retrouver une amie  d’enfance perdue de vue pendant des années, Florence V.  Nous avions beaucoup de souvenirs à évoquer et encore plus à découvrir sur la manière dont nos vies  ont tracé leur chemin.  Nous nous retrouvions  sur des points communs comme  l’enseignement, toutefois, elle exerçait (et le fait toujours)  depuis de nombreuses années à l’étranger ( New-York, le Caire, Yaoundé ...), ce que les circonstances ne m’ont jamais permis de faire malgré un désir de partir souvent ressenti qui s’atténue avec les années qui passent et les autres projets qui prennent de l’ampleur.   Pendant quelques années, elle a donc exercé  à Yaoundé, capitale du Cameroun et  m’a montré des photos que j’ai eu envie de partager.  Nous nous sommes mises d’accord pour ne pas diffuser les portraits en gros plan (pourtant forts beaux), parce que lorsque elle avait photographié ces  personnes  il n’avait pas été question d’une diffusion éventuelle, ce qui  a posteriori  pose un problème de conscience ( je me suis fait la réflexion que c'est une question qui ne se pose pas avec le dessin qui est une mise à distance en soi).  Je laisse aussi souvent possible  la parole à mon amie F. pour le commentaire des photos. C’est ainsi que je les ai découvertes et que j’ai eu envie de les montrer. Les envois de mails et de courriers ont été fractionnés, au gré des possibilités de connexion internet.  Je me suis seulement permis de les organiser en une sorte de voyage qui, se dirigeant tout d'abord cap sud-ouest vers l'océan, remonterait ensuite vers le nord et l'extrême nord du pays, vers les frontières du Tchad et du Nigeria. 

Quand nous avons un week-end de plus de deux jours, nous descendons au bord de l'océan (quatre à cinq heures d'une route dangereuse qui relie Yaoundé à Douala, empruntée par les grumiers, ces camions qui transportent des troncs d'arbres absolument énormes). Mais une fois au bord de l'eau, c'est la récompense. Ca me fait un bien fou à chaque fois ! 

La plage est magnifique et infinie, déserte à part quelques pêcheurs, plein de petits crabes qui rejoignent leur trou quand on approche et les perroquets gris du Gabon à la queue rouge qui s'envolent. Je marche, marche, marche. Les pirogues rentrent de la pêche vers 9h, j'aime bien aller voir ce qu'elles rapportent. De moins en moins de poisson, hélas, dans cette région comme dans beaucoup d'autres. C'est quand même assez paradisiaque, on mange les noix de coco et selon les jours, crevettes, crabes ou poisson. Je me repose, je regarde la mer, je reste des heures dans l'eau car elle est vraiment chaude -l'autre jour elle avait exactement la couleur du ciel, un gris métallique et brillant très beau-, je bouquine, je m'endors avec le bruit des vagues.

Il y a des moustiques et le palud sévit fortement dans la zone. Mais surtout, ce paradis ne va pas durer car les Chinois construisent un port géant en eaux profondes à quelques pas de là, un chantier gigantesque qui va modifier toute cette côte.


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A l’occasion d’un autre voyage dans le Nord Cameroun et l’Extrême Nord, au mois de février 2013, F. m’envoie d’autres photos qu’elle commente.  Les photos prises sur le marché le sont à Maroua, capitale de l’Extrême Nord.

On devine le commencement de la plaine qui s'étend jusqu'au Lac Tchad. Les couleurs étaient magnifiques et de cette hauteur on entendait les bergers se parler en faisant avancer leurs troupeaux de zébus.

Ces arbustes à fleurs roses sont surnommés des pieds d'éléphants à cause de l'aspect de leur tronc, taches de couleur assez rares dans ce paysage plutôt monochrome de saison sèche.



C'était la période de la récolte du coton ; la région surtout nord, plus qu'extrême nord, en produit beaucoup. A chaque coin de champ, on avait envie de se jeter dans les énormes tas blancs.


 
La céréale cultivée principalement là-haut est le mil. Ce sont les femmes qui le vannent, inlassablement, les mêmes gestes répétés des centaines de fois.


Progressant vers l'extrême nord, F. arrive dans l'une des cinq principales villes du Cameroun, Maroua,  qui compte au moins 400 000 habitants.  Le climat y est sec et chaud, presque semi-désertique. Attirant toutes les populations environnante, la ville multiculturelle s'anime autour d'un grand marché où l'on  rencontre aussi bien des marchands de bestiaux que de la confection artisanale ou  des denrées comestibles.


Personnellement, je n'aime pas trop vivre au milieu  de la forêt équatoriale, je me sens mieux dans ces régions plus sèches et poussiéreuses, je crois que ça me rappelait l'Egypte, les murs en terre, l'appel du muezzin...

Tu peux t'en douter, de nombreuses photos ont été prises sur des marchés, j'adore ces lieux tellement vivants où se concentre tout ce qui fait la vie des gens, leur quotidien, leur réalité unique. C'est toujours l'occasion de mille rencontres, surprises et émerveillements.  Sur le marché au bétail, les négociations sont réservées aux hommes. Les gens sont souvent très beaux, plus fins et élancés que dans le Centre, leurs origines sont mélangées mais il y a de nombreux Peuls.





Les femmes d'un certain âge portent des calebasses peintes sur la tête. 
Les calebasses sont omniprésentes. Les couleurs des pagnes extrêmement chatoyantes.

Les gros pots qu'on appelle des canaris servent de garde-manger pour le grain ou autre, par exemple pour la bière de mil dont les gens raffolent, hommes et femmes, et dont ils font une consommation incroyable.
















Ici, c'est la pleine saison des mangues. On en achète des seaux, pour un euro on en a une quinzaine. Pas très grosses, vertes à l’extérieur et orange dedans, elles sont très parfumées. Des vendeuses de beignets que l’on trouve par dizaines sur tous les marchés. Des femmes vendent du poisson fumé ou séché pêché dans les lacs et cours d’eau de la région, c’est une des principales nourritures, il s’en consomme des tonnes. Dans les calebasses les femmes transportent et vendent du fromage frais.  La "boutique" de celui qui vend et nettoie les coiffes pour homme, j'aime beaucoup les supports en bois sur lesquels il les présente ou les fait sécher.  Je t’envoie une autre série de photos des devantures des salons de coiffure incroyablement  pittoresques ici !





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Le bout du bout du périple. J'atteins ici Le Logone, rivière qui sert de frontière entre le Cameroun et le Tchad. De l'autre côté, à quelques kilomètres vers le nord, c'est Ndjamena. Il y a eu des crues meurtrières à l'automne dernier.  Toute cette zone était sous l'eau, des villages ont été détruits, ils ont perdu leurs récoltes, des centaines de personnes sont encore sous des tentes installées par des organismes d'aide  internationale.

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Toujours dans l'extrême nord, pas très loin, mais plus à  l'ouest, ce village dans une région montagneuse.  Il est à la frontière avec le Nigeria. J'y ai fait une randonnée que j'ai dû interrompre car la situation empirait en ce mois de février.  A chaque regroupement de cases, il faut s'adresser au chef  du village et donner en cadeau  un peu de sel, de savon ou des allumettes.  Je m'arrête pour ce soir, j'espère que tu t'y retrouveras dans les commentaires. 
Florence V.
 Je voudrais profiter de cette chronique pour donner un lien vers site qui publie une quinzaine de poètes africains:


4 commentaires:

alain paire a dit…

La route jusque vers l'océan, un grand seau de mangues pour un euro, la boutique du coiffeur et plein d'autres choses inconnues, merci à ton amie pour ce voyage plein d'inconnu

pierre vallauri a dit…

Oui, Alain à raison, un grand merci à ton amie (et à toi) de nous faire part ainsi de son "voyage" plein de couleurs et de chaleurs.

Gio. Ve. a dit…

Great report indeed!
I wanted to inform you that I have used a photo of this issue in our community, in Google Plus, where we share the photos of the international borders.
The address is:
https://plus.google.com/+GioVe1963/posts/V7Bm6UhK73r
All good wishes from Mantua (Italy).

Flo Laude a dit…

Thanks, Gio. Ve. I will informe my friend Florence V. who shot the photos, that you did so, and give her this link.
F.L.