le blog de florence laude "L'artiste nous prête ses yeux pour contempler le monde" Arthur Schopenhauer
dimanche 29 décembre 2019
vendredi 20 décembre 2019
Alain Pontarelli, sculpteur, visite d'atelier
Au mois d'août 2019, Alain Pontarelli préparait une grande exposition pour le Musée des Gueules Rouges de Tourves (février 2020), je lui ai rendu visite dans son atelier.
J’ai découvert le travail d’Alain Pontarelli en poussant la porte de la Galerie Jean-François Meyer à Marseille, en février 2016. L’exposition, poétiquement intitulée « Conversation saphique dans une arrière-cour », tenait largement ses promesses de prendre le sujet à rebours de certains codes de la sculpture traditionnelle, de privilégier le discours subversif, de jouer avec le spectateur sur le mode ironique et décalé. J’avais trouvé culoté de la part d’un homme de présenter son œuvre comme « une conversation saphique », mais il s’avéra que ses sculptures représentaient justement de nombreuses culottes, corsets, rubans noués et talons hauts, emblèmes d’une certaine féminité, ou plutôt d’un certain regard, un regard masculin, sur la féminité, avec lesquelles le spectateur avait de quoi satisfaire un penchant pour l’érotisme et trouver plaisir à regarder une œuvre libre et colorée.
Pousser la porte d’une galerie d’art et se retrouver dans l’arrière-cour d’un salon de lingerie féminine, était un plaisir qui se révélait, à y regarder de près, très ambigu. Il ne suffisait pas d’entrer et de voir, mais d’engager la conversation avec les œuvres, au sens ancien, de vivre avec et de les fréquenter. Passer dans l’arrière-cour, c’était quitter une représentation de vitrine, celle qui se contente d’un coup d’œil vite fait, pour comprendre les objets d’un autre point de vue, pour entrer dans le jeu de l’artiste. Ses sculptures sont des artifices séduisants et des œuvres dangereuses à plus d’un titre.
Alain Pontarelli est né à Paris en 1970. Il vit et travaille à La Seyne-sur-Mer. Diplômé de la Villa Arçon en 1997, il est ensuite assistant du sculpteur Bernard Pagès. Il a exposé au Festival du Peu à Bonson, à la Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer, au Centre d'Art Contemporain Artum à Châteauneuf-le-Rouge, au Centre Culturel de Saint Raphaël, à la biennale de l'UNAM, au Château-Musée Grimaldi à Cagnes-sur-Mer, au Château de Servières à Marseille, dans le parc de la Maison Blanche pour le festival des Arts Ephémères et au Pavillon M pour Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture. A l'étranger il a participé à de nombreuses résidences d'artiste, en Grèce, et en Allemagne. Il a exposé à Nuremberg et à Schwabach ainsi qu'en Italie. Depuis 2017 il fait partie de la galerie associative Topic à Saint-Raphaël. Il est enseignant à l'Ecole Supérieure d'ARt et de Desigh de Toulon Provence Méditerranée.
Alain Pontarelli m'a fait l'amitié de me proposer d'écrire sur son travail, pour l'exposition de Tourves, je publierai cet article plus tard.
En attendant on peut retrouver un autre article du 11 février 2016, à l'occasion de l'expostion Conversation saphique dans une arrière cour, Galerie Jean-François Meyer à Marseille.
https://imagesentete.blogspot.com/2016/02/alain-pontarelli-expose-galerie-jean.html
et un article à l'occasion de l'expostion 30 ans et après ... à l'Hôtel des Arts de Toulon fin 2018, début 2019
et un article à l'occasion de l'expostion 30 ans et après ... à l'Hôtel des Arts de Toulon fin 2018, début 2019
Alain Pontarelli, 30 ans et après ... Exposition à l'Hôtel des Arts de Toulon (fin 2018, début 2019)
L'Hôtel des Arts de Toulon avait exposé 12 artistes qui avaient participé au Rendez-vous des jeunes plasticiens, pour fêter les 30 ans de l'association Elstir. Les artistes exposés étaient Paolo Boosten, Florian Bruno, Corinne de Battista, Léna Durr, Jérémy Laffon, Sophie Menuet, Alain Pontarellii, Cédric Ponti, Johanna Quillet, Nicolas Rubinstein, Moussa Sarr , Solange Triger.
J'ai eu envie de revenir sur les oeuvres exposées par Alain Pontarelli.
A Toulon, au rez-de-chaussée, dans la salle à droite en entrant, on découvrait les oeuvres intitulées Papillon du Maroni, Mains courantes du Maroni, L'écorché du Maroni, Sentier du Maroni, Colonie du Maroni.
Maroni, Maroni, Maroni, le nom du fleuve frontière entre la Guyane et le Suriname, grondait d'un mur à l'autre. Maroni, Maroni, Maroni, rythme ternaire envoûtant, le choc du pic des chercheurs d’or, du marteau du forgeron qui, inlassablement, cognent comme les coups de matraque qui font plier l'homme et redressent les torts. Maroni, Maroni, Maroni, les cloisons de la salle dressées comme les murs d'une cellule, renvoyaient le mot, pas d'issue au cachot. Maroni, Maroni, Maroni, l’omniprésence de ces mains géantes, comme les poings serrés du bagnard pour contenir son cri, pendant que les mains du garde chiourme, crispées sur sa trique, égrènent les coups. Maroni, Maroni, des centaines de papillons étoilaient le mur et transperçaient la blancheur immaculée des parois de cette grande boîte d’entomologiste et pas moyen de faire taire le cri lancinant des trois syllabes. Maroni, aujourd’hui tes eaux rouillées lavent la souillure du bagne, on n’entend plus que ces trois syllabes froissées par le vent dans les feuilles.
Là, dans la salle de l’Hôtel des Arts de Toulon, les ossatures de fer tors fermé, soudé, figurant des exosquelettes de mains bourrées jusqu’à la gueule de feuillages séchés, s’inscrivaient comme le trait d’union entre le bagne de Guyane et Toulon qui partageaient une histoire lourde comme l’acier et sauvage comme la végétation de palmes. Avec le silence du temps qui est passé, les accents doux-amers du poème de Verlaine évoquant la prison belge où il purgeait sa peine : « Le ciel est, par-dessus le toit, /Si bleu, si calme ! / Un arbre, par-dessus le toit, / Berce sa palme. / La cloche, dans le ciel qu’on voit, / Doucement tinte. / Un oiseau sur l’arbre qu’on voit / Chante sa plainte […] -Qu’as-tu fait, Ô toi que voilà / Pleurant sans cesse, / Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, / De ta jeunesse. » Sagesse (1881)
Des mains colossales, seulement des mains, pour évoquer le bagne, le bagnard et le travail forcé, pour signifier que le bagnard perdant sa liberté n’est plus un homme, mais une force de travail à perpétuité, réduite à ses mains. Des mains, pour marquer la brutalité du rapport de force entre celui qui reçoit les coups et celui qui les donne, une histoire de poings dans un enfer vert.
Ce qui apparaissait dans cette exposition, c’était le poiein , c’est-à-dire l’acte de transformer, de produire et de créer des objets de manière à ce que, comme en poésie, l’objet qui désigne une chose acquière des significations plus vastes, par le travail de la mise en forme. Là, les installations étaient poétiques, grâce à l’économie des moyens et à l’exploitation de toutes les ressources de formes, de matières, de situation dans l'espace, auxquelles s'ajoutaient des mots, par l'intermédiaire des cartels et des titres. Une oeuvre figurative qui invente des objets indédits, séduisants pour l'oeil et intrigants pour l'esprit, des énigmes ouvertes à de multiples interprétations.
Alain Pontarelli est né à Paris en 1970. Il vit et travaille à La Seyne-sur-Mer. Diplômé de la Villa Arçon en 1997, il est ensuite assistant du sculpteur Bernard Pagès. Il a exposé au Festival du Peu à Bonson, à la Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer, au Centre d'Art Contemporain Artum de Châteauneuf-le-Rouge, au Centre Culturel de Saint Raphaël, à la biennale de l'UNAM, au Château-Musée Grimaldi à Cagnes-sur-Mer, au Château de Servières à Marseille, dans le parc de la Maison Blanche pour le festival des Arts Ephémères et au Pavillon M pour Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture. A l'étranger il a participé à de nombreuses résidences d'artiste, en Grèce, et en Allemagne. Il a exposé à Nuremberg et à Schwabach ainsi qu'en Italie. Depuis 2017 il fait partie de la galerie associative Topic à Saint-Raphaël. Il est enseignant à l'Ecole Supérieure d'Art et de Design de Toulon Provence Méditerranée.
On peut lire un autre article écrit en février 2016 à l'occasion de l'exposition "Conversation saphique dans une arrière cour", à la Galerie Jean-François Meyer à Marseille.
dimanche 15 décembre 2019
"Ma ligne de chance", Anna Karina, Pierrot de Fou, Godard , 1965
"Ma ligne de chance", Anna Karina et Jean-Paul Belmondo, dans le film Pierrot de Fou de jean-Luc Godard, 1965
"Ascenseur pour l'échafaud", Miles Davis, Jeanne Moreau 1958
Ascenseur pour l'échafaud, film de Louis Malle, 1958, musique de Miles Davis. Avec Jeanne Moreau.
"Hier ou demain", Marianne Faithfull - 1967
"Hier ou demain", chanson écrite par Serge Gainsbourg, pour la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik. La chanson est interprétée par Marianne Faithfull, en français, on voit passer Jean-Claude Brialy. Dans ce film les personnages principaux sont joués par Jean-Claude Brialy et Anna Karina.
mardi 10 décembre 2019
L'usine Gardanne
L'usine Alteo de Gardanne, productrice d'alumine spécialisée, à partir de la bauxite, entrant dans la composition de produits high-tech (verre et électronique), condamnée pour la gestion de ses rejets des boues rouges en mer méditerranée ou leur stockage à l'air libre, sur la commune de Bouc-Bel-Air, libérant des poussières toxiques, a demandé à être placée en redressement judicaire, ce mardi 10 décembe 2019.
lundi 2 décembre 2019
Expect on clouds, Lionel GABEL
Le dernier morceau de Lionel GABEL sur soundcloud: "Expect on Clouds" à écouter en cliquant sur le lien https://soundcloud.com/lionel-gabel/expect-on-cloud
samedi 30 novembre 2019
"Rising", Lhasa de Sela , LHASA 2009
"Rising", titre du troisième l'album Lhasa , de Lhasa de Sela , 2009
"Luz de Luna", Lhasa de Sela, cirque Pochéros 1999
En 1999, Lhasa de Sela participe au spectacle du cirque Pochéros, avec trois de ses soeurs, Ayin, Myriam et Sky. Egalement, Adèll Nodé-Langlois, Bertrand Duval, Mads Rosenbech.
mercredi 27 novembre 2019
Léviathan
Les hommes sauvés de la gueule du Léviathan. Sculpture du XVIe siècle, Pays-Bas du sud, Palais des Beaux-Arts de Lille.
dimanche 24 novembre 2019
"Until we blend", LYENN
"Until we blend", de l'auteur compositeur belge Lyenn, est un morceau de l'album Adrift, qui sortira le 10 janvier 2020, sur le label Waste My Records.
Ecouter la
musique de Lyenn et se laisser dériver dans les sensations où elle nous
entraîne, ce pourrait être la bande son d’un film en noir et blanc. Une voiture
qui roule dans la nuit et progresse dans un halo d’obscurité, les silences ont la
densité d’un noir chaud et profond, sa voix et les instruments des efflorescences lumineuses. L’immensité de
la nuit, la solitude et ce pouvoir de la route qui l’absorbe, trajectoire fléchée.
Hypnotiques ces traits de lumière qui s’avalent à cadence régulière, ils collent au rythme du
piano qui égrène ses notes, les
percussions battent un motif répété et donnent la cadence d’une dérive
lente ou rapide et pourtant immobile de celui qui est assis dans l’habitacle. Le
vertige est sensible dans la nuit sans repère, plus de distance entre le réel
et la musique, tout est sensation, tout est émotion dans l’instant qui pourrait
aussi bien être une éternité.
J’ai dit que
Lyenn écrit des chansons en noir et blanc … mais il faut préciser que
cette sensation n’est pas due à la noirceur des textes ou des mélodies,
non. Ce n’est pas du blues, ni du jazz
mélancolique, non. C’est pour l’élégance
de cette musique exigeante et assez sophistiquée, en quelque sorte classique
tout en étant d’avant-garde.
La voix claire
de Lyenn s’enroule sur les mots, monologue introspectif, son univers est
davantage celui de la pensée du vécu que le réel, qu’il semble observer et
commenter pour lui-même, pensée se parlant à elle-même et à une autre, absente,
intériorisée. Ainsi la musique se
construit en se reprenant sans cesse, en revenant sur ses pas, les mots sont
des pensées qui s’enroulent sur elles-mêmes, reprises jusqu’à l’obsession,
toute certitude fuit ce motif qui
progresse en se lovant sur lui-même, délicatement. Parfois, le son en s’enroulant, prend force et vitesse, grossit, s’emballe, sa
propre énergie le hisse à la limite du
chaos, puis retombe, dans un silence noir,
suspendu, dans l’infini.
La vidéo « Until
we blend », de Moskva production
avec les danseurs Julia Romain et Ivan
Paulovich est sublime, elle m’a surprise et tout à fait séduite dans l’interprétation
très douce qu’elle propose du morceau, pour la raison que j’ai dite, de voir la
musique de Lyenn comme un film en noir et blanc. Là, au contraire, les couleurs
très douces, camaïeux de gris bleutés, de verts tendres et de bruns très pâles,
parfois rosés donnent la sensation de teintes passées, de souvenirs décolorés. On y entre sur la pointe des pieds, dans le mouvement d’un voile soulevé par la brise, comme dans un songe, suivant
la dérive d’un mouvement de caméra qui s’enroule sur lui-même. On épie la naissance d’un couple, le moment où
chacun s’éveillant de sa solitude, ouvre les yeux sur l’autre et, dans un continuum de mouvements déroulés, leurs
corps se délient, se frôlent, s’enlacent, se mêlent et pour finir se tiennent lovés au pied d’un autel fleuri, drapé
de blanc. Un conte charmant et positif que l’on quitte comme on y est entré,
dans un mouvement de caméra et de voile pudiquement reposé. A tout instant, la
caméra filme aussi les détails du décor d’un palais qui fut magnifique mais aujourd’hui
abandonné, la somptuosité des plafonds en stuc adorablement tarabiscotés, des
huisseries sans ferrures, battant au vent et des panneaux aux peintures craquelées, rongées
par le temps et l’humidité. Chaque image
souligne la fugacité de l’instant parfait, le miracle de l’amour et la fragilité
de la vie, la fêlure souterraine … carpe diem.
L'album ADRIFT, de Lyenn sortira le 10 janvier 2020 sur le label belge (anversois) Waste My Records.
Plus d'infos sur les liens ci-dessous:
J'ai découvert
la musique de Lyenn il y a plusieurs années, en première partie d'un concert du
Mark Lanegan Band et j'avais été impressionnée par sa musique, une présence
timide et déterminée à la fois, risquant devant un public qui n'avait pas expressément
choisi de venir l'entendre, des morceaux intimistes, d'une grande exigence.
J'ai retrouvé un
article inachevé resté dans mes brouillons, après un concert de Mark Lanegan,
au Café de la Danse, le 25 novembre 2017, j'écrivais ceci à propos de Lyenn.
"Fréderic
Lyenn Jacques (Lyenn), musicien belge, assurait la première partie
du concert. C'est, je crois, la troisième fois que je l'entendais
en solo. Bassiste dans le Mark Lanegan Band, il joue de la guitare
pour accompagner ses propres compositions. Les fois précédentes, il s'était
présenté comme "l'apéritif" de la soirée. Cette réplique qui ne
manquait pas d'humour, faisait surgir l'image d'un public-ogre, potentiellement
dangereux, mais, Au Café de la Danse, Lyenn occupait l'espace avec
plus de confiance et n'avait plus besoin de cette justification en bémol pour
prendre place. Du coup, moi aussi je l'écoutai autrement, je rentrai totalement
dans sa musique.
Ses morceaux
intimistes explorent ses émotions personnelles, c'est à la fois dépouillé et
très travaillé, il y a des manières de soliste classique et virtuose, qui
peaufine un motif sonore, cherche une rareté acoustique tout en travaillant la
voix dans tous les registres. Là ,il chuchote, puis lance un cri
qui reste aphone, à la fin du morceau dans un crescendo il libère une énergie
assourdissante... Lyenn nous attrape avec sa musique hypnotisante. Quand
un groupe joue ensemble il occupe tout l'espace et réunit le public dans
l'épaisseur du son qui sature tout, surtout dans le rock. Avec cette
musique intimiste on a davantage l'impression que la musique n'est que
pour soi et qu'elle cherche à faire un lien avec nos propres
émotions."
En dehors d'apparitions en première partie des tournées de Mark Lanegan, j'ai écouté Lyenn dans le groupe jazz belge Dans Dans (Bert Dockx, Lyenn, Steven Cassiers) et dans les Faye Dunaways (Lyenn et Aldo Struyf)."
Cela sans
compter les trois albums personnels de Lyenn: The Jollity
of my boon companion (2009, Munich Records), Vowels fade
first, EP (2011, Munich Records), Slow Healer (2016,
V2 Benelux), et le quatrième, Adrift , à venir le 10 janvier
2020 chez Waste My Records
mercredi 20 novembre 2019
Kamel Khélif au Salon du livre de Montreuil, du 27 novembre au 5 décembre 2019
Du 27 novembre au 5 décembre, on se précipite au Salon du Livre et de la Presse jeunesse, à Montreuil !
Cette année, Kamel Khélif y est invité par les éditions Otium pour présenter et dédicacer Même si c'est la nuit, son dernier album de bande dessinée. On le trouvera sur le stand B15a.
Durant deux années, l'écriture du livre Même si c'est la nuit, a tenu Kamel Khélif dans une sorte d'ascèse créative. Confiné dans son appartement, il s'est immergé dans son travail pendant que le livre prenait forme. Auteur et dessinateur (ses planches sont en réalité des peintures), il cherche toujours à progresser, à faire évoluer le geste pictural pour s'en satisfaire. Il jongle avec l'aléatoire et la surprise des matières grattées, arrachées, essuyées, recommence autant de fois que nécessaire le geste qui sculpte les ombres et les lumières, puis pose un dessin précis et délicat, créant souvent des ambiances nostalgiques d'un réalisme étrange, proches de la rêverie éveillée ou de la dérive fantastique.
Même si c'est la nuit, est le livre d'une errance nocturne, tissé de fils multiples. Le récit s'étend de la tombée de la nuit à l'aube, attaché aux pas du personnage, un dessinateur qui, tel un Thésée errant dans les rues d'une ville méditerranéenne, jamais nommée, mais qui ressemble à Marseille, est conduit par le souvenir d'une femme qui, à présent, le repousse. Il suit un fil d'Ariane effiloché, tissé de souvenirs et de visions, il pousse des portes et fraternise avec des hommes et des femmes qui consolent leur solitude dans des bars de nuit. Un récit intime, plein de présences immédiates, fraternelles qui racontent et chantent leur humanité, Même si c'est la nuit et que certaines autres voix se sont tues.
Un album très humain, à lire absolument !
Un album très humain, à lire absolument !
Articles antérieurs:
http://imagesentete.blogspot.com/2019/10/kamel-khelif-meme-si-cest-la-nuit.html
http://imagesentete.blogspot.com/2019/04/meme-si-cest-la-nuit-kamel-khelif.html
Le site du Festival du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, pour des infos pratiques:
https://slpjplus.fr/
Le site FB des éditions OTIUM: https://www.facebook.com/EditionsOtium/
http://imagesentete.blogspot.com/2019/10/kamel-khelif-meme-si-cest-la-nuit.html
http://imagesentete.blogspot.com/2019/04/meme-si-cest-la-nuit-kamel-khelif.html
Le site du Festival du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, pour des infos pratiques:
https://slpjplus.fr/
Le site FB des éditions OTIUM: https://www.facebook.com/EditionsOtium/
mercredi 13 novembre 2019
Denis Lavant- Bacon- Beckett
A l'occasion de l'exposition Francis Bacon au Centre Pompidou ...seulement 5:21 de conversation ...
lundi 11 novembre 2019
Joseph Ponthus, à Aurillac dans le cadre du dispositif "De vives voix", le 6 novembre 2019
Mercredi 6 novembre, deux moments de rencontre avec Joseph Ponthus, auteur d' A la ligne, feuillets d'usine, roman publié en janvier 2019 aux Editions de la Table Ronde, le matin, avec des élèves des lycées Monnet-Mermoz et Duclaux et, en soirée, à la Médiathèque du Bassin d'Aurillac. Le Théâtre d'Aurillac, collaborait à cette rencontre, pour une très belle mise en voix des textes.
A la ligne a reçu le Grand Prix RTL/Lire, le Prix Régine Déforges, le Prix Jean Amila-Meckert, le Prix du Premier Roman des lecteurs de la ville de Paris, tout cela au cours de l'année 2019. Je l'ai lu cet été.
Ce livre, tient à la fois du journal, de la chronique, du témoignage ouvrier, du poème et c'est un roman. Les feuillets ont été écrits au jour le jour, après les huit heures de travail à l'usine, comme un prolongement, un exutoire, des mots pour dire les maux et renouer avec l'humaine condition après les conditions de travail déshumanisantes sur la ligne de production. Joseph Ponthus fait un parallèle avec les Feuillets d'Hypnos de René Char, qui, engagé dans la résistance sous le pseudonyme de Capitaine Alexandre, consignait pensées et anecdotes, sous forme de courtes notes poétiques, dans cette période d'occupation où la gravité de la situation lui commanda d'interrompre son travail d'écrivain.
Toutes proportions gardées, c'est aussi le projet de Joseph Ponthus, écrire ces feuillets pour résister au laminage par le travail dans l'usine et pour témoigner en tant qu'ouvrier intérimaire. Si un intérimaire n'est pas considéré comme un individu mais embauché pour la force de ses bras, si l'usine le dépossède de sa force et le dissout dans la ligne de production, alors le projet d'écriture au quotidien devient la distance qui transforme la journée de huit heures en matériau poétique. Des poètes ont transformé la boue en or. Parlant de l'abattoir, Joseph Ponthus transforme le sang en encre, la ligne de production en ligne d'écriture, les maux du corps en mots, conjugant la précision de la chronique où le mot rend compte du réel avec justesse, au phrasé d'une poésie en vers libres et sans ponctuation (référence à Alcools d'Apollinaire d'abord et à la poésie contemporaine) qu'il faut lire à haute-voix pour en ressentir la cadence et les vibrations sonores.
Pour le plaisir d'entrer encore une fois dans la lecture, je recopie ici quelques lignes de l'incipit dans lesquelles on trouve l'annonce des fils qui constituent le roman, le travail à l'usine, l'amour qui le conduit à quitter Paris pour rejoindre la femme qui l'attend en Bretagne et la passion jubilatoire de littérature, de la poésie et des chansons populaires ... Un roman multiple et atypique, et tellement réussi !
"En entrant à l'usine
Bien sûr j'imaginais
L'odeur
Le froid
Le transport de charges lourdes
La pénibilité
Les conditions de travail
La chaîne
L'esclavage moderne
Je n'y allais pas pour faire un reportage
Encore moins préparer une révolution
Non
L'usine c'est pour les sous
Un boulot alimentaire
Comme on dit
Parce que mon épouse en a marre de me voir
traîner dans le canapé en attente d'une embauche
dans mon secteur
Alors c'est
L'agroalimentaire
L'agro
Comme ils disent
Une usine bretonne de production et de
transformation ete de cuisson et de tout ça de
poissons et de crevettes
Je n'y vais pas pour écrire
Mais pour les sous
A l'agence d'intérim on me demande quand je veux
commencer
Je sors ma vanne habituelle littéraire et convenue
"Eh bien demain dès l'aube à l'heure où blanchit
la campagne"
Pris au mot j'embauche le lendemain à six heures
du matin"
[...]
(extrait du chapitre 1, pages 11et12)
Une belle rencontre d'écrivain et un roman dont l'écriture, au fil des lectures successives, ne cesse de m'enchanter.
A venir, en mars 2020, une création de La Station Service pour l'adaptation scénique du roman, entre lecture et chanson avec Michel Cloup, Miossec et Julien Rufié. J'espère que cette pièce de théâtre, entre textes et chansons sera programmée à Aurillac.A la ligne a reçu le Grand Prix RTL/Lire, le Prix Régine Déforges, le Prix Jean Amila-Meckert, le Prix du Premier Roman des lecteurs de la ville de Paris, tout cela au cours de l'année 2019. Je l'ai lu cet été.
Ce livre, tient à la fois du journal, de la chronique, du témoignage ouvrier, du poème et c'est un roman. Les feuillets ont été écrits au jour le jour, après les huit heures de travail à l'usine, comme un prolongement, un exutoire, des mots pour dire les maux et renouer avec l'humaine condition après les conditions de travail déshumanisantes sur la ligne de production. Joseph Ponthus fait un parallèle avec les Feuillets d'Hypnos de René Char, qui, engagé dans la résistance sous le pseudonyme de Capitaine Alexandre, consignait pensées et anecdotes, sous forme de courtes notes poétiques, dans cette période d'occupation où la gravité de la situation lui commanda d'interrompre son travail d'écrivain.
Toutes proportions gardées, c'est aussi le projet de Joseph Ponthus, écrire ces feuillets pour résister au laminage par le travail dans l'usine et pour témoigner en tant qu'ouvrier intérimaire. Si un intérimaire n'est pas considéré comme un individu mais embauché pour la force de ses bras, si l'usine le dépossède de sa force et le dissout dans la ligne de production, alors le projet d'écriture au quotidien devient la distance qui transforme la journée de huit heures en matériau poétique. Des poètes ont transformé la boue en or. Parlant de l'abattoir, Joseph Ponthus transforme le sang en encre, la ligne de production en ligne d'écriture, les maux du corps en mots, conjugant la précision de la chronique où le mot rend compte du réel avec justesse, au phrasé d'une poésie en vers libres et sans ponctuation (référence à Alcools d'Apollinaire d'abord et à la poésie contemporaine) qu'il faut lire à haute-voix pour en ressentir la cadence et les vibrations sonores.
Pour le plaisir d'entrer encore une fois dans la lecture, je recopie ici quelques lignes de l'incipit dans lesquelles on trouve l'annonce des fils qui constituent le roman, le travail à l'usine, l'amour qui le conduit à quitter Paris pour rejoindre la femme qui l'attend en Bretagne et la passion jubilatoire de littérature, de la poésie et des chansons populaires ... Un roman multiple et atypique, et tellement réussi !
"En entrant à l'usine
Bien sûr j'imaginais
L'odeur
Le froid
Le transport de charges lourdes
La pénibilité
Les conditions de travail
La chaîne
L'esclavage moderne
Je n'y allais pas pour faire un reportage
Encore moins préparer une révolution
Non
L'usine c'est pour les sous
Un boulot alimentaire
Comme on dit
Parce que mon épouse en a marre de me voir
traîner dans le canapé en attente d'une embauche
dans mon secteur
Alors c'est
L'agroalimentaire
L'agro
Comme ils disent
Une usine bretonne de production et de
transformation ete de cuisson et de tout ça de
poissons et de crevettes
Je n'y vais pas pour écrire
Mais pour les sous
A l'agence d'intérim on me demande quand je veux
commencer
Je sors ma vanne habituelle littéraire et convenue
"Eh bien demain dès l'aube à l'heure où blanchit
la campagne"
Pris au mot j'embauche le lendemain à six heures
du matin"
[...]
(extrait du chapitre 1, pages 11et12)
Une belle rencontre d'écrivain et un roman dont l'écriture, au fil des lectures successives, ne cesse de m'enchanter.
http://www.lastationservice.org/MIossec-Michel-Cloup.html
jeudi 7 novembre 2019
jeudi 31 octobre 2019
"Biscuit", PORTISHEAD
"Biscuit", Portishead, album Dummy, 1994. Premier album du groupe sur le label Go! Beat.
Exposition Jean GIONO au Mucem (Marseille)
Un article de l'ami Alain Paire dans la Marseillaise, pour annoncer une exposition sur l'écrivain Jean Giono, au Mucem, du 30 octobre au 17 février.
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