Sylvia Plath, La Traversée, traduit par Valérie Rouzeau, 1962, publié
1971
La Traversée, Crossing the Water
« La Traversée »
Lac noir, barque noire, deux silhouettes de papier découpé, noires.
Jusqu’où s’étendent les arbres noirs qui s’abreuvent ici ?
Leurs ombres doivent couvrir le Canada.
Une petite lumière filtre des fleurs aquatiques.
Leurs feuilles ne souhaitent pas que nous nous dépêchions :
Elles sont rondes et plates et pleines d’obscurs conseils.
Des mondes glacés tremblent sous la rame.
L’esprit de noirceur est en nous, il est dans les poissons.
Une souche lève en signe d’adieu une main blême ;
Des étoiles s’ouvrent parmi les lys.
N’es-tu pas aveuglé par de telles sirènes sans regard ?
C’est le silence des âmes interdites.
« Crossing the
water »
Balck lake, black
boat, two black, cut-paper people.
Where do the black
trees go that drink here ?
Their shadows must
cover Canada.
A little light is
filtering from the water flowers.
Their leaves do not
wish us to hurry :
They are round and
flat and full ord dark advice.
Cold words shake
form the oar.
The spirit of
blackness is in us, it is in the fishes.
A snag is lifting a
valedictory, pale hand ;
Stars open among
the lillies.
Are you not blinded
by such expressionless sirens ?
This is the silence
of astounded souls.
Sylvia Plath 1932 - 1963
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvia_Plath
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