Retour d’une visite à la Nouvelle
Manufacture, une ancienne usine réaffectée pour la diffusion de l’Art
Contemporain. Nous y étions pour la préparation de la prochaine exposition de
Fernando Galvez, au mois d’Octobre 2018.
L’association de La Nouvelle
Manufacture est née il y a plus de quatre ans, du projet porté par deux jeunes
plasticiens, Antoine Abel et Juliette Rault pour créer un lieu dédié à l’Art Contemporain,
en marge des institutions conventionnelles. A la sortie des écoles, plutôt que
de concentrer toutes leurs énergies à faire la cour aux galeries, ils ont
décidé d’ouvrir un lieu à la mesure de leur conception du rôle d’un Centre d’Art
dans sa relation aux artistes, dans la diffusion de l’art contemporain et dans sa
mission partage de l’art avec la communauté sociale environnante, en
l’occurrence, loin des grands centres urbains, sur la départementale 120, au
sud de Saint-Agrève. Le lieu est composé de deux espaces, une salle de café, espace
convivial de dialogue et de rencontre où l’on a plaisir à s’attarder et à
regarder des œuvres exposées et une grande salle d’exposition. Le sous-sol du
local est réservé aux ateliers des artistes.
Antoine Abel a suivi un cursus de
trois années à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulon, complété d’un DNSEP aux
Beaux-Arts de Clermont-Ferrand. Juliette
Rault est diplômée de l’Ecole d’Architecture de Grenoble. Tous deux poursuivent
leurs pratiques personnelles tout en faisant vivre l’Association. En 2018
La Nouvelle Manufacture a programmé six événements, les expositions
personnelles de Ludovic Paquelier
(mai-juin), Jean Bonichon (août-septembre) et Fernando Galvez
(octobre-novembre), l’exposition « Reborn » avec Thomas Pallin et
Guillaume Rojouan, une « fête du printemps » (4 et 5 mai) et un Festival de dessin (20, 21 et 22
juillet).
Depuis le 5 août, La Nouvelle
Manufacture présente « Battre la brèche », une exposition de Jean
Bonichon, dans la grande salle et les Dioramas de Juliette Rault, dans le café.
Jean Bonichon à qui on a donné
carte blanche, présente une installation monumentale dans le cadre d’un
parcours artistique « des échappées du Partage des eaux », initié par le
Parc Natural régional des monts d’Ardèche.
Il s’agit une forêt de bouleaux constituée d’une soixantaine d’arbres
ébranchés découpés en tronçons réguliers, certains ont été calcinés avant
d’être remontés pour reconstituer les arbres d’origine, en alternant tronçon
brûlé et tronçon naturel, ce qui crée un effet visuel en damier blanc-noir. La disposition des arbres mime une forêt
naturelle et non l’alignement géométrique d’une plantation. Déambuler entre les
piliers végétaux devient une expérience sensorielle visuelle, mais aussi
olfactive car les tronçons calcinés dégagent une odeur âcre d’incendie, alors
que les tronçons recouverts d’écorce blanche sont doux au regard et au toucher
comme un épiderme vivant. L’installation multiplie les zones de contrastes, les
lignes de faille.
L’expérience du spectateur s’inscrit dans un déplacement du
corps dans l’espace qui fait bouger les lignes verticales des arbres piliers et
les horizontales des larges bandes noires ou blanches dessinées sur les
troncs. En bougeant, il modifie les
alignements et la perception de l’espace, un tronc peut tout aussi bien en
cacher un autre qu’en faire surgir plusieurs dans le champ visuel et par la
même, resserrer ou relâcher le maillage des grandes lignes verticales et des
horizontales. Ainsi, l’espace semble
respirer, tantôt se dilater en prenant du souffle ou se resserrer en expirant,
invitant à considérer le rythme de vie de la forêt, son rôle de poumon vert,
mais aussi sa fragilité face aux pressions climatiques et économiques
auxquelles elle est soumise. La vie et la mort du bois sont présentées comme
deux entités aussi réelles et aussi présentes l’une que l’autre… C’est une
proposition forte qui occupe l’espace de la salle d’exposition d’une façon très
esthétique aussi.
Jean Bonichon, "Battre la brèche" (2018)
Diorama de Juliette Rault |
Dans la salle du café où nous
nous sommes aussi attardés, Juliette Rault propose des Dioramas. Ce sont des
boîtes présentant des scènes en relief, des paysages dans lesquels des
figurines miniatures racontent une histoire. Ici les fables ont toujours pour
fonction d’avertir d’un danger écologique auquel notre monde est soumis à cause
de nos modes de vies. Marées noires, épidémies, extinction des espèces par
l’usage de produits toxiques pour l’environnement, ou pour combler nos envies
futiles de consommateurs… Une manière de nous mettre face à nos responsabilités
en proposant des tableaux aussi présents
que des captures d’écrans de flash
d’actualités, le détournement artistique et la mise à distance du réel en plus,
pour faire naître le regard critique.
L'exposition "Battre la Brèche", installation de jean Bonichon
du 5 août au 9 septembre 2018
ouvert du mercredi au dimanche
de 14 à 18 heures
La Nouvelle Manufacture
350 rue du Garail
07310 Saint-Martin-de-Valamas
On peut suivre
l’actualité de La Nouvelle Manufacture sur leur site ou leur page facebook
06 73 27 37 96
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