lundi 13 août 2018

Jean Bonichon, La Nouvelle Manufacture, centre d’Art Contemporain, à Saint-Martin-de-Valamas en Ardèche .



Retour d’une visite à la Nouvelle Manufacture, une ancienne usine réaffectée pour la diffusion de l’Art Contemporain. Nous y étions pour la préparation de la prochaine exposition de Fernando Galvez, au mois d’Octobre 2018. 


L’association de La Nouvelle Manufacture est née il y a plus de quatre ans, du projet porté par deux jeunes plasticiens, Antoine Abel et Juliette Rault pour créer un lieu dédié à l’Art Contemporain, en marge des institutions conventionnelles. A la sortie des écoles, plutôt que de concentrer toutes leurs énergies à faire la cour aux galeries, ils ont décidé d’ouvrir un lieu à la mesure de leur conception du rôle d’un Centre d’Art dans sa relation aux artistes, dans la diffusion de l’art contemporain et dans sa mission partage de l’art avec la communauté sociale environnante, en l’occurrence, loin des grands centres urbains, sur la départementale 120, au sud de Saint-Agrève. Le lieu est composé de deux espaces, une salle de café, espace convivial de dialogue et de rencontre où l’on a plaisir à s’attarder et à regarder des œuvres exposées et une grande salle d’exposition. Le sous-sol du local est réservé aux ateliers des artistes.  


Antoine Abel a suivi un cursus de trois années à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulon, complété d’un DNSEP aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand.  Juliette Rault est diplômée de l’Ecole d’Architecture de Grenoble. Tous deux poursuivent leurs pratiques personnelles tout en faisant vivre l’Association.  En 2018  La Nouvelle Manufacture a programmé six événements, les expositions personnelles  de Ludovic Paquelier (mai-juin), Jean Bonichon (août-septembre) et Fernando Galvez (octobre-novembre), l’exposition « Reborn » avec Thomas Pallin et Guillaume Rojouan, une « fête du printemps » (4 et 5 mai)  et un Festival de dessin (20, 21 et 22 juillet). 


Depuis le 5 août, La Nouvelle Manufacture présente « Battre la brèche », une exposition de Jean Bonichon, dans la grande salle et les Dioramas de Juliette Rault, dans le café.
Jean Bonichon à qui on a donné carte blanche, présente une installation monumentale dans le cadre d’un parcours artistique « des échappées du Partage des eaux », initié par le Parc Natural régional des monts d’Ardèche.  Il s’agit une forêt de bouleaux constituée d’une soixantaine d’arbres ébranchés découpés en tronçons réguliers, certains ont été calcinés avant d’être remontés pour reconstituer les arbres d’origine, en alternant tronçon brûlé et tronçon naturel, ce qui crée un effet visuel en damier blanc-noir.  La disposition des arbres mime une forêt naturelle et non l’alignement géométrique d’une plantation. Déambuler entre les piliers végétaux devient une expérience sensorielle visuelle, mais aussi olfactive car les tronçons calcinés dégagent une odeur âcre d’incendie, alors que les tronçons recouverts d’écorce blanche sont doux au regard et au toucher comme un épiderme vivant. L’installation multiplie les zones de contrastes, les lignes de faille. 




L’expérience du spectateur s’inscrit dans un déplacement du corps dans l’espace qui fait bouger les lignes verticales des arbres piliers et les horizontales des larges bandes noires ou blanches dessinées sur les troncs.  En bougeant, il modifie les alignements et la perception de l’espace, un tronc peut tout aussi bien en cacher un autre qu’en faire surgir plusieurs dans le champ visuel et par la même, resserrer ou relâcher le maillage des grandes lignes verticales et des horizontales.  Ainsi, l’espace semble respirer, tantôt se dilater en prenant du souffle ou se resserrer en expirant, invitant à considérer le rythme de vie de la forêt, son rôle de poumon vert, mais aussi sa fragilité face aux pressions climatiques et économiques auxquelles elle est soumise. La vie et la mort du bois sont présentées comme deux entités aussi réelles et aussi présentes l’une que l’autre… C’est une proposition forte qui occupe l’espace de la salle d’exposition d’une façon très esthétique aussi.


Jean Bonichon, "Battre la brèche" (2018)

Diorama de Juliette Rault




Dans la salle du café où nous nous sommes aussi attardés, Juliette Rault propose des Dioramas. Ce sont des boîtes présentant des scènes en relief, des paysages dans lesquels des figurines miniatures racontent une histoire. Ici les fables ont toujours pour fonction d’avertir d’un danger écologique auquel notre monde est soumis à cause de nos modes de vies. Marées noires, épidémies, extinction des espèces par l’usage de produits toxiques pour l’environnement, ou pour combler nos envies futiles de consommateurs… Une manière de nous mettre face à nos responsabilités en proposant des tableaux  aussi présents que  des captures d’écrans de flash d’actualités, le détournement artistique et la mise à distance du réel en plus, pour faire naître le regard critique.

L'exposition "Battre la Brèche", installation de jean Bonichon
du 5 août au 9 septembre 2018
 ouvert du mercredi au dimanche 
de 14 à 18 heures

La Nouvelle Manufacture
350 rue du Garail
07310 Saint-Martin-de-Valamas

On peut suivre l’actualité de La Nouvelle Manufacture sur leur site ou leur page facebook
06 73 27 37 96







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