lundi 22 juillet 2013

Little Saigon, mémoires de Viet Kieu, vol 2, Clément Baloup


Little Saigon, mémoires de Viet Kieu  de Clément Baloup  volume 2,  aux éditions La boîte à bulles, mai 2012.
Le premier volume de Little Saigon était consacré aux récits de vies de vietnamiens exilés en France, lauréat du prix Hors les murs en 2009.  
Ce deuxième volume voit le jour à la suite d'un long voyage effectué par l'auteur aux Etats-Unis, de New-York, à San-Francisco en passant par San-José, Los-Angeles, Orange County, Charleston, il laisse s'exprimer les souvenirs de vietnamiens qui, il y a plus de trente ans, se sont installés aux Etats-unis.  



L'album est constitué de séquences en couleur racontant les rencontres de l'auteur Clément Baloup avec des témoins (principalement des femmes) durant son voyage aux Etats-Unis, qui doit se situer après 2009, et de séquences de couleur bleutée qui sont le récit des vietnamiens qui, dans leurs tentatives d'exil aux Etats-Unis, sont parfois passés par des camps de réfugiés.  Ces récits, sous forme d'analepse, disent la dure réalité de la guerre, de l'oppression du régime communiste, de la solitude, du courage, de la trahison, de la perte et parfois aussi, bien heureusement, de la solidarité et de la main tendue sans laquelle certaines histoires ne seraient que pure tragédie. 


 Dans la postface de l'album, Clément Baloup dit avoir reçu le soutien d'Emmanuel Guibert pour aller "voir plus loin"  et je n'étais pas tellement surprise de trouver cette référence, finalement la démarche de Little Saigon rejoint par certains côtés celle de La Guerre d'Alan ou de l'Enfance d'Alan.  Ceci dit, on sait bien que  l'on pourra toujours proposer le même projet à plusieurs individus, chacun se l'appropriera et le réalisera à sa manière ... cela est d'autant plus vrai que le point de départ des deux auteurs n'est pas tout à fait identique !  Mais ces deux lectures rapprochées dans le temps ne pouvaient que rendre leurs similitudes plus remarquables. 
Je ne connaissais pas vraiment l'histoire des exilés vietnamiens, ces quelques portraits sont précieux. Aller chercher la parole à l'autre, la transposer en récit illustré est émouvant en ce que l'on sait que ces témoignages, s'ils n'avaient pas été recueillis se perdraient à coup sûr. Peut-être que mettre au jour ces événements  c'est permettre de quitter la honte et la peur et restaurer un peu plus d'humanité au sein même de  ces situations qui ont été douloureuses et  intolérables.  Faut-il tout à fait oublier,  faut-il laisser exister les souvenirs  pour vivre, dans certaines circonstances ? Certainement des réponses à nuancer selon les situations ... et les protagonistes... Le détour artistique est certainement une aide pour aider à  témoigner sans avoir l'impression de mettre en danger celui qui pourrait se sentir vulnérable.

Une interview de Clément Baloup à écouter  et à voir ici (16 min):

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