le blog de florence laude "L'artiste nous prête ses yeux pour contempler le monde" Arthur Schopenhauer
samedi 14 novembre 2020
jeudi 29 octobre 2020
mercredi 28 octobre 2020
"A la lumière d'hiver", II, Philippe Jaccottet , 1977
Aide-moi maintenant, air noir et frais, cristal
noir. Les légères feuilles bougent à peine,
comme pensées d'enfants endormis. Je traverse
la distance transparente, et c'est le temps
même qui marche ainsi dans ce jardin,
comme il marche plus haut de toit en toit, d'étoile
en étoile, c'est la nuit même qui passe.
Je fais ces quelques pas avant de remonter
là où je ne sais plus ce qui m'attend, compagne
tendre ou détournée, servantes si dociles
de nos rêves ou vieux visage suppliant...
la lumière du jour, en se retirant
- comme un voile
tombe et reste un instant visible autour
des beaux pieds nus -
découvre la femme d'ébène
et de cristal, la grande femme de soie noire
dont les regards brillent encore pour moi
de tous ses yeux peut-être éteints depuis longtemps.
La lumière du jour s'est retirée, elle révèle,
à mesure que le temps passe et que j'avance
en ce jardin, conduit par le temps,
autre chose
- au-delà de la belle sans relâche poursuivie,
de la reine du bal où nul ne fut jamais convié,
avec ses fermoirs d'or qui n'agrafent plus nulle robe -
autre chose de plus caché, mais de plus proche...
Ombres calmes, buissons tremblant à peine, et les couleurs,
elles aussi, ferment les yeux. L'obscurité
lave la terre.
C'est comme si l'immense
porte peinte du jour avait tourné
sur ses gonds invisibles, et je sors dans la nuit,
je sors enfin, je passe, et le temps passe
aussi la porte sur mes pas.
Le noir n'est plus ce mur
encrassé par la suie du jour éteint,
je le franchis, c'est l'air limpide, taciturne,
j'avance enfin parmi les feuilles apaisées,
je puis enfin faire ces quelques pas, légers
comme l'ombre de l'air,
l'aiguille du temps brille et court dans la soie noire,
mais je n'ai plus de mètre dans les mains,
rien que de la fraîcheur, une fraîcheur obscure
dont on recueille le parfum rapide avant le jour.
(Chose brève, le temps de quelques pas dehors,
mais plus étrange encore que les mages et les dieux.)
A la lumière d'hiver, Philippe Jaccottet, 1977, Gallimard
dimanche 20 septembre 2020
samedi 5 septembre 2020
The Doors - Moonlight Drive - 1968 (Live)
mercredi 2 septembre 2020
"Shaman", Lionel Gabel sur Soundcloud
Un morceau récent de l'ami Lionel Gabel, sur sa page Soundcloud. On y accède par le lien:
https://soundcloud.com/lionel-gabel/shaman
Dessin et musique de Lionel Gabel. Août 2020
jeudi 20 août 2020
jeudi 13 août 2020
Exposition Guy Fredericq et Audrey Rocarro à l'Epicerie, programmation TousArtZimut
Depuis quelques jours et jusqu'au 23 août, on peut voir les sculptures de Guy Fredericq et les peintures d'Audrey Rocarro à Maurs, dans la galerie de l'association Tousartzimut.
Les deux artistes ont une prédilection pour la matière brute et naturelle extraite du sol.
Audrey Rocarro fabrique elle même les pigments qu'elle emploie dans des peintures qui donnent à voir des parois dressées ou des paysages ouverts aux horizons éloignés vers lesquels nous sommes appelés à nous transporter car c'est là qu'est la matière, suspendue dans des formats horizontaux, parfois très aplatis. Les lointains sont denses, travaillés dans l'épaisseur et parcourus de lignes tourmentées, donnant aux paysages l'impression d'être, peut-être, seulement des mirages. On pense à des tempêtes de sables dans le désert, des orages sur le rivage. Si les paysages sont indécis, la matière est très présente et sensuelle.
Audrey Rocarro présente son travail comme une peinture abstraite rendant hommage aux oeuvres rupestres des "hommes premiers". Elle vit et travaille dans le Lot.
Pour lire la biographie de Guy Fredericq et découvrir son travail de façon plus approfondie, il faut se rendre sur son site:
https://www.guyfredericq.com/bio
Une exposition préparée par l'association d'art contemporain TOUSARTZIMUT
TOUSARTZIMUT
Le Tour de ville
15122 Maurs
https://www.tousartzimut-maurs.org/
Une galerie à suivre sur sa page Facebook
https://www.facebook.com/Tousartzimut-maurs-111639163649010
dimanche 2 août 2020
TousArtZimut galerie associative d'art contemporain, Maurs
jeudi 30 juillet 2020
"Perte d'Auréole", Charles Baudelaire, Petits Poèmes en prose, 1869
XLVI
« Eh ! quoi ! vous ici, mon cher ? Vous, dans un mauvais lieu ! vous, le buveur de quintessences ! vous, le mangeur d’ambroisie ! En vérité, il y a là de quoi me surprendre.
— Mon cher, vous connaissez ma terreur des chevaux et des voitures. Tout à l’heure, comme je traversais le boulevard, en grande hâte, et que je sautillais dans la boue, à travers ce chaos mouvant où la mort arrive au galop de tous les côtés à la fois, mon auréole, dans un mouvement brusque, a glissé de ma tête dans la fange du macadam. Je n’ai pas eu le courage de la ramasser. J’ai jugé moins désagréable de perdre mes insignes que de me faire rompre les os. Et puis, me suis-je dit, à quelque chose malheur est bon. Je puis maintenant me promener incognito, faire des actions basses, et me livrer à la crapule, comme les simples mortels. Et me voici, tout semblable à vous, comme vous voyez !
— Vous devriez au moins faire afficher cette auréole, ou la faire réclamer par le commissaire.
— Ma foi ! non. Je me trouve bien ici. Vous seul, vous m’avez reconnu. D’ailleurs la dignité m’ennuie. Ensuite je pense avec joie que quelque mauvais poëte la ramassera et s’en coiffera impudemment. Faire un heureux, quelle jouissance ! et surtout un heureux qui me fera rire ! Pensez à X, ou à Z ! Hein ! comme ce sera drôle ! »