Samedi soir, 18 novembre, c'était le vernissage de l'exposition 100 papiers + ou - dans la galerie de Caty et Raymond Galle. L'exposition se prolonge jusqu'au 3 décembre, pour les amateurs.
Beaucoup de monde pour ce vernissage. Dans la grande salle du bas, Jaimes. Oeuvres sur papier en noir et blanc. Papiers peints à l'huile, découpés et collés. Un travail minutieux et subtil tout en variations, qui captive le regard.
Pierre Vallauri heureux de montrer son travail exposé dans la grande salle du rez-de-chaussée. On aperçoit ses grandes compositions sur le mur du fond. Il joue à détourner des objets usuels en papier, en tirant parti de leurs qualités esthétiques et plastiques. Le blanc, mis en volume, organisé en grands reliefs monochromes, intrigue et séduit.
Jaimes, oeuvre sur papier et peinture à l'huile, en couleur, qui s'avère impossible à photographier car les fines rayures colorées se mettent à danser dans l'objectif. Toutefois, il s'en dégage une telle force, que je la montre. Elle est parfaitement à sa place dans cette pièce aux parois brutes. De mémoire, son titre contient le mot "chaotique", qui convient tout à fait à la tension observée dans les rapports colorés. Ci-dessous quelques "close-up" pour se rendre compte du travail de la couleur, mais aussi des pleins et des vides, des reliefs et des ombres. L'oeil est fortement sollicité !
Jaimes - (détail)
Odile Xaxa. Pas de crayon ni de matériaux tels que la peinture. Ici c'est le papier est fibre, abordé comme un textile et l'artiste joue de fil et d'aiguille pour évoquer par le dessin et les mots, des questions liées à l'humain. On trouve souvent des aphorismes qui établissent un dialogue avec le spectateur..
Delphine Poitevin, superpose photos et dessins dans une relation si subtile que l'on ne sait plus départager ce qui est reproduction mécanique du réel (photo) et intervention de la main de l'artiste (dessin par dessus la photo). Ici, elle joue aussi de l'architecture, la présence de grandes baies vitrées qui troublent la perception des images. Ses oeuvres sont souvent composées d'éléments négligeables ou négligés, des palissades éphémères, des débris, des rebuts abandonnés que le regard tend à éviter, à contourner. Elle les fait exister tout à fait, les souligne de ses traits aussi subtils que des ombres. Quelque chose de l'ordre du fantastique hante son travail.
Delphine Poitevin: photos glanées auprès d'objets abandonnés sur les trottoirs des villes. Elle choisit de photographier ce qui est aux antipodes de l'objet de valeur, pour faire son oeuvre : les objets que l'on a délaissé, abandonné, les encombrants.
Raymond Galle travaille sur un support papier qui lui est familier, le papier affiche de récupération, papier usagé et voué à être recouvert ou détruit, il est porteur de messages publicitaires, donc de signes de l'activité économique et marchande de notre société.
Ici, on découvre une oeuvre qui est un long ruban fabriqué avec des chutes d’affiches sur lesquelles un passage du livre de Lucrèce De la Nature a été recopié à la main. Le ruban, posé au sol peut évoquer à la manière du poème de Francis Ponge, "Le Cageot", la quantité de déchets générés par nos sociétés de consommation qui ont pourtant encore de la valeur et que l'on pourrait recycler :
"A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques. " Francis Ponge, Le parti pris des Choses.
En effet, Francis Ponge, Raymond Galle et Lucrèce, prennent littéralement parti pour les "choses", pour la nature tangile et sensible du monde qui nous entoure. De rerum natura, est un poème rédigé à la gloire d'Epicure et de sa philosophie, c'est une quête pour atteindre à la connaissance du monde et des phénomènes naturels, dans le but d'atteindre la tranquillité de l'âme. Dans l'installation de Raymond Galle, la connaissance de la nature, par où commence le respect, est à même le sol, on aurait presque pu la fouler au pied - mais, en réalité, n'est-ce pas que ce nous faisons ? La poésie est jetée aux orties, comme des paroles vaines, message brouillée. Mais ici, nous pouvons nous saisir du fil d'Ariane, retrouver le fil qui nous lie à la nature, pour sortir du labyrinthe ... Je fais le choix de traduire cette oeuvre à la manière d'une fable. Raymond Galle a construit son Oeuvre en étant attentif à l'environnement économique et social, à la Nature et au mouvement du Land Art.
Cette seconde oeuvre de Raymond Galle, à mi-chemin entre sculpture et tableau, est réalisée avec des chutes d’affiches empilées et présentées sur leur tranche qui forme surface. Détournement d'objet et détournement de sens, pour atteindre et magnifier la valeur esthétique et plastique du matériau. Le feuilletage légèrement coloré est étrange, il invite à porter la main pour en caresser la surface, comme on pose la main sur la texture d'un tronc d'un arbre. Il pointe aussi, par le changement d'angle, la vanité de nos représentations et de la valeur marchande des choses. L'épaisseur des affiches accumulées renvoie aux strates géologiques et nous interroge: que restera-t-il de toutes ces représentations superficielles quand le temps et la nature auront fait leur oeuvre ?
Quelques semaines encore pour aller voir toutes ces oeuvres qui valent le détour.
Détails pratiques:
Raymond Galle travaille sur un support papier qui lui est familier, le papier affiche de récupération, papier usagé et voué à être recouvert ou détruit, il est porteur de messages publicitaires, donc de signes de l'activité économique et marchande de notre société.
Ici, on découvre une oeuvre qui est un long ruban fabriqué avec des chutes d’affiches sur lesquelles un passage du livre de Lucrèce De la Nature a été recopié à la main. Le ruban, posé au sol peut évoquer à la manière du poème de Francis Ponge, "Le Cageot", la quantité de déchets générés par nos sociétés de consommation qui ont pourtant encore de la valeur et que l'on pourrait recycler :
"A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques. " Francis Ponge, Le parti pris des Choses.
En effet, Francis Ponge, Raymond Galle et Lucrèce, prennent littéralement parti pour les "choses", pour la nature tangile et sensible du monde qui nous entoure. De rerum natura, est un poème rédigé à la gloire d'Epicure et de sa philosophie, c'est une quête pour atteindre à la connaissance du monde et des phénomènes naturels, dans le but d'atteindre la tranquillité de l'âme. Dans l'installation de Raymond Galle, la connaissance de la nature, par où commence le respect, est à même le sol, on aurait presque pu la fouler au pied - mais, en réalité, n'est-ce pas que ce nous faisons ? La poésie est jetée aux orties, comme des paroles vaines, message brouillée. Mais ici, nous pouvons nous saisir du fil d'Ariane, retrouver le fil qui nous lie à la nature, pour sortir du labyrinthe ... Je fais le choix de traduire cette oeuvre à la manière d'une fable. Raymond Galle a construit son Oeuvre en étant attentif à l'environnement économique et social, à la Nature et au mouvement du Land Art.
Cette seconde oeuvre de Raymond Galle, à mi-chemin entre sculpture et tableau, est réalisée avec des chutes d’affiches empilées et présentées sur leur tranche qui forme surface. Détournement d'objet et détournement de sens, pour atteindre et magnifier la valeur esthétique et plastique du matériau. Le feuilletage légèrement coloré est étrange, il invite à porter la main pour en caresser la surface, comme on pose la main sur la texture d'un tronc d'un arbre. Il pointe aussi, par le changement d'angle, la vanité de nos représentations et de la valeur marchande des choses. L'épaisseur des affiches accumulées renvoie aux strates géologiques et nous interroge: que restera-t-il de toutes ces représentations superficielles quand le temps et la nature auront fait leur oeuvre ?
Détails pratiques:
exposition du 19 novembre au 3 décembre 2017
de 15h à 18h du jeudi au dimanche
et sur rendez-vous : 04 42 24 98 63
adresse: "Les Lamberts"
200rd10
13126 Vauvenargues
Raymond Galle:
Pierre Vallauri:
Ninon Anger:
Odile Xaxa:
Delphine Poitevin:
4 commentaires:
Merci Florence pour ces visuels et l'accompagnment critique de nos travaux . Un seul oubli concernant Raymond Galle qui outre le fait qu'il nous reçoit dans son lieu d'exposition extraordinaire présente deux travaux de papiers que nous ne connaissions pas.
Ambiance chaleureuse et amicale en cette "fraiche" soirée de Novembre.
Je suis heureux que 200 RD 10 nous ait accueilli de la sorte car dés le début de la création du collectif des "cents papiers +ou- " nous souhaitions que ce travail soit "nomade". C'st donc un bonheur de trouver ici une halte après le Musée Cévenol du Vigan, l'O.T. Galerie de la Roque d'Anthéron, et le chateau de Lourmarin.
A bientôt
Pierre à tout dit, je ne peux donc rajouter qu'un grand merci pour ta présence et ces belles photos
Merci Odile et Pierre,
je viens de compléter l'article, maintenant que j'ai des photos des deux oeuvres de Raymond.
Tu fais bien de rappeler le succès de ces créations autour, avec et dans le papier qui ont voyagé avec bonheur, hébergées dans de belles structures.
La galerie du 200rd10 convient particulièrement bien à la nature de vos travaux !
Me voilà rassuré ! Un oubli, si bref dans le temps de cette exposition, qui hélas ne dure qu'une semaine encore. Il t'a permis une analyse détaillée et potétique du travail de Raymond Galle qui déborde le papier pour aller vers les "rives" de la littérature et d la philosophie.
(Les papiers Rives Tradition se distinguent par la finition subtile et raffinée d'un grain feutre, disponibles en nuances de blancs, crèmes et couleurs foncées.)
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