lundi 16 octobre 2017

La galerie Est/Ouest expose Nina Tomàs, à Marseille


L'exposition  "Sens Uniques" qui a débuté le 3 octobre, se poursuit jusqu'au dimanche 29 octobre 2017.  Nina Tomàs est l'invitée de la Galerie ART EST OUEST, 22 cours Franklin Roosevelt à Marseille. 


La jeune artiste, actuellement en résidence à la Fondation Privée du Carrefour des Arts à Bruxelles, dont la reconnaissance dans le milieu de la peinture contemporaine s'affirme à chaque nouvelle  monstration de son travail, se voit proposer une exposition personnelle qui lui permet d'accrocher la plupart des oeuvres réalisées les quatre dernières années (période durant laquelle elle a obtenu un Master en Arts Plastiques à l'Université d'Aix-Marseille et un DNSEP à l'Ecole Nationale d'Art et de Design de Luminy, à Marseille).  

Nina Tomàs devant "Sens Uniques" -2016- six panneaux  200 x 150.

Avec cette peinture en six panneaux, vue en 2017 à la Fondation Yvon Lambert à Avignon, Nina Tomàs a remporté le prix  de l'ESADMM de Marseille. Cela pour dire la satisfaction que  l'originalité de son travail, ses qualités plastiques et esthétiques  aient été récompensées, d'autant plus que dans les écoles d'art françaises, ce n'est pas l'enseignement de la peinture qui a le vent en poupe, depuis quelques décennies. La suprématie de l'enseignement des arts multimédias n'empêche heureusement pas  la pratique de la peinture chez certains jeunes artistes, dont la démarche apparaît aujourd'hui comme un certain militantisme.
J'ai rencontré Nina Tomàs par le biais de l'Association Perspectives, à l'occasion d'appels à projets pour les expositions "Figure du double: métamorphoses" (2014-2015) et "Limites / Limites" (2016). Le soir du vernissage à la Galerie Est/ouest, plusieurs artistes membres de l'Association Perspectives étaient d'ailleurs présents pour soutenir le travail de Nina.

A gauche: "Sens Uniques VII" - 2017- 200 X 150 .   A droite: "Echange muet"  -2015-  175 x 50 et 210 x 75  

"Dame en piques" 2014 - 2015,  200 x 200

Les peintures, tantôt sur toiles tendues sur châssis et tantôt sur toiles libres, laissent parfois apparaître  la couleur grège de la toile de lin brute. Les compositions  intègrent divers matériaux, comme des collages ou des ajouts de tissus imprimés à motifs répétitifs et la manière de peindre associe diverses techniques et médiums: acrylique,  pastels, crayons, feutres, fusain,  graphite ... A priori, Nina Tomàs joue de l'accumulation des possibles pour les dompter, en démonter certains systèmes, les trier et choisir ceux  parmi  lesquels, par jeu de couleurs, de formes, d'échelles, elle peut tracer son chemin d'artiste peintre.

La profusion des matériaux et des techniques n'empêche pourtant pas l'oeil de circuler avec fluidité dans une multitude de parcours possibles, organisés sur la surface de la toile comme à la surface d'un épiderme, mais encore dans les couches plus intimes d'une anatomie qui se dévoile en tubes, organes, systèmes, masses de densités et d'élasticités diverses, jusqu'à révéler la matière dure ou l'os. 

Les aplats de peinture acrylique construisent des zones franches où le regard accroche.  Nina Tomàs excelle dans la composition.  Les couleurs semblent moins éclatées que déployées sur l'ensemble des six panneaux de "sens uniques", se propageant d'une toile à l'autre, s'appropriant les surfaces vierges  dans un mouvement d'expansion fluide qui a du souffle.   A la surface ou en périphérie de ces masses colorées qui focalisent le regard,  le dessin se concentre par endroit, créant des points forts d'intérêt, comme des noeuds.  On reconnaît souvent des anatomies, le corps mis à nu, écorché, révélant les organes internes que seule la douceur du grain du dessin peut esthétiser.  

Quel que soit le point où l'oeil accroche,  le regard est pris par le processus de la composition qui semble aller de l'avant dans un mouvement continu  passant par un  réseau de tubes, de fils, de formes qui ont  le don de s'estomper, de disparaître, pour  resurgir ailleurs. Une peinture dont le dessin  semble engendré par la matière support, s'y fondre, avant de muter et de perturber l'ordre momentanément établi.  Une oeuvre  qui  semble s'inventer au fil de la création, avec la même logique que  les jeux de cadavre exquis. 

Je recommande vivement à quiconque est touché par les quelques photos des oeuvres montrées ici de découvrir le travail de Nina Tomàs sur place, avant le dimanche 29 octobre.  Ensuite, Nina rejoindra la résidence d'artiste de Bruxelles où elle a, pour une durée de neuf mois,  un bel atelier à sa disposition.  
Pour découvrir et suivre le travail de l'artiste, il faut visiter son site: http://www.ninatomas.com/

 Oeuvre pour laquelle je n'ai pas relevé le titre...

 "Fuite paradoxale" -2014- gravures de 40 x 40, pointe sèche et graphite sur papier japonais


"Arrêt maniaque" -2016-  105 x 160, dessin sur papier (crayons, feutre, pastels, fusain, collage)

"Arrêt maniaque", détail

Quelques liens utiles:
Galerie Est/Ouest, 22 cours Franklin Roosevelt à Marseille: http://art-est-ouest.org/


2 commentaires:

pierre vallauri a dit…

Oui, bienlu et bien vu. La qualité critique de l'approche de son oeuvre, qui semble se déployer bien mieux qu'à la Fondation Lambert, donne très envie d'aller voir son travail.
Par ailleurs, la durée de neuf mois de sa future résidence Bruxelloise est symbolique. Elle semble "porteuse" d'une oeuvre encore plus brillantequi nous sera restituée ici ou là, j'espère.

Flo Laude a dit…

Merci pour Nina Tomàs, Pierre. Comme toi, j'espère que le fruit de son travail bruxellois donnera lieu à une/des expo(s)... Je lui souhaite bonne chance, parce que le talent est là !