Canal de la Loire à Chambilly. août- Saône-et-Loire (71)
On a beaucoup parlé du temps et surtout du mauvais temps cet
été. Objectivement, le temps était
surprenant pour la saison, frais, humide.
En Provence, il est d’usage, de la mi-juillet au quinze août, de ne pas
se préoccuper du ciel, bleu à demeure. Un bleu immaculé, un bleu vierge, un bleu
sans tache. L’été, je ne me demande pas quel temps il fait en ouvrant les yeux
( je ne ferme jamais mes volets pour dormir, seulement les paupières), j’ai la
certitude ( on me concèdera cette légère exagération qui omet les exceptions)
d’une belle et chaude journée à venir. J’invite, je projette, je fais des plans nature sans
user du conditionnel.
On dit d’une journée sans nuage, que c’est une belle
journée, mais un ciel sans nuage est-il un beau ciel ? Un ami m’a surprise un jour en m’affirmant
que les ciels de Provence, absolument bleus, sont ennuyeux, fades et sans
relief. Je croyais que tout le monde nous les enviait ! Il leur préférait de loin les ciels où
paissent de paisibles troupeaux de
nuages. Il leur préférait les ciels d’acier où le lasso qui claque fait
retentir le galop d’une cohorte moutonnante lancée à perdre haleine au son des
roulements de tambour. Il aimait le ciel quand il est d’encre et de feu.
Un ciel bleu est-il un monochrome, un tableau qui relève du
plan plus que du relief ? Mon ami
aurait-il raison ? Un ciel de grand beau temps serait-il un ciel plat,
comme on le dit d’un type sans personnalité ? Ô cieux azurés au silence
condamnés ! Un ciel nuageux qui
compose, décompose et propose une réalité abstraite et mouvante (émouvante,
sans conteste), serait-il une partition lyrique baroque et pourquoi pas
symphonique ? Un ciel rock risquerait de nous tomber sur la tête. Mais le silence est bien de la musique aussi,
et le plan un espace différent, mais non
de moindre intérêt que la 3D.
Parfois, j’aime fixer un petit nuage égaré un le bleu d’un ciel
pur, vidé. Comment est-il arrivé là, lui qui ne tarde
pas à disparaître tout à fait, noyé dans
ce trop de bleu ?
3 commentaires:
Je ne me lasse pas du ciel bleu Provence. Beaucoup de peintres ont pris pour motifs des cieux "nuageux", comme pour remplir l'espace de la toile et la rendre mouvante (émouvante comme tu dis!). Vu cet été l’œuvre de
Henri Le Sidaner (qui a vécu à Gerberoy dans l'Oise au siècle dernier)qui a peint, sous forme sérielle, des cieux magnifiques... avec de beaux cumulus nimbus. On se rappelle aussi l'exposition "Nuages" vue au Musée Réattu l'an dernier. Vive les nuages qui passent et donnent l'opportunité d'une belle photo.
Il m'est revenu en mémoire le travail d'un artiste belge Michel PEETZ. En suivant ce lien tu trouveras d'autres nuages: http://www.peetz.be/cutlog/actualites/le_temps_se_gate/Le_Temps_se_gate.pdf.
Dans son cas le temps ne se gâte pas vraiment, à mon sens.
Merci pour ce dialogue qui permet de partager, Pierre.
H. le Sidaner est un vrai impressionniste.
Il faut prendre le temps d'entrer dans les projets de M. Peetz, cela semble très intéressant !
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