Pablo- 1. Max Jacob, album de Julie Birmant et Clément Oubrerie, publié chez Dargaud, laisse comprendre que le personnage principal serait Pablo Picasso, en second lieu, le poète et ami du peintre, Max Jacob, rencontré à Montmartre, quand, à dix-neuf ans, il arrive à Paris, au moment où l'Exposition Universelle ferme ses portes.
En réalité, le scénario de l'album a été travaillé à partir des écrits autobiographiques de Fernande Olivier, modèle qui posa pour de nombreux d'artistes montmartrois, que Picasso rencontra en même temps que Guillaume Apollinaire et Max Jacob au Bateau Lavoir en 1904, dont il peignit plus d'une centaine de portraits . Leur relation prit fin en 1912. On trouve deux livres de Fernande Olivier, Souvenirs intimes, Stock 1933 et Picasso et ses amis, Stock 1945. Ce premier tome, qui sera bientôt suivi de la rencontre entre Picasso et Guillaume Apollinaire, entremêle l'histoire personnelle de Fernande, née Amélie et celle de Picasso à son arrivée à Paris. Les dessins ont la force, le réalisme et tout à la fois l'émotion nécessaires pour nous emporter dans le vivant Paris du début du XXe siècle. Le récit historiquement très documenté est vraiment intéressant pour qui aime à cheminer parmi les artistes de ce début de siècle, il est imprégné des textes poétiquement mélancoliques de Verlaine et Rimbaud :
"Mais, vrai, j'ai trop pleuré! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce, et tout soleil amer. L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate! Ô que j'aille à la mer". (Rimbaud)
"Roule, roule ton flot indolent, morne Seine
Sous tes ponts qu'environne une vapeur malsaine
Bien des corps ont passé, morts, horribles, pourris,
Dont les âmes avaient pour meurtrier Paris".(Verlaine)
"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin
Où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.
Un soir j'ai assis la Beauté sur mes genoux.
-Et je l'ai trouvée amère. -Et je l'ai injuriée."(Rimbaud)
Sous tes ponts qu'environne une vapeur malsaine
Bien des corps ont passé, morts, horribles, pourris,
Dont les âmes avaient pour meurtrier Paris".(Verlaine)
"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin
Où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.
Un soir j'ai assis la Beauté sur mes genoux.
-Et je l'ai trouvée amère. -Et je l'ai injuriée."(Rimbaud)
...
Mais, pourquoi aucune ligne de la main de Max Jacob? Son influence dans la transformation de Picasso, qui, de peintre doué mais un peu "commercial" et "superficiel" devient celui plus réfléchi, plus nostalgique et profond de la période rose qui précède les Demoiselles d'Avignon est bien montrée, la personnalité de Max Jacob est cernée, mais il est vraiment dommage de ne pas le citer.
J'ai aimé cet album à proportion que j'aime ce (et ceux) dont il parle, toutefois, le scénario qui a l'ambition de raconter la vie de Fernande Olivier avant sa rencontre avec Picasso et celle de ce dernier durant les quatre ans qu'il passe à Paris est louable, mais peine un peu à échapper à la confusion des récits rétrospectifs croisés, et les péripéties dans lesquelles se démène la belle Fernande avant d'arriver au Bateau Lavoir ne parviennent pas à m'accrocher autant que celles qui rythment la vie du peintre et de ses pairs. Mais, l'intérêt pour la période et les protagonistes qui apparaissent au fil des pages est tel que l'album se lit avidement.
Malgré des options graphiques très différentes, j'ai pensé à Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet, et à l'instant c'est Gradimir Smudja avec Vincent et Van Gogh ou Le Bordel des Muses (le Moulin Rouge) , qui me vient à l'esprit.
Trois tomes à venir : Guillaume Apollinaire, Gertrude Stein et Georges Braque...
Bonne lecture ... et merci pour ce beau cadeau !
Plus d'informations sur Max Jacob :
Les cahiers de Max Jacob (cliquez )
Le site de l'association des amis de Max Jacob (cliquez)
J'ai aimé cet album à proportion que j'aime ce (et ceux) dont il parle, toutefois, le scénario qui a l'ambition de raconter la vie de Fernande Olivier avant sa rencontre avec Picasso et celle de ce dernier durant les quatre ans qu'il passe à Paris est louable, mais peine un peu à échapper à la confusion des récits rétrospectifs croisés, et les péripéties dans lesquelles se démène la belle Fernande avant d'arriver au Bateau Lavoir ne parviennent pas à m'accrocher autant que celles qui rythment la vie du peintre et de ses pairs. Mais, l'intérêt pour la période et les protagonistes qui apparaissent au fil des pages est tel que l'album se lit avidement.
Malgré des options graphiques très différentes, j'ai pensé à Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet, et à l'instant c'est Gradimir Smudja avec Vincent et Van Gogh ou Le Bordel des Muses (le Moulin Rouge) , qui me vient à l'esprit.
Trois tomes à venir : Guillaume Apollinaire, Gertrude Stein et Georges Braque...
Bonne lecture ... et merci pour ce beau cadeau !
Plus d'informations sur Max Jacob :
Les cahiers de Max Jacob (cliquez )
Le site de l'association des amis de Max Jacob (cliquez)
"Les manèges déménagent,
Ah ! Vers quels mirages ?
Dites pour quels voyages
Les manèges déménagent."
Ah ! Vers quels mirages ?
Dites pour quels voyages
Les manèges déménagent."
(Pour les enfants et les raffinés - Max Jacob)
Et puis quand même, un lien vers le site des éditions Dargaud, pour une présentation officielle de l'album où on y apprend que Clément Oubrerie sera en dédicace à Marseille à la Réserve à bulles le 28 mars ...à vos agendas!