le blog de florence laude "L'artiste nous prête ses yeux pour contempler le monde" Arthur Schopenhauer
mardi 28 juin 2011
Antoni Clavé
Antoni Clavé, peintre catalan né à Barcelone en 1913 et mort en 2005 à Saint-Tropez.
C'est en 1930 qu'il entre à l'école des Beaux-Arts de Barcelone. Réfugié à Paris pendant la guerre civile, il devient peintre décorateur pour le théâtre et illustrateur. Il rencontre Picasso en 1944 et c'est une révélation pour lui, il se met ensuite à peindre avec acharnement et décide en 1954 d'arrêter la décoration pour se consacrer exclusivement à la peinture. Il quitte ensuite Paris pour s'installer à Saint-Tropez.
On peut lire ici un article paru dans Confluences des Arts.
Plusieurs de ses oeuvres sont actuellement exposées au Musée Granet à Aix, parmi celles de la Collection Planque. Plus d'informations sur cette exposition temporaire du Musée, à lire ici.
dimanche 26 juin 2011
robert blanc, création d'un blog
http://robertblanc.blogspot.com/
bonne visite !
En rappel, un article que j'avais écrit à l'occasion d'une exposition de Robert Blanc à la Brasserie de la Mairie, en février 2010, à relire ICI
Sur le blog on peut regarder une vidéo tournée lors de la dernière exposition de Robert Blanc à la Galerie Lélia Mordoch, 50 rue Mazarine à Paris. On peut aussi y accéder rapidement en cliquant ICI
vendredi 24 juin 2011
theâtre de la récréation
cloître du lycée professionnel Vauvenargues
60 bd Carnot
Aix-en-Provence
Mise en scène Nathalie Pelinq
avec Michelle Bonnet, Cathy Ferrand-Gallay, Raphaël Gimenez, Julia Labarbe, Michel Morin, Priscilla Piston.
Trois pièces de Daniel KEENE
durée du spectacle 1h30
Entrée 10€ - tarif réduit 5€
Tél (renseignements) 06 22 41 90 26
Ô, humaine condition ...
Jupiter veut séduire Alcmène qui est résolument fidèle à Amphitryon, son mari. Pour l’approcher et parvenir à ses fins, il lui faut donc éloigner celui-ci en l’envoyant à la guerre et prendre son apparence tandis que Mercure prendra celle de Sosie, le serviteur d’Amphitryon. Jupiter achève sa métamorphose avant de se présenter devant Alcmène.
MERCURE : C’est votre corps entier qui doit être sans défaut… Venez là, à la lumière, que je vous ajuste votre uniforme d’homme… Plus près, je vois mal.
JUPITER : Mes yeux sont bien ?
MERCURE : Voyons vos yeux… Trop brillants… Ils ne sont qu’un iris, sans cornée, pas de soupçon de glande lacrymale ; - peut-être allez-vous avoir à pleurer ; - et les regards au lieu d’irradier des nerfs optiques, vous arrivent d’un foyer extérieur à vous à travers votre crâne… Ne commandez pas au soleil vos regards humains. La lumière des yeux terrestres correspond exactement à l’obscurité complète dans notre ciel… Même les assassins n’ont là que deux veilleuses… Vous ne preniez pas de prunelles, dans vos précédentes aventures ?
JUPITER : Jamais, j’ai oublié… Comme ceci, les prunelles ?
MERCURE : Non, non, pas de phosphore1… Changez ces yeux de chat ! On voit encore vos prunelles au travers de vos paupières quand vous clignez… On ne peut se voir dans ces yeux-là… Mettez-leur un fond.
JUPITER : L’aventurine2 ne ferait pas mal, avec ses reflets d’or.
MERCURE : À la peau maintenant !
JUPITER : À ma peau ?
MERCURE : Trop lisse, trop douce, votre peau… C’est de la peau d’enfant. Il faut une peau sur laquelle le vent ait trente ans soufflé, qui ait trente ans plongé dans l’air et dans la mer, bref qui ait son goût, car on la goûtera. Les autres femmes ne disaient rien, en constatant que la peau de Jupiter avait goût d’enfant ?
JUPITER : Leurs caresses n’en étaient pas plus maternelles.
MERCURE : Cette peau-là ne ferait pas deux voyages… Et resserrez un peu votre sac humain, vous y flottez !
JUPITER : C’est que cela me gêne… Voilà que je sens mon cœur battre, mes artères se gonfler, mes veines s’affaisser… Je me sens devenir un filtre, un sablier de sang… L’heure humaine bat en moi à me meurtrir. J’espère que mes pauvres hommes ne souffrent pas cela…
MERCURE : Le jour de leur naissance et le jour de leur mort.
JUPITER : Très désagréable, de se sentir naître et mourir à la fois.
MERCURE : Ce ne l’est pas moins, par opération séparée.
JUPITER : As-tu maintenant l’impression d’être devant un homme ?
MERCURE : Pas encore. Ce que je constate surtout, devant un homme, devant un corps vivant d’homme, c’est qu’il change à chaque seconde, qu’incessamment il vieillit. Jusque dans ses yeux, je vois la lumière vieillir.
JUPITER : Essayons. Et pour m’y habituer, je me répète : je vais mourir, je vais mourir…
MERCURE : Oh ! Oh ! Un peu vite ! Je vois vos cheveux pousser, vos ongles s’allonger, vos rides se creuser… Là, là, plus lentement, ménagez vos ventricules. Vous vivez en ce moment la vie d’un chien ou d’un chat.
JUPITER : Comme cela ?
MERCURE : Les battements trop espacés maintenant. C’est le rythme des poissons… Là… là… Voilà ce galop moyen, cet amble3, auquel Amphitryon reconnaît ses chevaux et Alcmène le cœur de son mari…
JUPITER : Tes dernières recommandations ?
MERCURE : Et votre cerveau ?
JUPITER : Mon cerveau ?
MERCURE : Oui, votre cerveau… Il convient d’y remplacer d’urgence les notions divines par les humaines… Que pensez-vous ? Que croyez-vous ? Quelles sont vos vues de l’univers, maintenant que vous êtes homme ?
JUPITER : Mes vues de l’univers ? Je crois que cette terre plate est toute plate, que l’eau est simplement de l’eau, que l’air est simplement de l’air, la nature la nature, et l’esprit l’esprit… C’est tout ?
MERCURE : Avez-vous le désir de séparer vos cheveux par une raie et de les maintenir par un fixatif ?
JUPITER : En effet, je l’ai.
MERCURE : Avez-vous l’idée que vous seul existez, que vous n’êtes sûr que de votre propre existence ?
JUPITER : Oui. C’est même très curieux d’être ainsi emprisonné en soi-même.
MERCURE : Avez-vous l’idée que vous pourrez mourir un jour ?
JUPITER : Non. Que mes amis mourront, pauvres amis, hélas oui ! Mais pas moi.
MERCURE : Avez-vous oublié toutes celles que vous avez déjà aimées ?
JUPITER : Moi ? Aimer ? Je n’ai jamais aimé personne ! Je n’ai jamais aimé qu’Alcmène.
MERCURE : Très bien ! Et ce ciel, qu’en pensez-vous ?
JUPITER : Ce ciel, je pense qu’il est à moi, et beaucoup plus depuis que je suis mortel que lorsque j’étais Jupiter ! Et ce système solaire, je pense qu’il est bien petit, et la terre immense, et je me sens soudain plus beau qu’Apollon, plus brave et plus capable d’exploits amoureux que Mars, et pour la première fois, je me crois, je me vois, je me sens vraiment maître des dieux.
MERCURE : Alors vous voilà vraiment homme !… Allez-y !
Mercure disparaît.
mardi 21 juin 2011
lundi 20 juin 2011
America (west side story)
Le film musical West Side Story (1961) de Jérôme Robbins et Robert Wise est adapté de la comédie musicale de Léonard Bernstein et Arthur Laurents. Inspiré de la pièce Roméo et Juliette de William Shakespeare.
Nathalie Wood, Rita Moreno, Richard Beymer, George Chakiris, principaux acteurs.
mardi 14 juin 2011
storm on Sm'art exhibition
Orages diluviens, grêle et trombes d'eau se succédèrent quatre jours durant, transformant la scène en champ boueux... Rares furent donc les amateurs d'art qui bravèrent le déluge pour venir patauger dans les allées inondées ... même si les artistes étaient au rendez-vous !
Alain Paire, galeriste de la Rue de Puits Neuf qui devait exposer peintres, photographes et sculpteurs (rappel de l'article précédent ici), décida qu'il serait bien imprudent de soumettre les oeuvres sur toile et sur papier à une telle humidité ( l'eau ruisselait le long des panneaux de bois... ) . Le jeudi en fin de matinée, décision était prise de n'exposer que les sculpteurs Georges Guye et Myriam Paoli dont le travail ne souffrirait pas de ces conditions pour le moins particulières....
Georges Guye installa une série tout à fait substantielle et nourrissante, inspirée de denrées comestibles locales telles que les beignets d'anchois et de fleurs de courgettes, les figues, le haricot géant et la poissonnière Midi et demi sur le vieux port, que certains reconnurent avoir pour modèle Christiane, poissonnière sur le vieux port à Marseille. Exubérante blonde aux cheveux de coraux ? Gorgone des quais, à son tour pétrifiée ? Femme de caractère qui connaît son affaire? Diva du soleil qui hèle le chaland, il est frais mon poisson, il est frais!
Ces modèles à grande échelle suscitèrent beaucoup de curiosité et d'enthousiasme !
Alain Paire commente la sculpture du haricot géant en résine qui eut un grand succès !
Dans l'autre partie du stand , Myriam Paoli exposait ses volumes sculptés en fil de fer.
On aperçoit ici plusieurs sculptures, figuratives, natures mortes ou vanités composées de bouteilles et de verres, objets du quotidien tels que des chaussures, visages inclus dans des cubes aériens....
Là, une chemise dessinée en volume semble sortie d'un carnet de croquis...
Et cette magnifique pièce, grand cylindre constitué de modules équivalents, livres ou briques, évoquant les fondations d'une tour de Babel ou d'une bibliothèque sans fin... Volumes et lignes plus géométriques et plus abstraits, dont l'entrelacs organisé mais vivant profite de la moindre occasion et d'un furtif rayon de soleil pour projeter son dessin immatériel.
Voilà donc les images d'un rendez-vous Sm'art perturbé auquel je me faisais une joie d'être associée si le temps n'en avait décidé autrement... Il y eut un soir, il y eut un matin, il y eut un firmament au milieu des eaux qui sépara les eaux d'avec les eaux et il en fut ainsi...
Niki de Saint Phalle Schießbilder, 1961
Quelques rapprochements entre l'art de la destruction et la destruction de l'art ...
Niki affirme, je suis devenue une terroriste en art.
J'ai toujours été fascinée par cette partie de l'oeuvre de Niki de Saint Phalle. Ici avec son compagnon Tinguely dans le désert du Nevada.
Un lien est fait dans le film entre les essais de la bombe atomique et ses expérimentations qu'il est devenu nécessaire, dit-elle, à un certain point, de faire cesser.
Je joins quelques autres extraits de films...
Les commentaires du court Les tirs de Niki de Saint Phalle me semblent ironiques ... quant au film d'Antonioni il est à voir dans la perspective des deux premiers.
Ces trois films datent des années 60-70.
Un regard en arrière qui peut nourrir une réflexion actuelle sur le nucléaire, est-il besoin de le souligner?
Zabriskie point - Scena finale
Zabriskie Point est un film de Michelangelo Antonioni, sorti en 1970.
Une étudiante idéaliste et un militant plus radical se croisent dans la vallée de la mort pendant les troubles étudiants des années 1960 aux Etats-Unis.
Tandis que la contestation grandit dans les milieux universitaires de Los Angeles, Mark achète un revolver. Il est témoin d'une fusillade au cours de laquelle un étudiant noir est abattu par un policier. Mark s'apprête à riposter, mais quelqu'un tire avant lui. Le policier est tué. Craignant d'être poursuivi pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Mark s'enfuit en volant un petit avion de tourisme. Il survole la route qui mène à la vallée de la Mort. Il aperçoit une voiture conduite par Daria, secrétaire d’un promoteur immobilier qu'elle va rejoindre près de Phoenix. Le ballet amoureux que l'avion effectue au-dessus de son véhicule amuse la jeune fille.
Mark et Daria se rencontrent à Zabriskie Point et s'aiment dans les dunes. Les deux jeunes gens reprennent leurs routes respectives. Mark a décidé de ramener l'avion volé à son propriétaire ; il est abattu par la police lorsqu'il atterrit. Daria apprend par la radio la mort de son ami. Elle se rend dans la luxueuse demeure où l'attend son patron et décide finalement de fuir. Elle imagine alors l'explosion de la villa, une vision dans laquelle sont pulvérisés les objets qui symbolisent la société de consommation. Daria repart seule dans le soleil couchant. (Wikipédia)
Musique, Pink Floyd.
La scène des objets tournoyant comme en apesanteur est d'une beauté abstraite et tout à la fois d'une franche violence ...
dimanche 12 juin 2011
Où est Paul ?
Je suis partie pour rouler. Pas envie de mettre pied à terre. Et puis, qu'est-ce qu'elle pourrait bien me vouloir?
Elle me dit quelque chose que j'entends à peine, incompréhensible. Je passe.
Comment ce petit grain de lassitude, ce trop plein de moi, peut-il me fermer à l'autre? Il y a de la violence à ignorer une question. Shame... Je rebrousse chemin.
-Vous m'avez posé une question?
-Où est Paul? La boulangerie Paul.
-C'est loin, trop loin pour y aller à pied.
-J'habite la résidence Eléonore, à l'accueil on m'a indiqué qu'il me faudrait prendre à gauche au rond point.
-C'est exact, il faut marcher jusqu'au rond point et prendre à gauche, ensuite c'est presque à un kilomètre, mais c'est un chemin trop long pour vous, c'est impossible. Il y a en a une plus près, en direction du stade.
-Non, c'est chez Paul que je dois aller.
-Ce n'est pas raisonnable, impossible vous dis-je.
-Mais, mademoiselle ou madame... Madame? Mademoiselle?
-Madame.
-J'en suis capable!
Elle baisse les yeux sur mon vélo.
-Vous savez, quand j'avais quinze ans, j'en faisais moi! Je faisais même de la piste !
Je confirme une nouvelle fois l'itinéraire en lui souhaitant bonne...route! Me revient aussitôt à l'esprit qu'il n'est pas rare quand je demande mon chemin que l'on me renseigne en m'affirmant que c'est loin, très loin, vraiment très loin, impossible d'y aller à bicyclette! Personne ne sait de quoi l'autre est capable ... au delà des apparences et des représentations qui tuent plus certainement que les années qui passent.
Paul, maison de qualité fondée en 1889.
(1)je rectifie, elle portait en fait un pantalon blanc, ce qui en disait peut-être déjà long sur l'esprit moderne de cette femme... Faut-il attribuer aux préjugés la défaillance de ce souvenir?
vendredi 10 juin 2011
Bob Dylan - I want you
Bob Dylan - I want you (cliquez sur ce lien pour accéder à la chanson)
Cette romance extrêmement joyeuse est parue sur l'album Blonde on Blonde en 1966 ! Laissez-vous entraîner ...
jeudi 2 juin 2011
une force de la nature
Quand l'homme aura disparu, la Terre sera kitsch et colorée, un article lu ce matin sur le journal d'information en ligne de Rue 89, à lire ici (ou à découvrir en cliquant sur l'image)
Chris Morin, un photographe de 43 ans qui tient un blog que l'on peut rejoindre en cliquant là. Il voyage, photographie des lieux urbanisés très connus et se plaît à les imaginer ( au sens propre de les mettre en image...) dans un futur indéterminé, lorsque l'homme aura disparu de la surface de la terre.... La Nature y aura repris ses droits, sans violence, transformant avec esthétisme le fer, le béton et les vitres . C'est original et cela fait un peu rêver .... on est content d'envisager ce qu'aucun homme ne verra jamais puisqu'il le situe dans un futur sans humanité. Je ne peux cependant m'empêcher de rapprocher son imaginaire de celui de nos architectes et paysagistes contemporains dont le propos est déjà de mettre du vert dans nos villes; de repenser l'espace urbain in green....par exemple le français Edouard François (voir son site ici) et puis celui d'une amie Kim Van der Leest (à voir là) qui travaille depuis des années à penser l'urbain de façon humaine et naturelle ... Des idées à méditer .... pour transformer dès à présent nos villes en jungles.... et survivre à notre disparition annoncée !
Cet article m'a aussi rappelé la préoccupation qui était la mienne lorsque j'avais répondu à la proposition de l'ami et artiste Raymond Galle pour l'exposition Exubérance Végétale en 2010, à revoir ici et encore là ....
je montre le détail de certaines photos sur lesquelles j'étais intervenue avec des encres, des feutres, de la peinture acrylique, après développement, pour créer des perturbations dans l'ordre architectural, envisager des ramifications, des exubérances, des protubérances bourgeonnantes ....
Les photos étaient épinglées à même le mur. Ici était le point de départ de la ramification que j'avais organisée comme un parcours dans les rues d'une ville.... Cette ramification en réseaux - rues et végétation - était symbolisée ou reprise par un maillage de fils verts qui recouvrait l'ensemble de l'installation.
Imbrication des végétaux et des constructions dans une harmonie visuelle et esthétique ... (remarque, le sanglier que l'on aperçoit est une référence à un sanglier qui s'était effectivement introduit dans la ville cette année là, et n'est pas sans faire penser aux girafes, lions et animaux sauvages réintroduits par Chris Morin)
brouillages,
l'embroussaillage .... un phénomène qu'il faut importer dans la ville pour la rendre moins lisse ... et qu'elle nous fasse encore rêver .
Contamination des nouveaux quartiers bétonnés par le vert !