Lettre de Madame de Sévigné à Coulanges
3 février 1695
Mme de Chaulnes me mande que je suis trop heureuse d'être ici avec un beau soleil; elle croit que nos jours sont cousus d'or et de soie. Hélas mon cousin, nous avons cent fois plus froid ici qu'à Paris. Nous sommes exposés à tous les vents. C'est le vent du midi, c'est la bise, c'est le diable, c'est à qui nous insultera; ils se battent entr'eux pour avoir l'honneur de nous renfermer dans nos chambres. Toutes nos rivières sont prises, le Rhône, ce Rhône si furieux n'y résiste pas. Nos écritoires sont gelées ; nos plumes ne sont plus conduites par nos doigts, qui sont transis. Nous ne respirons que la neige; nos campagnes sont charmantes dans leur excès d'horreur. Je souhaite tous les jours un peintre pour bien représenter l'étendue de toutes ces épouvantables beautés.Contez un peu cela à notre duchesse de Chaulnes, qui nous croit dans ces prairies, avec des parasols, nous promenant à l'ombre des orangers.
Lettre écrite par la Marquise de Sévigné à un parent ( Coulanges) depuis Grignan où elle était venue rejoindre sa fille Françoise épouse du Marquis de Grignan.
2 commentaires:
Titre parfait, cette lettre est une merveilleuse citation que je recopie et que j'envoie à d'autres amis. Une pensée vive pour les montagnes et les neiges qui entourent Grignan. Grâce au ciel, ton écritoire et tes mains ne sont pas gelées, bonne journée à toi, A.P
Merci Alain. Mes souvenirs de Grignan et de son arrière pays sont plutôt écrasés par la chaleur d'été et de ses montagne, oui. Quelle localité magnifique!
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