"Ici la culture est partout", est le slogan qui orne les dépliants offerts aux visiteurs de la galerie d'art du Conseil Général que beaucoup d'aixois ont l'habitude de fréquenter. Plus pour longtemps ! Bientôt, ce lieu ne sera plus, le Conseil Général décide de retirer ses billes ! Alors, les expositions déserteront l'hôtel de Castillon et le cours Mirabeau.
Jeudi 19 juin a eu lieu le dernier vernissage organisé par le Conseil Général, dans ce lieu ouvert en 1995, autour d'une exposition "L'oeuvre photographiée, les ateliers d'artistes, de Picasso à Warhol".
Je l'ai appris il y a un mois environ. Et ce ne serait pas le seul lieu d'art sacrifié sur l'autel des économies ! Le domaine départemental du Château d'Avignon, aux Saintes-Maries-de-la Mer (prochaine exposition "Le domaine des murmures #1", à partir du 10 juillet) devrait également fermer en 2016, à l'issue du "domaine des murmures #2".
La galerie d'art du Conseil Général se trouve au numéro 21 du cours Mirabeau, donc au coeur de la ville et, quoi que l'on ait à faire, un rendez-vous, des courses, aller au cinéma, retrouver des amis pour prendre un verre, on a souvent le temps d'y entrer pour cinq à dix minutes et parcourir l'expo du moment. On peut aussi s'y attarder pour la savourer par le menu !
Ainsi, il est plus que fréquent d'aller voir plusieur fois chacune des expos. La situation exceptionnelle de la galerie, sa gratuité, la grande diversité et la qualité des expositions qui y sont présentées, tout contribue à rendre ce lieu populaire, vivant et très fréquenté. Y passer, c'est une bouffée d'oxygène pour la journée, tant la culture et l'art sont effectivement des ferments pour nos vies. A l'instar de ce que Picasso dit à propos de l'atelier pour le peintre : "quel que soit l'entourage, l'atelier devient la substance de nous-mêmes, il déteint sur nous", la galerie devient pour le visiteur sa substance et l'influence. Cette citation de Picasso est inscrite sur les murs de l'exposition actuelle. Elle voisine avec d'autres citations qui ont un goût amer, tant ce qu'on nous offre est précieux et nous manquera irrémédiablement dès l'instant qu'on nous l'enlèvera !
Je considère que ces décisions vont, en outre, contribuer à précariser nombre de personnes, les employés de ces structures, les intermédiaires ( éditeurs, concepteurs, graphistes, imprimeurs etc...), et tous les artistes auxquels ont porte atteinte en leur ôtant une de leurs fenêtres sur le monde, sur la cité. La galerie est un lieu de passage, elle est aussi un espace pour les passeurs que sont les créateurs d'oeuvres.
J'espère que d'autres partageront mon indignation et voudront bien engager quelque chose, témoigner, écrire, faire une pétition, créer, manifester pour que l'on revienne sur ces décisions de fermetures. Fermer un lieu qui rencontre un tel succès auprès de la population est inconcevable. Certainement d'autres choix sont possibles pour permettre à ces structures de continuer à vivre et à faire vivre. Il faut manifester une volonté d'y travailler pour y parvenir.
D'autres en ont parlé. Le magazine Zibeline rapporte les faits sous la plume de Marie Godfrin-Guidicelli ici
Alain Paire y a également consacré une chronique ici, encore .dans le webradio Zibeline.
Il faudrait que nos voix se rassemblent pour soutenir une protestation et demander que ces décisions soient reconsidérées.
Je l'apprends, une pétition est activée. On peut la signer en cliquant sur ce lien:
https://www.change.org/fr/pétitions/aux-élus-du-conseil-général-des-bouches-du-rhône-renoncez-à-la-fermeture-de-deux-lieux-d-exposition-et-de-création-d-art-contemporain?recruiter=71819251&utm_campaign=mailto_link&utm_medium=email&utm_source=share_petition