Un article dans la Provence du samedi 1er mars annonçait l'exposition Figures du double: métamorphoses au château de Bouc-Bel-Air.
L'exposition est visible tous les jours jusqu'au 5 mars, du lundi au vendredi de 15h à 18h. Samedi et dimanche de 12h à 18h.
L'inauguration de l'exposition s'est faite en présence du maire, de certains de ses adjoints et de la présidente de Perspectives, Jeanine Mège-Morin qui a ainsi présenté le projet:
"Nous avons proposé aux artistes cette année de croiser les énigmes du double
et de la métamorphose et nous avons invité à une mise en images des transformations
qu’on associe aux figures du double.
Aujourd’hui on navigue beaucoup dans le doute entre le vrai et le faux, entre
qui est moi et ce qui n’est pas moi, entre l’humain et le monde animal. On traverse
les frontières du vivant et de l’inerte . On prend plaisir à voir revivre sur
écran les reformulations des mythes anciens où les fureurs des divinités
pouvaient brutalement bouleverser les apparences humaines. On s’émerveille pour
ce qu’on appelle les miracles de la médecine, ces miracles qui transforment les jeunes en vieux et les
bandits en honnêtes gens .
Aux temps de crises permanentes l’individu en perte d’identité vit de rôles
et de déguisements qui ne trompent que lui mais rêve toujours d’être lui-même
en luttant contre l’autre. En temps de crise les offres de consolations
appellent au voyage imaginaire dans le
Bonheur possible pour tous. L’art et la culture reprennent vie pour nous aider
à éclairer les confusions troublantes des changements en cours.
Quel regard les artistes portent-ils sur les nouvelles figures du double
quand elles s’accompagnent de métamorphoses ?"( Jeanine Mège-Morin)
Comme souvent, je rends compte ici de l'ambiance de l'exposition et j'essaie de la parcourir au milieu des visiteurs pour en proposer quelques photos souvenir. Il y a toujours des manques et des oublis ou des photos ratées. Le coup d'oeil n'est donc pas exhaustif. Pour retrouver et apprécier la qualité des oeuvres, il faut se déplacer !
Claude Bernus
Rictus
16
tableaux placés sur un panneau de 185 x 56 cm,
pastel
gras
Jorge Perez
GeoLand 1, 2, 3 et 4
50x50cm
tirage
numérique jet d'encre papier velvet 285gr
Pour voir d'autres aspects de son travail, allez sur lookmeluck.com et cliquez sur le travail de Jorge. (Jorge's works)
Sculpture Marie-Christine Rabier
Aréthuse
168/38/30
terre
à grès cirée, cuivre, eau
coll.
part
Aréthuse,
Nymphe de la mythologie célébrée par Ovide dans
les
Méthamorphoses,
donna son nom à la fontaine de l'Ile d'Ortygie,
près
de Syracuse.
Un
jour, après la chasse, pour se rafraîchir, Aréthuse se baigna dans
le
fleuve Alphée qui, follement amoureux de la Nymphe, se mit à la
poursuivre
sous la forme d'un chasseur.
Epuisée,
Aréthuse implora Artémis de la sauver.
La déesse la dissimula
derrière
un épais nuage et la changea en fontaine.
Mais,
Alphée reprenant sa forme de fleuve la suivit dans les entrailles
de
la terre afin de mêler ses eaux à celle d'Aréthuse.( Marie-Christine Rabier)
Photos P.-E. Daumas
Maïla Gracia,
Installation
sculpture/photo
plâtre
et graines
photographie
numérique sur dibond
BICEPHALLIC
(elle-est-fente)
Dans
la lignée de «Masques et parures» Bicephallic (elle-est-fente) synthétise
une virilité exagérée dans ses formes, belliqueuses et bégayantes, et la
fertilité en puissance des grains colorés de sa robe.
Le
porteur doit se cramponner à ses cornes, pendant qu'est négocié un accord
androgyne entre poids et posture adéquate.
Entrave
et trophée, ce masque exige une lutte qui s'épanouit en potentiel
identificatoire, opérant cette fusion provisoire et persistante de corps, de
natures, de discours. (Maïla Gracia)
retrouvez son travail sur son site
Nathalie Hugues
The Stalker: 190 cm x 150.
peintures sur papier
Sculpture Pierre Paindessous
Mur Murs
340
x 120 x 50 cm
terre
chamotée, acier
Le travail plastique réalisé pour l’exposition
renvoie à la thématique du MUR (voire de la frontière) qui sépare autant qu’il
réunit communautés ou états hostiles dans la même destinée historique. Le
hasard fait que l’UN n’est pas l’AUTRE mais que l’UN peut devenir l’AUTRE, son
DOUBLE, quelque soit l’obstacle qu’on lui oppose.Dans
le cas présent, par un dispositif plastique de retournement progressif (et donc
de renversement progressif de l’Histoire), l’UN qui était étranger ou ennemi se
voit métamorphosé en l’AUTRE. De plus, la sculpture se présente comme un
mur/barrière de sécurité en 3 fragments qui est disposé comme un obstacle que
les visiteurs devront eux-mêmes contourner.Sculpture »horizontale »
donc (et non pas sculpture-totem)participant de l’Espace-Milieu qui est celui
du visiteur. Elle joue d’un notion propre à la sculpture : l’équilibre,
qui renvoie ici à l’équilibre de la terreur, propre à certaines situations
politiques. Ce
travail est aussi un Hommage à « La Reddition de Bréda » peint
parVélasquez en 1635 et qui fait allusion à la lutte armée entre et espagnols
et néerlandais, tour à tour vainqueurs et vaincus, comme le peintre le
symbolise à travers la figure tête-bêche de retournement des chevaux des 2
ennemis. (Pierre Paindessous)
peinture Maïlys Girodon
Acte 0, 2014
190x180
cm
pigment
et acrylique sur drap, fils cousus
Dessins Mélizart
sans titre
40x50cm
x6
technique
mixte
Ninatomàs,
Racines fuyantes,
2013
30
x 30 cm x4
techn.mixte
sur toile
Overdose, 2012
90
x 45 cm
fusain
sur toile
retrouvez son travail sur son site
Delphine Poitevin,
Ebauches scéniques
ensemble
comprenant neuf dessins,
accompagné
d’une animation
29,7
x 42 cm x9
technique
mixte, impression sur papier
retrouvez son travail sur son blog
Florence Laude
installation "le moi et l'autre"
96
x 195cm et 114 x 196cm
acrylique
sur toile
L’installation
comprendra en outre un livre à feuilleter posé sur un socle et posée au sol devant la toile une sculpture
de Georges Guye ( une fleur de lin ) de 50 cm de haut.
Explication de la démarche:
L’an
dernier, le thème retenu était Figures
du double. J’avais réalisé à cette
intention des autoportraits. Certains
étaient des impressions monotype sur papier, d’autres jouaient avec les découpages et les superpositions de feuilles avec
ombres, des doubles. Cette année, Perspectives modifie le titre du thème en Figures du double et Métamorphoses. J’ai donc pensé à prolonger le travail
commencé l’an passé sur le double, mon double, mais en le
« métamorphosant». C’est là que j'ai proposé à des personnes d’intervenir.
Je pense que la vie ne cesse de (nous amener à)
nous transformer à la fois dans notre chair, dans notre esprit, dans notre
réalité mais aussi dans la relation à la réalité du monde qui nous entoure,
nous demandant sans cesse de réévaluer notre rapport à nous même, au monde et
aux autres. Mais pour l’autre qui
sommes-nous ? Un être formé d’une somme
de regards, comment apparaît-il ?
Il me semble que dans ces figures apparaît non seulement le double, mais
la métamorphose du double, comme j'ai voulu l’explorer et l’exposer.
J’ai donc écrit à
un grand nombre de personnes
(amis me connaissant depuis très longtemps ou rencontrés plus récemment,
personnes avec qui j’ai noué des liens pour diverses raisons amicales, artistiques, les unes excluant pas les
autres, des amis qui se connaitront ou pas
personnes de ma famille et même
des artistes de Perspectives … ! )
pour leur demander de m’envoyer une image (découpée quelque part), ou un
dessin, un élément visuel (objet), un mot écrit par vous ou une citation,
enfin, quelque chose à leur guise ( la
liste énoncée n’est pas limitative) dont ils penseraient qu’il a un lien fort et
significatif avec l’image qu'ils ont de moi… Eh oui, on peut être représenté
par autre chose ( autre forme) que son image mimétique. Ainsi
grâce à ces contributions, je pourrais
me figurer une autre image de moi : la forme, l’image que l’autre
voit en moi (au risque de ne pas
m’y reconnaître ou
au contraire d’y voir ce que je
n’ai pas envie de voir).
Après
réception des diverses images et/ou objets visuels etc … je les
mettrai en forme, créant une figure
métamorphosée de moi-même,
par juxtaposition des diverses
perceptions / représentations.
Nicole Arsénian
Envahisseur
66x60cm
Figure transformation envahisseur
cellule
Arinae ( gauche)
Twins
diptyque
2 fois 110 x 55cmx2
photographie
tirage papier contrecollé
P.-E. Daumas ( droite)
Auto-portrait
53x73cm
impression
jet d'encre sur papier Baryté, tirage 1/30
Fumika Sato,
Métamorphose d’un oiseau de papier
gravure (collogravure) origami-gravure
80
x 60cm (8 gravures de 13x24 cm)
Marie-Agnès Chaléas
Le cru et le cuit
Installation
Le Cru et le Cuit est un ouvrage de l'ethnologue français Claude Lévi-Strauss publié en 1964. Il s'agit du premier tome des Mythologiques.
Avant lui, peu d’anthropologues s’étaient intéressés à la cuisine. Il insiste sur le fait qu'elle « constitue une forme d’activité humaine véritablement universelle .. »
Le passage entre les deux se fait par la métamorphose de la cuisson. Au départ comme à l'arrivée nous avons à faire aux mêmes produits. Il s'agit donc bien de double.
Entre les deux, un phénomène culturel : la cuisson au cours de laquelle les aliments se métamorphosent.
« Le passage d'une alimentation entièrement crue à une alimentation au moins en partie cuite eut sans doute des répercussions importantes sur l'organisme...les répercussions psychologiques et sociales restent...du domaine des suppositions... Mais il n'est pas interdit de penser qu'elles furent de première importance : répartition des tâches dans le groupe, collectivisation de la préparation et de la consommation des aliments, instauration de l'échange ».
Catherine Perlès, ethnologue
de la préhistoire (M.-A. Chaléas)
Raphaël Morin,
Bienvenue au Paradis
#1 et #2
installation
vidéo (cadre numérique et tablette tactile interactive)
Une incitation : partir
de la phrase « Il
vaut mieux partir d'un cliché que d'y arriver » d'Alfred Hitchcock.
« Bienvenue au
Paradis » est une série d’œuvre multimédia utilisant comme matériaux des cartes
postales de mauvais goûts représentant des lieux et des monuments emblématiques de Paris (Tour
Eiffel, Sacré Cœur…).
Une contrainte :
les créations numériques résultantes de cette recherche ne sont réalisées qu’à
partir de ces cartes postales sans aucune autre source extérieure.
Le dispositif,
propose par le détournement de ces clichés, un questionnement sur l’existence
encore actuelle de ce genre d’images souvenirs.
« Bienvenue au
Paradis » #1, Image numérique, cadre numérique :
Propose un espace onirique de
récréation pour un chat jouant à la balle (le point sur le I) dans un espace
hors du temps ou des personnes méditent sur des nuages.
« Bienvenue au Paradis »
#2, Image animée, Tablette tactile interactive :
Propose un voyage
vers les cieux, passant par différents états, différentes métamorphoses. La
naissance, les limbes, l’entrée du paradis (les portes, l’ingestion), le
jugement (la digestion), l’enfer.(Raphaël Morin)
retrouvez son travail sur son site
Le travail de Raphaël ne peut rien donner sur photo, il est dans la lente transformation de l'image que l'on pense par moment immobile dans la lenteur du processus de transformation donnant à l'oeil l'illusion de percevoir une image fixe alors que la métamorphose lentement s'accomplit à l'insu du spectateur. D'autres fois, le mouvement est plus sensible, ce que l'on croit être des yeux ne sont peut-être que des bouches qui ne sont peut-être qu'autant de portes pour entrer dans "Bienvenue au Paradis". La métamorphose comme une transformation fascinante et merveilleuse. Ce n'est pas pour rien que les images fixes qui sont le point de départ de la ( ou des ?) métamorphose(s) sont d'une part le Sacré Coeur, la Tour Eiffel et quelques mignons chatons dans leur petit panier d'osier. Ces images agissent de façon subliminales pour composer un paradis mi-féérique, mi-spirituel dont la contemplation produit une sorte d'extase. Voilà, tout cela pour raconter un peu ce que la photo ne peut pas rendre ...
Je me suis demandé quelle impression cette métamorphose produirait si elle était projetée dans une salle obscure sur un écran mural. Cela vaudrait la peine d'être envisagé. La dimension du cadre photo est un écrin pour un bijou, l'étendue de la toile pourrait convenir au Paradis...
J'ai envie d'ajouter ces quelques mots extraits d'Aurélia de Gérard de Nerval : " C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle l'illumine et fait jouer ces apparitions bizarres; - le monde des Esprits s'ouvre pour nous."
Dans les métamorphoses de Raphaël Morin, le point de départ est volontairement kitch et banal ( des cartes postales des monuments les plus visités à Paris et peut-être les plus commercialisées), alors la métamorphose transforme le monumental en animal ( ou vice-versa) et lui donne un supplément de formes en triturant les formes ( la déformation devenant principe de métamorphose) et de possible poétique ( que les images ne contenaient pas au départ, loin s'en faut !) qu'il nous propose d'envisager comme un Paradis. Un paradis qui n'est plus ni religieux ( Sacré Coeur), ni ouvrage humain ( la Tour Eiffel que j'ai envie de voir ici comme référence à la Tour de Babel), mais poétique de la rêverie évoquant Nerval ou Rimbaud: les "voyants". (on peut lire ici le poème "Génie",dans Les Illuminations).(Florence Laude)
Pour retrouver l'actualité du groupe associatif Perspectives, il faut cliquer ici.
Post-scriptum à tous les artistes: contactez-moi si vous souhaitez que je modifie ou complète ce qui concerne votre travail.