Non, non, décidément je n’ai pas le temps de lire cette bande dessinée et encore moins, tu parles, d’écrire un petit mot après ! Mais vois comme le temps s’allonge ! comme une page lue et déjà la notion de temps se dissout … "Suis-moi".
Elle te parle, cette page. Elle rejoint ce que tu as entendu
alors que tu réfléchissais aux métamorphoses de l’homme au cours de sa
vie. De jour en jour on dit que le visage de l’homme évolue et se transforme imperceptiblement, mais si on opérait tout à coup des
sauts dans le temps, des sauts de plusieurs années, alors on aurait l’impression
que l’homme la femme se
serait métamorphosé.
Voilà donc la première raison pour laquelle je n’ai pas
refermé tout de suite le livre, alors que je n’avais pas le temps. Il me
parlait d’une chose qui me préoccupe et que je m’étais formulée presque à l’identique
[ « si l’homme de dix-huit ans se réveillait d’un coup une nuit. Se
levait. Et dans le miroir se voyait par
magie par malédiction avec le visage et la peau de ses futurs cinquante
ans, il mourrait il vomirait.»]
Et puis le voyage en lecture commence et se poursuit, il n’est
pas linéaire, cette lecture hésite, butte, et
revient, change d’époque, fait justement ces sauts dans le temps, à
travers les générations, pour raconter plusieurs couches d’histoires. Ces histoires finissent-elles par n’en faire
plus qu’une ?
Je pourrais peut-être le considérer comme le premier livre de l’année,
lu par devoir de mémoire à la Grande Guerre, car il évoque le destin de
quelques soldats dans les tranchées pendant la Guerre de Quatorze. Voilà un arbre mort. Mais parle-t-il de la mort ou de l’amour ?
Une station service. Un hôpital.
Un homme regardant obstinément à travers une fenêtre.
Un homme hospitalisé, malade. Un
homme seul, qui cherche le passage vers
le passé, vers ceux qui l’ont quitté, vers ceux (celles) qu’il aime. Et les ciels sont bas, et les ciels sont
lourds, ils ne peuvent retenir leurs larmes, celles qui marquent le visage. On pense à On voit ce visage dessiné qui ressemble à un
dessin d’Alberto Giacometti. Dans cet
enchevêtrement de traits, la chair a disparu et on a bien
la sensation qu’il ne reste que le tourment et le poids de la vie, le chemin
des larmes.
Ne pas trop en dire, une toute petite note de lecture parce
que je ne pouvais pas ne pas témoigner de l’enthousiasme [ Le mot est-il bien choisi ? Mais quel autre lui substituer ?] (on
peut s’enthousiasmer du talent de l’auteur, de l’écriture, du dessin et des
peintures, mais peut-on s’enthousiasmer de la souffrance ?) procuré
par ce livre, Vois comme ton ombre s'allonge, Gipi, chez Futuropolis .
Merci, M. pour avoir provoqué cette lecture et bouleversé
mon après midi.
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