vendredi 7 février 2014

Vois comme ton ombre s'allonge, Gipi, Futuropolis


Non, non, décidément  je n’ai pas le temps de lire cette bande dessinée  et encore moins, tu parles, d’écrire un petit mot après ! Mais vois comme le temps s’allonge ! comme une page lue et déjà la notion de temps se dissout … "Suis-moi".


Elle te parle, cette page. Elle rejoint ce que tu as entendu  alors que tu réfléchissais aux métamorphoses de l’homme au cours de sa vie.  De jour en jour on dit que  le visage de l’homme évolue et  se transforme imperceptiblement, mais si on opérait  tout à coup des sauts dans le temps, des sauts de plusieurs années, alors on aurait l’impression que l’homme la femme  se serait  métamorphosé.
Voilà donc la première raison pour laquelle je n’ai pas refermé tout de suite le livre, alors que je n’avais pas le temps. Il me parlait d’une chose qui me préoccupe et que je m’étais formulée presque à l’identique [ « si l’homme de dix-huit ans se réveillait d’un coup une nuit. Se levait. Et dans le miroir se voyait par magie par malédiction avec le visage et la peau de ses futurs cinquante ans, il mourrait il vomirait.»]

Et puis le voyage en lecture commence et se poursuit, il n’est pas linéaire, cette lecture hésite, butte, et  revient, change d’époque, fait justement ces sauts dans le temps, à travers les générations, pour raconter plusieurs couches d’histoires.  Ces histoires finissent-elles par n’en faire plus qu’une ?
 Je pourrais  peut-être  le considérer comme le premier livre de l’année, lu par devoir de mémoire à la Grande Guerre, car il évoque le destin de quelques soldats dans les tranchées pendant la Guerre de Quatorze. Voilà un arbre mort.  Mais parle-t-il de la mort ou de l’amour ?


Une station service. Un hôpital. Un homme regardant obstinément à travers une fenêtre.  Un homme hospitalisé, malade.  Un homme seul,  qui cherche le passage vers le passé, vers ceux qui l’ont quitté, vers ceux  (celles) qu’il aime.  Et les ciels sont bas, et les ciels sont lourds, ils ne peuvent retenir leurs larmes, celles qui marquent le visage.  On pense à  On voit ce visage dessiné qui ressemble à un dessin d’Alberto Giacometti.  Dans cet enchevêtrement de traits,  la chair a disparu et on a bien la sensation qu’il ne reste que le tourment et le poids de la vie, le chemin des larmes. 


Ne pas trop en dire, une toute petite note de lecture parce que je ne pouvais pas ne pas témoigner de  l’enthousiasme  [ Le mot est-il bien choisi ?  Mais quel autre lui substituer ?] (on peut s’enthousiasmer du talent de l’auteur, de l’écriture, du dessin et des peintures, mais peut-on s’enthousiasmer de la souffrance ?) procuré par ce livre, Vois comme ton ombre s'allonge, Gipi, chez Futuropolis .


Merci, M. pour avoir provoqué cette lecture et bouleversé mon après midi.

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