Léonce Guerre commença à acheter de l'art africain et des estampes japonaises après la première exposition coloniale de Marseille en 1906 ; son fils Pierre continua d'enrichir la collection jusqu'à sa mort en 1978. Charles Ratton, grand spécialiste d'art africain et marchand fut mentionné comme l'une des personnes ressources qui conseilla et fournit Léonce Guerre, puis Pierre Guerre en oeuvres d'art.
Pierre Guerre, aimait par ailleurs la poésie et, dès l'âge de 16 ou 17 ans, il échangeait avec des amis, des poèmes qu'ils recopiaient dans un carnet de Moleskine qui circulait des uns aux autres.
Plus tard il participa à des revues de poésie - Les Cahiers du Sud, Taches d'encre, Sud Magazine - il y diffusait et y commentait entre autres, des poèmes de Saint-John Perse, mais aussi de René Char et de Paul Eluard. Lorsque Alexis Léger s'installa en Provence, à Giens, dans la propriété des Vigneaux, ils devinrent de proches amis.
Pendant l'occupation, il fut résistant avec les poètes René Char et Paul Eluard, ainsi qu' André Breton, réfugiés à Marseille et dans les Cévennes.
L'exposition à la Fondation Saint-John Perse est émouvante pour ce qu'au delà des objets d'art rassemblés, masques africains, estampes japonaises, lithographies de Toulouse-Lautrec etc... elle nous permet de découvrir un certain nombre de documents qui nous font percevoir un homme qui, guidé par des passions pour les arts et la littérature transmises sur plusieurs générations, a construit, avec des moyens somme toute modestes, une collection d'art exemplaire.
Aujourd'hui cette remarquable collection a pour partie été donnée - et est visible - au musée de la Vieille Charité, pour partie été vendue aux enchères (Sotheby's) mais est aussi conservée par la fille de Pierre Guerre, Christine, et son mari, l'avocat Alain Vidal-Naquet.
Il a été question d'un livre des Cahiers d'Hypnos de René Char, qui, pendant la guerre fit la navette entre Char et Eluard, augmenté à chaque échange de poèmes, de notes manuscrites et de messages codés. Une des notes codées est visible ici : Hypnos 8 - "Le thym moutonne, c'est demain l'hiver", datée du 15 au 27 décembre 1943 , signée "Alexandre", pseudonyme de René Char pendant la résistance.
On peut se procurer le livre Pierre Guerre (1910 - 1978) , "Je demande aux hommes d'être des promeneurs", édité à cette occasion par la Fondation Saint-John Perse ( 15€), auprès de la fondation. Il est très largement illustré et rédigé par Alain Paire et Alain Vidal-Naquet. L'exposition est visible jusqu'au 6 mars.
En quatrième de couverture, il est écrit:
Dans sa vie professionnelle, Pierre Guerre était un avocat du barreau de Marseille; il fut élu bâtonnier en 1972. Auteur de pièces de théâtre et de courts essais à propos de Char et de Saint-John Perse, il fut aussi un résistant, un membre du comité de rédaction des Cahiers du Sud, un collectionneur d'estampes japonaises et de lithographies de Toulouse-Lautrec, un enseignant de la faculté de lettres d'Aix-en-Provence spécialisé dans les arts non-occidentaux et le découvreur-détenteur d'une des plus prestigieuses collections d'art africain [...]
Il faut encore ajouter que Pierre Guerre joua un rôle essentiel dans la réalisation de la Fondation Saint-John Perse et son implantation à Aix-en-Provence, sous le mandat du maire Félix Ciccolini.
On peut consulter l'article écrit par Alain Paire sur son site, en cliquant ICI. On y trouvera à lire également sur Jean Ballard et Les Cahiers du Sud, sur la vie à Marseille durant l'occupation à propos de l'Ami américain, Varian Fry, ou encore des articles sur Joe Bousquet... et d'autres encore, tissant le fil de l'histoire de la vie culturelle, artistique et intellectuelle à Marseille et alentour.
Il faut encore ajouter que Pierre Guerre joua un rôle essentiel dans la réalisation de la Fondation Saint-John Perse et son implantation à Aix-en-Provence, sous le mandat du maire Félix Ciccolini.
On peut consulter l'article écrit par Alain Paire sur son site, en cliquant ICI. On y trouvera à lire également sur Jean Ballard et Les Cahiers du Sud, sur la vie à Marseille durant l'occupation à propos de l'Ami américain, Varian Fry, ou encore des articles sur Joe Bousquet... et d'autres encore, tissant le fil de l'histoire de la vie culturelle, artistique et intellectuelle à Marseille et alentour.
3 commentaires:
je ne pouvais être à cette conférence et je le regrette.
Fort heureusement ton article, complété par la lecture de l'article sur le site d'Alain Paire,nous renseigne fort bien sur cet homme J'ai par chance , le catalogue de l'exposition que le Musée Cantini lui avait consacré en 1992 : Pierre Guerre/Un érudit en son temps.
Le sous titre ici vient à merveille compléter le portrait du collectionneur. A signaler dans ce catalogue, une contribution de Jean Arrouye "Dits et dons de l'amitié", qui dresse l'inventaire des dédicaces que les plus grands poètes adressaient à Pierre Guerre. Sans doute les retrouve-t-on à la Fondation Saint-John Perse.
J'y cours.
Paul Eluard, sous le titre de "Facile" recueil de poèmes amoureux illustrés de photographies par Man Ray... "à Pierre Guerre qui parle de l'amour sans un doute, je souhaite d'en parler toujours sans chagrin, sans regrets."
Alain Vidal-Naquet a très bien su faire revivre son beau-père dans son entretien avec Alain Paire (que je salue pour son travail remarquable). Dommage que les écrits réunis de Pierre Guerre sur Saint-John Perse (Portrait de Saint-John Perse, 1989, nouvelle édition L'Harmattan 2011) soient absents de l'exposition, l'ouvrage n'étant ni en vente ni même exposé. C'est tout simplemeent idiot.
Pierre,
belle dédicace de Paul Eluard, en effet .... lui qui écrivit si bien sur l'amour ! "Deniers poèmes d'amour", "Capitale de la douleur ".... certes, n'en parlait-il pas sans chagrin.
Je crois que ces expositions et ces conférences n'ont pas (comme on le dit) épuisé le sujet mais au contraire suscité des curiosités, des envies de lectures et qu'il faudra à chacun faire un petit bout de chemin, un effort personnel pour découvrir, (re)trouver et lire davantage.
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