vendredi 6 janvier 2012

patrice cadiou malaxe alain bashung


...et vice-versa ....
Le sculpteur Patrice Cadiou habite Auberive dans le département de la Haute-Marne, depuis l'année 2007. Je l'ai rencontré à Marseille il y a quelques jours chez l'Editeur Claude Roffat qui lui consacre un article du dixième numéro de L'Oeuf Sauvage, numéro anniversaire des vingt ans de la revue.
L'article est rédigé par Joël Gayraud, il présente la démarche de Patrice Cadiou, illustré de sculptures en bois-métal et cuir.
A propos des oeuvres visibles dans sa maison, il écrit " comme d'agressifs boucliers arrachés aux mains des cannibales et un inquiétant reliquaire noir surmonté de deux troncs de pyramide que l'on imaginerait bien receler la chevelure ophidienne de la Gorgonne ou les cornes du Minotaure".
Les matériaux employés par l'artiste ont cela de particulier qu'ils ne sont pas que pierre, bois, métal, mais aussi le cuir travaillé ( Joël Gayraud nous apprend que Patrice Cadiou a récupéré des centaines de harnais et de selles de militaires franquistes),mais également des peaux tannées d'animaux morts tout comme leurs ossements.
Ainsi les titres des oeuvres reproduites dans la revue laissent-ils percevoir que sculpter c'est rendre hommage aux matériaux, à ce qui a été vivant, leur insuffler d'autres sens en transcendant les états de la matière pour à nouveau célébrer la vie, les gens, les amis, mais pas seulement : "Cocaïne blues", " le gardien", "L'oeuf sauvage, hommage à C.R.", "hommage à Yuhio Mishima", "La femme d'à côté", "Hommage à Manuel Benitez el Cordobès", "Il était une fois", "A Lina et Marcel, pour les obscures nuits de leurs ombres", "Calvaire breton".
Joël Gayraud écrit encore : "Chez lui, dans l'hiératisme de la stèle votive on entend gronder le moteur à explosion. En coagulant la puissance d'envoûtement commune aux courroies de transmission des machines anciennes, à la noire vêture des rebelles sans cause, à l'érotisme du fouet, il construit une sacralité sans transcendance servie par une parfaite maîtrise technique".

Patrice Cadiou est né à Paris en 1947. Il a pratiqué la danse classique à un niveau professionnel avant de sculpter. Il s'est installé, au gré de fortes amitiés dans diverses régions de France, Les Landes, Fécamp, Aubervilliers, Auberive et en Espagne, à Cadaquès.

On peut (il faut) se procurer la revue (18€) auprès de l'éditeur en écrivant:
L'oeuf Sauvage
1 bis, Rue Châteauredon
13001 Marseille
Tél: 04 91 33 61 88.

Sur ce petit film, on aperçoit l'atelier-maison de l'artiste et ses sculptures.
Le film indique que les photos ont été prises par Aurélie Cardin à Aubervilliers, au printemps 2007, peut-être avant le déménagement de Cadiou vers Auberive ? Le film est monté par Backstreet production . Claude Roffat me précise que c'est la fille de Didier Deaninckx qui est un copain de Cadiou qui a réalisé le diaporama. Je l'ai trouvé sur Daily Motion, ici (la bande son est mauvaise... par miracle le téléchargement l'a un peu améliorée). Claude Roffat ajoute que Patrice Cadiou a même servi de modèle pour un des personnages des romans de Deaninckx ... (si quelqu'un a une information plus précise à ce sujet, merci de me la transmettre).

Le mot "malaxe", titre de la chanson est le mieux choisi pour dire un aspect des sculptures aux matériaux non pas assemblés mais imbriqués qui semblent "polis par les ans". Et, Bashung chante :" Entre tes doigts, l'argile prend forme/ L'homme (l'âme) de demain sera hors normes (...) Je n'étais qu'une ébauche au pied de la falaise/ Un extrait de roche sous l'éboulis (...) Malaxe le coeur de l'automate (...) Issu de toi/issu de moi / on s'est hissés sur un piédestal/et du haut de nous deux on a vu".

7 commentaires:

Alain Paire a dit…

Ces images ont été tournées en 2008, sûrement Bashung et Cadiou se connaissaient et s'appréciaient. Ce qui est souvent saisissant quand on rencontre un artiste, c'est le premier abord. Une silhouette. Quelqu'un de silencieux et de discret. Après, dans l'article de la revue, on apprend qu'il faisait autrefois de la danse classique.

Patrice Cadiou habite dans la Haute-Marne, à côté de l'abbaye d'Auberive où Claude Roffat avait programmé une exposition d'été en 2009 : "50 artistes", par exemple Georges Bru et Armand Avril, un récapitulatif de sa revue. L'abbaye a été rachetée en 2004 par un mécène,un industriel qui programme toutes sortes d' événements, des expositions, un festival de violon, des opérettes, du jazz. Roffat a composé pour cet endroit le catalogue d'une exposition qui regroupait Pierre Bettencourt, Louis Pons et Gaston Chaissac.


Cadiou nous a dit que sa prochaine exposition, ce sera septembre 2012. Galerie "Les Yeux fertiles", 27 rue de Seine, en face de la rue des Beaux-Arts. Une galerie qu'on peut regarder sans entrer, une grande vitrine avec des surréalistes et de l'art brut. Une fois, j'ai vu là-bas des peintures d'Augustin Lesage.

Flo Laude a dit…

Merci, Alain, pour les compléments d'informations que tu nous fais partager. J'espère avoir l'occasion d'aller à Paris à l'époque où l'exposition se tiendra...

pierre vallauri a dit…

Alain,pourquoi ne pas entrer dans une galerie de la rue de Seine, quand bien même on pourrait voir le tout depuis sa grande vitrine sur rue. Il est vrai que si l'on passe par là le W.E. c'est pratique. Mais le "contact au plus près de l’œuvre de Cadiou (et de bien d'autres!)est nécessaire et encore plus "envoutant" dans son cas.Il faut pouvoir toucher.
Vos articles Florence et toi se complètent à merveille. Espérons qu'ils soient lus,tous les liens tissés pour découvrir ce remarquable travail effectué par Claude Roffat depuis des années.
Pour R-J Sevellec, j'ajoute qu'il a participé à l'exposition "Mises en Boîtes" en mars avril 2011 à ARTEUM (musée d'art contemporain- Châteauneuf-le-Rouge)pour la plus grande satisfaction de nos visiteurs. Récemment exposé à Paris dans plusieurs lieux... je confirme.Quel bonheur!!!

Flo Laude a dit…

Merci, Pierre.
Concernant le travail de Ronan Jim Sévellec, j'avais souvenir d'avoir vu de nombreuses boîtes au Musée de la miniature et du cinéma, dans le Vieux Lyon. On peut retrouver des pièces en suivant ce lien:
http://www.mimlyon.com/site.html

ou encore plus généralement le site de ce musée:
http://www.mimlyon.com/#
cela se trouve 60, rue Saint Jean dans le vieux Lyon, dans une très belle bâtisse, anciennement "maison des avocats".

Je suis d'accord avec Pierre, il faut pousser la porte des galeries. Concernant l'envie de toucher les sculptures de Cadiou, je partage aussi cela, tant on a l'impression qu'elles ont quelque chose à transmettre de cette façon là aussi, ayant été longuement "malaxées", pétries...

Flo Laude a dit…

Merci, Joël Gayraud, de m'avoir signalé cette erreur, je vous prie de m'en excuser. Cela me donne l'occasion de vous féliciter pour votre article dans L'Oeuf Sauvage, que j'avais beaucoup apprécié (et cité !), ne connaissant l'oeuvre (admirable) de Patrice Cadiou que par le biais de photos et de film. J'espère un jour pouvoir provoquer l'occasion d'une visite sur un lieu d'exposition.
Très cordialement. f.laude

czottele a dit…

merci pour ce billet qui complète les images que je viens de visionner et surtout le livre que je suis en train de lire... j'ai une l'intuition qu'il s'agissait peut-être d'un personnage réel qui avait inspiré Didier Daenincks et je suis tombée sur les images tournée par sa fille... voilà, voilà : c'est un bon roman vraiment! le titre est L'affranchie du périphérique et l'éditeur Publie.net: http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506442/l-affranchie-du-périphérique

Flo Laude a dit…

Bonjour Czottele,soyez remercié pour cette information. Je la vérifierai tantôt... et lirai ce roman de Deaninckx .
FL