lundi 22 avril 2019

"Même si c'est la nuit", Kamel Khélif

En librairie le 26 avril prochain, Même si c'est la nuit, est la nouvelle bande dessinée de Kamel Khélif, publiée chez Otium.  98 planches, textes et dessins de Kamel Khélif.  


En exergue, quelques mots empruntés à un ouvrage de son ami, l'écrivain et psychanalyste  Nabile Farès disparu en 2016 : "Que /cette vie/ pour vie / Que/ cet/ amour/ pour/ amour/ Que/ cette nuit/ pour nuit/ mon dieu/ écoutez/ ce battement " (Le Chant d'Akli, L'Harmattan, 1981).  De  nuit et d'amour il est en effet question dans ce récit qui commence à la tombée de la nuit et s'interrompt avec les premières lueurs de l'aube.  Un récit à la troisième personne, où le personnage, un dessinateur, n'est pas "je", mais "il", mise à distance nécessaire pour que ce personnage puisse exister en tant que tel et ouvrir l'album sur une réalité qui ne soit pas autobiographique, mais bien, sur un espace imaginaire, sur une aventure nocturne interrogeant l'étrangeté de la condition humaine (que l'on appelle la vie), la quête d'amour et la solitude, l'espoir et la nostalgie, le rêve et la réalité.  


Un récit écrit et dessiné par Kamel Khélif.  Les mots font corps avec les dessins sculptés  dans l'ombre et la lumière, ciselés au trait. Le lecteur avance à tâtons dans cette nuit éclairée par les petites lumières de la ville qui hèlent  le passant, faisant de cette promenade nocturne une quête ancrée dans la réalité d'une ville et d'un vécu plein de souvenirs, le cours Belzunce, l'Hôtel Azur, le bar "Au rond qui tourne" où "tout tourne en rond", le port, le bassin de Radoub, la rue d'Alger, le "bar du Hasard" dont le propriétaire se nomme  Lazard, cette redondance semblant placer les existences croisées sous le signe du jeu de dé (al-zahr), de la chance, de l'imprévisible (que l'on ne peut voir à l'avance) et du mystère.

La nuit qui sépare les jours, marque  le vécu du sceau du temps, de ce qui n'est plus que  dans nos mémoires. La nuit appartient aussi à ceux qui ne peuvent plus vivre dans la réalité du monde, ceux que l'on ne croise presque jamais, mais qui vivent, même si c'est la nuit.  La nuit, qu'a-t-elle de commun avec cet animal fantastique évoqué comme "le mystère de la terre endormie", échoué dans une fosse géante, autour de laquelle une procession de badauds se forme ... ?

Les lectures de cette bande dessinée  sont plurielles, j'ai aimé y voir, comme dans un récit mythologique, le récit  de notre humble fraternité, ce fil qui tient nos existences d'hommes et de femmes ensemble, en quête l'un de l'autre ... même de ceux que l'on ne connaît pas, même de ceux que l'on croise une seule fois dans sa vie, sans savoir qui ils sont. La nuit est immense autour de nous qui ne sommes que des lucioles. 


J'avais eu l'occasion, il y a plusieurs mois déjà, d'écrire une petite chronique, sur cette bande dessinée qui était encore en gestation.  On peut la retrouver ici:
https://imagesentete.blogspot.com/2019/02/et-meme-si-cest-la-nuit-kamel-khelif-bd.html


Plus d'informations et des annonces d'événements programmés, sur le site et sur la page FB de l'éditeur  OTIUM :
https://www.hobo-diffusion.com/fssProduit/findByEditeur/editeur/79
https://www.facebook.com/EditionsOtium/
AGENDA:

Quelques rencontres programmées, à ce jour,  à l'occasion de la parution de Même si c'est la nuit,  de Kamel Khélif :


Rencontre avec Kamel Khélif,  le 3 et le 4 mai 2019, à la librairie d'Ivry, Envie de lire qui est une coopérative ouvrière qui soutient ce projet éditorial. Plus d'informations sur le site de la librairie:
http://enviedelire.fr/
et sur sa page FB : https://www.facebook.com/Librairie.Envie.de.lire/

Le 4 mai, signature à la librairie Super Héros, près du Centre G. Pompidou à Paris
https://librairie-superheros.com/
https://www.facebook.com/SuperHeroslibrairie/

Le 17 mai, sur France Culture, Kamel Khélif sera l'invité de Tewfik Hakem dans l'émission Le Réveil Culturel, à partir de 6h00, en replay et en podcast, ensuite.
https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel

Le 24 mai, signature à la librairie Folies d'Encre, Paris (Montreuil)
http://www.foliesdencre.com/
https://www.facebook.com/librairiefoliesdencremontreuil/posts/2191060810942304

Le 25 mai, signature à la Librairie Le Monte-en-l'air, 2 rue de la Mare, dans le XXe à Paris:
https://montenlair.wordpress.com/


Le 29 mai dans le cadre du Festival Oh les Beaux Jours ! à Marseille, Kamel Khélif interviendra avec le réalisateur Méhdi Charef.  Plus d'infos sur le site du festival:
http://ohlesbeauxjours.fr/
et sa page FB: https://www.facebook.com/festivalohlesbeauxjours/
Les capsules d'interview enregistrées pour Radio Bleu Provence seront diffusées le jour de cette rencontre.

Le 1er Juin,  vernissage à l'Abbaye d'Auberive de l'exposition  "Recueillir les Histoires",   250 dessins, des séries avec des textes extraits de livres et des dessins libres.
Exposition du 2 juin au 29 septembre 2019.
Plus d'informations à lire sur le site de l'abbaye d'Auberive:
http://abbaye-auberive.com/art-contemporain/expositions/




dimanche 21 avril 2019

Donner la main









Joliesse de la main. 
Heurtoir de porte et détail du tableau "Notre-Dame de perpétuel secours", église Saint-Sauveur. Figeac, avril 2019.


dimanche 7 avril 2019

2007, traversée du désert

C'était au mois d'avril, en Tunisie.  Un parcours à pied d'une centaine de kilomètres entre Douz, la porte du désert et l'ancien fort Ksar Ghilane, proche de l'oasis qui était notre point d'arrivée.








































































A peine quelques jours dans le désert du Sahara, que nous avions choisi de traverser à pied (il paraît que les italiens ont une préférence pour la moto et les allemands pour le 4x4 ...),  accompagnés de  Nour, Abdallah, Zied et Achmed, le berger des dromadaires, il était aussi notre boulanger, c'est lui qui fabriquait et cuisait la kesra sous les braises, chaque soir.   Kersa, huile et vache-qui-rit au menu des haltes-repas dans la journée et pour les enfants, un stock de Major, le biscuit préféré de Nils! 
Un jour, un bébé dromadaire est venu rejoindre notre petite caravane et nous avons passé un peu de temps à chercher le troupeau dont il s'était éloigné, pour le ramener vers sa mère, une occasion de comprendre un peu la vie du désert, le métier de berger, de faire un parallèle avec ce que je connais de la vie pastorale. Dans le désert qui s'étend à perte de vue, les touaregs savent se repérer et distinguer des parcelles, qui chacune  porte un nom. Une nuit,  nous avons campé à quelques pas de l'endroit où Achmed était né.  
Pour installer le bivouac on choisit une parcelle avec de la végétation pour que le bétail puisse s'alimenter et pour que nous trouvions du bois pour faire du feu. Parfois Abdallah autorisait les enfants à faire leur propre feu de camp, mais il veillait ensuite à bien enfouir les braises pour que les dromadaires ne risquent pas de se blesser. 
Au premier matin, nos dromadaires avaient disparu ... nous avons attendu qu'Achmed les ramène pour lever le camp, sans eux, impossible de porter tout notre attirail!  Tous les soirs suivant, nous nous assurions que les entraves qu'on leur passe aux pattes étaient bien accrochées, pour que cela ne se reproduise pas.  
Un petit vent de sable, un peu de pluie, des nuits fraîches et de belles journées, c'est le temps du mois d'avril. La fumée pique les yeux  quand la pluie oblige à cuisiner sous la tente ! 
Compagnons de route et amis, Abdallah, Achmed, Alice, Clara, Flo, Fred, Isa, Laurent, Lola, Nils, Nour, Rébecca et Zied.