Toujours dans la
perspective de l’exposition « Traits … intimes » au musée Arteum de Châteauneuf-le-Rouge, j’ai rencontré Alain Puech, chez lui, à Gardanne. Dans son atelier où il réalise actuellement
des œuvres sur papier grand format, puis dans son bureau dédié à des travaux de
plus petits formats, et surtout à la réalisation quotidienne d’un autoportrait,
nous avons parlé « travail ».
J’ai choisi, cette fois, de retranscrire une partie de l’entretien, au fil du micro, concentrant la restitution de
la conversation sur ses œuvres les plus récentes, les autoportraits.
Nous sommes ici dans ton atelier
où tu réalises les autoportraits en grand format ?
Oui, je te montre
rapidement. J’ai repris il y a peu un travail de dessins sur grands formats que
j’avais déjà expérimenté il y a quelques années à la demande de mon galeriste
jbp Art-Gallery. Alors depuis qu’il m’a
livré la grande cuve et la plaque pour l’encrage, en juillet, je m’y suis
remis. Ce sont des formats spéciaux, 114
x 150 cm pour de très grands autoportraits.
Il a fallu des essais pour retrouver le bon mouillage du papier (3 ou 4
heures), le bon encrage ( encre offset).
Quelles sont les contraintes auxquelles tu dois t’adapter ?
Pour les portraits
quotidiens, je travaille sur de petits formats en comparaison de ces grands
dessins sur papier. Du coup, alors que j’ai l’habitude de survoler ma petite
feuille, ici ce n’est pas le cas, du
coup en me déplaçant d’un côté et de l’autre de la plaque encrée pour dessiner,
je fais des erreurs de perspective. Si je travaillais à la verticale cela ne se verrait pas,
mais je travaille à plat, j’y suis obligé
car le papier est mouillé. Je me
sers d’un dessin format 31 X 41 que je reproduis directement. Je commence par les yeux, le centre du
visage. Cette technique nécessite un travail sur papier mouillé. Ce sont
donc des dessins faits d’un jet… c’est fatiguant, je ne peux pas en faire plusieurs à la suite …mais
une partie de ces travaux seront dans la galerie de Jean-Pierre Botella, à Saint-Tropez, fin septembre.
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POST-SCRIPTUM :
Au moment de relire l'article avec Alain Puech, il m'envoie la note suivante (que je choisis de citer intégralement) :
"Je n'ai sans doute pas précisé que cette volonté de faire reconnaître le travail d'artiste comme un vrai travail est sous-tendue par l'idée que défend le syndicat auquel j'appartiens (Syndicat national des artistes plasticiens CGT) et qui est d'obtenir un statut d'artiste plasticien comme il y a un statut pour les intermittents du spectacle, par exemple. Statut voulant dire : avoir des devoirs certes mais aussi des droits. Comme celui de la reconnaissance des accidents du travail et des maladies professionnelles dont les artistes plasticiens sont privés. Dernièrement nous avons "arraché" un droit à la formation et il y a encore beaucoup à faire. Mon travail, encore une fois, s'inscrit complètement dans cette stratégie de reconnaissance du droit des artistes."
http://www.alainpuech.com/
2 commentaires:
excellent entretien avec notre "serial drawer". Je pense que nous tenons là, le plus intime de nos amis dessinateurs, et qui en plus considère sa pratique artistique comme un "métier" , un travail. (Le dernier N° 26 de la revue AREA portait précisément sur ce thème.) De surcroit cet entretien était, me semble-t-il, teinté d'humour, d'une certaine distanciation avec tout le sérieux nécessaire à sa crédibilité et à la force de chacun de ses portraits.Globalité de la parole en acte (dessin) ou l'inverse.
Son site est tout aussi exemplaire et je m'empresse de le rajouter à mon propre blog.
Bonjour Pierre, de retour et déjà actif ! Merci pour ton commentaire généreux.
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