lundi 13 août 2012

Thibaud Yevnine, photographe, retour du Mozambique


Je recevais hier un message de Thibaud qui annonçait son retour d'Afrique.  Ses mots m'ont touchée et je lui demandai la permission de diffuser sa lettre et les liens vers les deux blogs dans lesquels il publie photos, textes et poèmes, carnets de voyages. 
Ce sont ses mots:
"Les hasards de la vie, bien plus que ses conjectures que nous appelons projets, nous poussent à nous déplacer, à partir ou à revenir.
Aussi, un vendredi de juin, le 15, voilà que je rentrais du Mozambique où je venais de passer neuf mois. Et si cette date avait été fixée depuis toujours, elle m'apparaissait à moi comme un hasard que je ne maîtrisais pas et que je ne comprenais pas plus.
Les personnes qui ont pu me voir de nouveau à Aix, marchant dans ses rues ensoleillées, où à Arles, où j'exposais dans le festival Off, en réalité ne m'ont pas vu.
Elles ont vu mon enveloppe physique, bien sûr, et aux dires de certaines, « amaigrie », elles ont vu quelqu'un marcher, sourire et parler, elles ont vu ce que les bouddhistes appellent ma « dépouille mortelle », mais je n'étais pas là.
Ce Mozambique que j'ai mis tant de temps à aimer, à sentir, voilà qu'il ne voulait plus s'en aller, ou que moi je ne voulais plus partir.
Un heureux « hasard » du sort a fait que je devais reprendre l'avion pour Maputo le 13 juillet, pour exposer mes photos au prestigieux centre culturel français de la capitale.
Je remettais donc une deuxième fois les pieds en Afrique en si peu de temps.
Tant mieux, car l'homme que vous aviez croisé à Aix avait des allures de fantômes qu'il fallait exorciser.
Et au risque d'être mystérieux mais il m'est encore difficile de développer plus, les aléas du sort ou de la vie m'ont réservé une surprise à mon premier retour qui ne pouvait que me déstabiliser.
Je ne pouvais plus guère parler à personne.
Il fallait que je reparte.
(...)



(...)
Ce que j'ai fait.
Là, à Maputo, dans cette mégalopole africaine, je cherchais les réponses.
J'avais deux semaines devant moi.
Je passais mes journées et une partie des nuits à marcher, seul.
J'écrivais beaucoup.
Et si peu à peu je retrouvais la parole, je comprenais que la perte de certaines personnes est irrémédiable.

Je suis revenu maintenant. Et si l'Amérique du Sud est mon continent de cœur, que je m'envole dans ses chants et ses langueurs, le continent africain, lui, est maintenant mon continent de « tripes ».
Il me traverse bien plus que je l'ai traversé. Ce n'est pas que je l'aime ou que je ne l'aime pas. C'est qu'il me touche, c'est qu'il s'appuie à deux mains sur mon existence.

Chose nouvelle que j'ai fait en revenant le mois dernier à Maputo, j'ai mis mes poèmes et mes photos en ligne, sous forme de récits que j'alimente de manière hebdomadaire:


Et enfin, pour ceux qui voudrait voir ou revoir les premières séries de mes photos du Mozambique :




Aujourd'hui, je suis à Aix en Provence, dans cette étrange ville hors du temps et de la misère (matérielle). D'ici peu j'espère poursuivre « ma » route en Amérique du Sud."

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