jeudi 11 février 2016

Alain Pontarelli expose Galerie Jean-François Meyer - Marseille

Mardi 9 février, à l'occasion du vernissage, j'ai découvert le travail du sculpteur Alain PONTARELLI, dans la galerie Jean-François MEYER, 43 rue Fort Notre-Dame à Marseille. 

L'exposition, intitulée "Conversation saphique dans une arrière cour", est tout aussi curieuse que son titre ... elle intrigue, amuse, suggère et révèle ... sans limiter le(s) sens. 
On est en présence d'une oeuvre plastique,  des sculptures en métal  et autres matériaux, mais  les titres élaborés en jeux de mots, calembours et autres détournements allusifs diffusent autour du plaisir de voir, un plaisir certain (et second) du texte ...  Je regrette de n'avoir pas pris le temps de noter les titres des oeuvres, ils me manquent à présent pour illustrer les quelques photos (juste pour donner une impression) montrées ici.




Alain Pontarelli découpe et cisèle des tôles fines et des fils de fer qu'il tortille, coupe et soude ou assemble à l'aide de rivets. La couleur est introduite sous forme de laque, posée comme un vernis apportant un fini impeccable et le rendu lisse et brillant d'un ongle manucuré, parce qu'il y a évidemment une approche très sexuée dans les oeuvres présentées ici.  Si l'artiste est masculin, les oeuvres  sont, elles, des "objets" majoritairement féminins:  bouches, culottes, rubans noués, corsets, talons hauts et bas résille.
  
Dans le détail de ce  tondo formé de culottes en dentelle assemblées pour former un haut relief circulaire évidé en son centre, Alain Pontarelli semble jouer sur le mimétisme, ce qui m'a fait penser à la ceinture de chasteté géante ( La liberté Viendra) que l'artiste Lara Baladi avait installée à la Friche de la Belle de Mai en 2013.  Mais la référence à la peinture est évidente aussi.  Le choix de la forme du tondo, récurrente dans le travail de l'artiste - et  dans l'exposition - évoque la peinture de la Renaissance. D'ailleurs, Alain Pontarelli dit qu'il est venu à la sculpture à défaut de s'être trouvé un assez bon peintre. Il m'a d'ailleurs fait remarquer que la plupart de ses oeuvres sont accrochées au mur, à l'instar de tableaux réalisés  en 3D. 

Ainsi, le sculpteur compose dans l'espace en produisant un relief, mais aussi en jouant avec la configuration de l'espace sur lequel il accroche. On le remarque particulièrement pour l'oeuvre intitulée "étoile des neiges sur étoiles rouges" ( voir en photo plus bas) qui intègre la forme du mur, mais aussi  avec la croix formée de quatre jambes chaussées d'escarpins à talon aiguille  laquée en rouge irisé et placée très en hauteur ce qui oblige le spectateur à lever littéralement les yeux au Ciel ... 

 

Ces jambes emboîtées les unes aux autres  évoquent  "La Poupée"  d'Hans Bellmer  et donnent envie de considérer ces sculptures métalliques comme des jouets érotiques, sortes de mécanos à monter soi-même.  Mais il ne s'agit pas d'oeuvres surréalistes, ni même de ready-made.  Chaque élément qui compose la sculpture est découpé, taillé, mis en forme par la main du sculpteur. C'est du fait-sur-mesures, comme dans la haute-couture, comme les dessous chics de Chantal Thomass.    Le fil de fer, souvent utilisé pour dessiner les formes dentelées s'apparente au trait du dessin.  La couleur, vive, brillante s'inspire du Pop'Art ... ou de l'atelier du carrossier .  Il est assez fascinant en effet de constater que la préciosité de la chose, la féminité du frou-frou, la suavité de la  matière colorée n'est qu'un vernis apparent et superficiel posé sur une matière dure, froide et coupante ... comme de l'acier !  Et pour cause... il ne s'agit pas d'autre chose.


C'est ce que semble exhiber cette paire de jambières dans laquelle deux tasseaux bruts (de dé-coffrage) sont plantés sans ménagement, coiffée d'une planche stratifiée tout ce qu'il y a de plus banal. 
C'est encore ce que l'on constate en regardant de près les "étoiles rouges" qui ressemblent aux lames d'une disqueuse, ô combien dangereuses ... 


 étoiles des neiges sur étoiles rouges

 Donc, sous la féminité et la préciosité  ne cessent de poindre la main de fer (dans le gant de velours), la rudesse, voire  l'agressivité.  Tout cela semble dire, il ne faut pas s'y fier ! C'est pour cette raison que la perception de ces oeuvres est vraiment complexe ... qui du masculin ou du féminin est la proie de l'autre ? Qui enferme qui dans ces cages métalliques aux formes féminines ? La forme des tondi est un cercle sans début et sans fin décelable ... ça tourne, c'est clos sur soi ...  sans jamais se départir d' humour et de grâce.  


conversation saphique dans une arrière cour


  Une (belle) exposition à voir jusqu'au 27 février 43 rue Fort Notre-Dame à Marseille dans la Galerie Jean-François MEYER
Toutes les infos pratiques :
 http://www.marseilleexpos.com/les-membres/liste-des-structures/galerie-meyer/

Pour compléter la découverte  du travail du sculpteur Alain PONTARELLI
http://www.alain-pontarelli.fr/

1 commentaire:

pierre vallauri a dit…

une fois de plus tu donnes plus qu'envie d'aller voir ce travail à Marseille.
C'est une démarche atypique dans le paysage de la création sculpturale. J'ai parcouru comme tu nous y invites avec grand plaisir son site d'une incroyable richesse.
J'ai noté qu'il avait été l'assistant de Bernard Pagés. Un autre sculpteur que j'apprécie beaucoup aussi.