J'ai rencontré Pierre Vallauri, cet après midi, dans la galerie Vincent Bercker, rue Matheron à Aix. Il y expose diverses oeuvres réalisées à partir du papier ou sur papier, visibles du 4 au 28 décembre 2013.
Deux rencontres avec l'artiste sont prévues les samedis 7 et 14 décembre de 10h à 12h30 et de 15h à 19H.
Je tenais beaucoup m'entretenir avec lui et son galeriste puisque la fin de l'année amène avec elle les dernières expositions réalisées par le Gudgi ( groupement uni des galeries indépendantes aixoises) parmi un vaste ensemble labellisé Paper'Art Project qui, depuis le mois de janvier dernier, à un rythme d'au moins un événement par mois, déploie des artistes dans des "lieux d'exposition publics ou municipaux phares" ( comme les appelle Pierre Vallauri), mais aussi des galeries indépendantes, comme celle de Vincent Bercker ( vice-président du Gudgi), Corinne Theret (présidente du Gudgi), le 200rd10, ou the Red Door Gallery... (On trouvera ici la liste complète des galeries)
J'ai demandé à Pierre Vallauri de me parler de sa collaboration auprès du Gudgi, puisque n'étant pas galeriste, il n'avait pas, a priori, de raison d'y prendre part. Cependant, son expérience et sa disponibilité en tant que
commissaire d'exposition ont grandement aidé le petit nombre de galeristes qui, dans les faits, ont vraiment contribué à la réalisation du Paper'Art Project à l'origine imaginé par Corinne Theret et Odile Solomon. En amont des expositions, il faut noter l'intervention et la participation d'Odile Solomon qui a préparé le dossier de demande de subventions et d'aides auprès de Marseille-Provence 2013. Tout au long de l'année il faut encore souligner le travail de l'équipe de graphistes de l'Atelier Conti qui a produit les éléments pour la communication autour des expositions et qui prépare un catalogue de 80 pages qui couvre l'ensemble des événements présentés durant ces douze mois d'exposition. Il devrait être édité pour la dernière manifestation Paper'Art MP13, la soirée de clôture du 17 décembre 2013 au musée des Tapisseries qui invitera les artistes Catherine Moullé et François Gilly qui ont suivi tous les événements à travers une prise de croquis. On verra également un power-point qui reprendra la couverture photographique des expositions par Jérôme Imbert.
Vincent Bercker a proposé ce temps d'exposition dans sa galerie, d'une part pour remercier Pierre Vallauri de son implication dans Paper'Art project, mais aussi pour lui permettre de témoigner de son parcours de plasticien et de chercheur (ainsi se définit-il), car il est certain que ses oeuvres témoignent de son intérêt pour de nombreux domaines d'expressions dans lesquels il aime se déplacer. Il vient du textile, cette période là de son travail l'a confronté à certains travaux d'artistes japonais et d'artistes allemands qui travaillaient la fibre textile d'une manière qui était proche du travail de la fibre papier. Ainsi, il en est-il venu à travailler lui même le papier dans sa chair, dans sa fibre et sa matière, entaillant la pleine page, la brûlant dans ses reliefs, travaillant les déformes dans leur variété. Comme Pierre Valauri est aussi un homme d'esprit et d'humour, il nous réserve quelques surprises et mots gravés ... à soupeser sur place !
Très rapidement, l'entretien est revenu sur l'aventure Paper'Art Project de l'année 2013 dont je lui demandais de faire un bilan. C'est une opération réussie qui à travers divers thèmes déclinés tout au long de l'année, dans des lieux phares ( en général institutions publiques municipales) tels que le musée de Tapisseries, le muséum d'Histoire Naturelle, de musée du Vieil Aix, l'Office du Tourisme, La Fondation Vasarely, la Méjanes, Le musée Arteum de Châteauneuf-le-Rouge (...) et des galeries privées a permis au public de découvrir ce que l'on nomme le Paper'Art et d'en connaître les déploiements dans différentes approches d'artistes contemporains. Cependant, le budget espéré n'ayant pas été satisfait par les subventions réellement perçues, plusieurs idées ont dû être abandonnées, en particulier celles qui demandaient l'intervention d'artistes de renommée internationale dont il s'avérait impossible de payer la prestation. Ce fut le cas pour François Cheng (calligraphe). Cependant, Pierre Vallauri souligne aussi l'investissement personnel important de tous les artistes, qu'ils soient artistes locaux et autres, venant de fort loin comme Woo-Bock Lee ( Sud Coréenne) ou Alexandra Deutsch ( Allemande).
La réussite du projet tient également à ce qu'il a été possible sur une longue période ( un an d'efforts soutenus pour livrer au moins une fois par mois une exposition peut sembler parfois une course d'endurance) de mener des projets avec des partenaires (institutions semi-publiques ou galeries privées) qui n'ont pas les mêmes impératifs ni la même vocation. Pierre Vallauri est satisfait d'avoir pu confronter les productions "traditionnelles", voire anciennes déjà en place dans certains lieux comme le muséum d'Histoire Naturelle et le musée du Vieil Aix, à la production des artistes contemporains. C'était le cas pour les paperolles de Michel Audat, le paravent de Jacques Mandelbrojt et les canivets de Julie Dawid au musée du Vieil Aix pour la nuit des musées et dans les semaines qui ont suivi, attirant un public nombreux.
Vincent Bercker tenait à réserver à Pierre Vallauri cette ultime exposition de l'année 2013, pour le remercier de son implication dans le projet.
La galerie Vincent Bercker est la seule a avoir entièrement consacré sa programmation 2013 à des artistes du Paper'art. J'ai récupéré les flyers de six expositions sur les huit qu'il a montrées.
6 au 30 mars 2013, Max Sauze, "Oeuvres papier".
9 au 27 avril 2013, Festival BD et arts associés, François de Jonge.
2 mai au 1er juin 2013, Jacques Mandelbrojt, "l'élan rouge et noir".
5 au 29 juin 2013, Ambi, "Papiers brûlés".
3 juillet au 31 août 2013, Léo Marchutz, "oeuvres sur papier, dessins, litho".
2 octobre au 2 novembre 2013, Jean-Baptiste Audat, "Reliance".
6 au 30 novembre 2013, Johann Rakotomavo, "Photographies".
4 au 28 décembre 2013, Pierre Vallauri, "Puzzle Papiers".
Vincent Bercker, Vice-Président du Gudgi, m'a présenté certains de ses choix (j'ai au cours de l'année pu rendre compte de certaines expositions), en particulier les travaux de deux artistes malgaches, Ambi ( Ambinintsoa Andriankajarivelo) et Johann Rakotomavo qui tous deux ont travaillé sur papier Antemoro de Madagascar.
Ambi prépare actuellement une thèse de doctorat en Arts Plastiques à
l'Université de Provence. Dans le cadre d'une commande pour Paper'Art
project, elle a réalisé une série de travaux sur un papier malgache
traditionnel appelé papier Antemoro, exprimant tantôt le problème de la
déforestation qui menace l'existence même de la fibre servant à
confectionner le papier, au profit de la fabrication du charbon de bois
servant de combustible pour cuire les aliments.
Elle a également travaillé (parce ce que cela est le thème de sa thèse)
avec "les traces du feu sur le papier qui reflètent les cicatrices
laissées par son combat".
J'ai été encore particulièrement intéressée par le travail du photographe Johann
Rakotomavo, lui aussi doctorant en Arts Plastiques à l'université d'Aix. On pourrait dire que sa recherche, telle que je l'ai
perçue, interroge les passages possibles entre l'ici ( la Provence) et
l'ailleurs ( Madagascar). Dans des paysages des bords de l'Arc, de
Sainte Victoire, de mas méridionaux, il cherche les cadres qui lui
permettraient de mettre en scène la vie quotidienne des habitants
malgaches telle qu'elle existe là-bas. Là-bas, les gens se déplacent
beaucoup à pied dans la campagne, y parcourant des kilomètres chaque
jour. La-bàs, une maison qui ressemblerait à une maison d'ici serait
probablement une alimentation-restaurant où tout au long de la journée
on verrait des gens aller et venir, enter et sortir, s'asseoir un moment
pour manger, pour boire et pour parler. Avant le tirage des négatifs
argentiques sur grandes feuilles de papier Antermoro de Madagascar,
Johann Rakotomavo préserve les espaces vierges où ses personnages
déambuleront, "s'intégrant parfaitement aux nouveaux lieux qui les
accueillent"... L'artiste ajoute :" Ce jeu de transposition met aussi en
avant l'histoire du papier et les métamorphoses des cultures qui
l'utilisent. Ici le papier Antemoro est à la fois outil et matière
mémorielle unique".
2 commentaires:
Merci Florence, d'avoir précisément retracé le travail de Pierre Vallauri et de Vincent Bercker.
C'est très important et précieux de pouvoir évaluer sur la moyenne durée, tout au long d'un calendrier et pas seulement à la faveur d'un simple événement, les lignes de force, l'endurance d'un projet et de ses acteurs.
Les visiteurs d'une galerie n'imaginent pas toujours ce qui peut soutendre un travail tout au long d'une année.
J'avais moi aussi trouvé très intéressant et attachant les photographies, les croisements de culture et la démarche de Johan Rakotomavo. Et puis le paravent, l'élan rouge et noir de Jacques Mandelbrojt.
J'abonde pleinement dans le sens du commentaire d'Alain Paire dont la galerie, bien que s'étant détachée du réseau GUDGI - et je le regrette-fermera ses portes fin décembre 2013. Les seuls liens qui nous restent avec le tissus artistique aixois seront désormais les blogs des uns et des autres oh combien précieux! (et quelques galeries encore). A ce titre je voudrais remercier ici Florence, toujours aussi parfaite dans sa narration détaillée de ce Paper'Art Project qui n'est donc plus un projet mais sa réalisation au cours de l'année écoulée et son aboutissement dans la soiré&e de clôture du 17/12 au Musée des Tapisseries.
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