Post-scriptum : Eh bien, ce mardi soir le mur est à nouveau tout blanc, Cupidon s'est envolé ... Le printemps est éphémère.
Le printemps
Le printemps laisse errer les fiancés parjures
Et laisse feuilloler longtemps les plumes bleues
Que secoue le cyprès où niche l'oiseau bleu
Prince charmant du conte et de tendre aventure
A l'aube une madone a pris les giroflées
Elle viendra demain cueillir les églantines
Pour mettre aux nids des colombes qu'elle destine
Aux pigeons qui le soir semblent des Paraclets
Au petit bois de citronniers s'énamourèrent
D'amour que nous aimons les filles éperdues
Tout l'horizon palpite ainsi que leurs paupières
Et parmi les citrons leurs coeurs sont suspendus
Mes soeurs j'aime l'Amour Mes soeurs nous l'aimons toutes
Mes soeurs l'Amour qui m'aime est peut-être égaré
Nous chercherons l'Amour ô soeur énamourée
Adieu nos coeurs dont le sang tombe goutte à goutte
Elles cherchent l'Amour qui par divin dépit
D'avoir un soir été surpris à la fontaine
Sur les iris céleurs d'yeux morts faisait pipi
Ternit la source et l'horizon de son haleine
Elles se hâtent vers le vallon décevant
Où des pigeons peut-être ont devancé l'Amour
Mais loin du val des fruits l'enfant s'est dressé pour
Lancer des flèches d'or aux beaux citrons mouvants
Et leurs coeurs sont percés La flèche marque l'heure
Où elles ont un soir ouï cette source qui pleure
Cette source nocturne et vu l'Amour vengé
Qui laisse errer leur peine à travers les vergers
Les pétales tombés des pêchers qui fleurissent
Sont les ongles cruels des tendres bien-aimées
Les cerisiers défleuriront au mois de mai
Les fleurs sont des bourgs qui là-bas se rapetissent
[...]
Et vrai tout est joyeux réel et hors de moi
Les vents ont expiré couronnés d'anémones
Les étoiles le soir couronnent la Madone
Ô vierge signe pur d'un pur troisième mois
Ô Notre-Dame très réelle et nécessaire
Mets au bord des chemins des rosiers tout fleuris
Pour que de leurs mains les cueilleurs de roses prient
Quand les routes en mai deviendront des rosaires
*
Guillaume Apollinaire, Le Guetteur mélancolique,
poèmes divers - 1900-1917
*
Et toi mon coeur pourquoi bats-tu
Comme un guetteur mélancolique
J'observe la nuit et la mort
Le printemps laisse errer les fiancés parjures
Et laisse feuilloler longtemps les plumes bleues
Que secoue le cyprès où niche l'oiseau bleu
Prince charmant du conte et de tendre aventure
A l'aube une madone a pris les giroflées
Elle viendra demain cueillir les églantines
Pour mettre aux nids des colombes qu'elle destine
Aux pigeons qui le soir semblent des Paraclets
Au petit bois de citronniers s'énamourèrent
D'amour que nous aimons les filles éperdues
Tout l'horizon palpite ainsi que leurs paupières
Et parmi les citrons leurs coeurs sont suspendus
Mes soeurs j'aime l'Amour Mes soeurs nous l'aimons toutes
Mes soeurs l'Amour qui m'aime est peut-être égaré
Nous chercherons l'Amour ô soeur énamourée
Adieu nos coeurs dont le sang tombe goutte à goutte
Elles cherchent l'Amour qui par divin dépit
D'avoir un soir été surpris à la fontaine
Sur les iris céleurs d'yeux morts faisait pipi
Ternit la source et l'horizon de son haleine
Elles se hâtent vers le vallon décevant
Où des pigeons peut-être ont devancé l'Amour
Mais loin du val des fruits l'enfant s'est dressé pour
Lancer des flèches d'or aux beaux citrons mouvants
Et leurs coeurs sont percés La flèche marque l'heure
Où elles ont un soir ouï cette source qui pleure
Cette source nocturne et vu l'Amour vengé
Qui laisse errer leur peine à travers les vergers
Les pétales tombés des pêchers qui fleurissent
Sont les ongles cruels des tendres bien-aimées
Les cerisiers défleuriront au mois de mai
Les fleurs sont des bourgs qui là-bas se rapetissent
[...]
Et vrai tout est joyeux réel et hors de moi
Les vents ont expiré couronnés d'anémones
Les étoiles le soir couronnent la Madone
Ô vierge signe pur d'un pur troisième mois
Ô Notre-Dame très réelle et nécessaire
Mets au bord des chemins des rosiers tout fleuris
Pour que de leurs mains les cueilleurs de roses prient
Quand les routes en mai deviendront des rosaires
*
Guillaume Apollinaire, Le Guetteur mélancolique,
poèmes divers - 1900-1917
*
Et toi mon coeur pourquoi bats-tu
Comme un guetteur mélancolique
J'observe la nuit et la mort
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