Lundi 21 novembre, les lycéens d'une classe de première du lycée Marie-Madeleine Fourcade de Gardanne se rendaient au musée Arteum de Châteauneuf-le-Rouge pour visiter l'exposition Suite Arlésienne.
Pierre Vallauri, le président de l'association du musée, était là pour les accueillir et pour répondre à leurs questions. Qu'il en soit tout d'abord remercié.
Pierre Vallauri, le président de l'association du musée, était là pour les accueillir et pour répondre à leurs questions. Qu'il en soit tout d'abord remercié.
Pour préparer cette visite, j'ai réalisé un diaporama présentant l'évolution de l'art moderne vers des pratiques dites contemporaines constatant que l'art contemporain constitue un vaste champ d'expérimentations toujours en actions et en réactions, difficile, voire impossible à définir de façon précise et univoque.
Quel peut être le rôle de l'enseignant qui accompagne une classe d'élèves dans un musée? S'il est convaincu que l'art est une nourriture qu'il est indispensable de leur offrir, comment le mettre à leur portée, comment les y amener? Faut-il apporter ce que l'on peut d'informations pour accomplir un rôle éducatif et laisser le contact des dessins, des peintures et des sculptures faire le reste ? Il nous est toujours demandé de justifier l'objectif pédagogique de nos projets.
Durant la projection du diaporama les lycéens ont manifesté beaucoup d'enthousiasme pour l'art des années 60 , le Pop-Art avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein, puis Robert Rauschenberg et pour finir, Jean-Michel Basquiat. Leurs oeuvres leur parlent, ils les connaissent, les apprécient ... Pas pour Basquiat. Mais en le rapprochant de l'art de la rue... ils ont accroché...Ils étaient pleins de questions auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre, interrompue par la sonnerie de fin de classe. Je me suis dit qu'il faudrait aller plus loin et trouver une occasion d'approfondir sur cet artiste. J'ignore si j'en aurai le temps.
Une question a fusé: est-ce que ce que nous verrons au musée ce sera pareil? Non, ce ne sera pas pareil parce que ce ne sont pas les mêmes artistes, ils n'ont pas la même histoire, ils n'ont pas le même genre d'expression, mais oui, parce que comme ces artistes que je viens de vous montrer, ils sont des hommes et des artistes de leur temps, ils ont "fréquenté" ces oeuvres, ils ne peuvent pas les ignorer et ils traduisent comme eux, une façon de se frotter au monde contemporain, à l'Histoire avec un grand H. et à leur petite musique personnelle...
Je retranscris à présent ce que les élèves ont bien voulu me dire et m'écrire sur les oeuvres des quatre artistes, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et Heribert Maria Staub.
Une discussion collective laisse apparaître que ces adolescents préfèrent les représentations figuratives et sont plutôt déroutés par ce qu'ils appellent l'art abstrait ou les oeuvres auxquelles ils ne parviendraient pas à donner un sens immédiat. Il est important pour eux de ressentir des émotions positives et d'écarter ce qui est douloureux ou triste. Ils apprécient un travail pour sa qualité d'exécution. Dire que l'artiste a une excellente maîtrise du trait et peut représenter le réel de façon juste et avec talent a souvent été entendu. Je leur ai dit que leur point de vue serait respecté et que nous le considérions comme valable et porteur de sens, un témoignage qui compte. Il ne s'agissait pas de juger leurs propos, mais de laisser s'exprimer ceux qui le voudraient bien.
Je retranscris un florilège de phrases, de mots, de remarques recueillis pour chacun des artistes ...
Les Foules. "En haut, quelques points, taches, traits qui deviennent progressivement des femmes, des silhouettes et des visages. Impression de mouvement, bousculade, dessin très réaliste, sûrement inspiré de photos".Durant la projection du diaporama les lycéens ont manifesté beaucoup d'enthousiasme pour l'art des années 60 , le Pop-Art avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein, puis Robert Rauschenberg et pour finir, Jean-Michel Basquiat. Leurs oeuvres leur parlent, ils les connaissent, les apprécient ... Pas pour Basquiat. Mais en le rapprochant de l'art de la rue... ils ont accroché...Ils étaient pleins de questions auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre, interrompue par la sonnerie de fin de classe. Je me suis dit qu'il faudrait aller plus loin et trouver une occasion d'approfondir sur cet artiste. J'ignore si j'en aurai le temps.
Une question a fusé: est-ce que ce que nous verrons au musée ce sera pareil? Non, ce ne sera pas pareil parce que ce ne sont pas les mêmes artistes, ils n'ont pas la même histoire, ils n'ont pas le même genre d'expression, mais oui, parce que comme ces artistes que je viens de vous montrer, ils sont des hommes et des artistes de leur temps, ils ont "fréquenté" ces oeuvres, ils ne peuvent pas les ignorer et ils traduisent comme eux, une façon de se frotter au monde contemporain, à l'Histoire avec un grand H. et à leur petite musique personnelle...
Je retranscris à présent ce que les élèves ont bien voulu me dire et m'écrire sur les oeuvres des quatre artistes, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et Heribert Maria Staub.
Une discussion collective laisse apparaître que ces adolescents préfèrent les représentations figuratives et sont plutôt déroutés par ce qu'ils appellent l'art abstrait ou les oeuvres auxquelles ils ne parviendraient pas à donner un sens immédiat. Il est important pour eux de ressentir des émotions positives et d'écarter ce qui est douloureux ou triste. Ils apprécient un travail pour sa qualité d'exécution. Dire que l'artiste a une excellente maîtrise du trait et peut représenter le réel de façon juste et avec talent a souvent été entendu. Je leur ai dit que leur point de vue serait respecté et que nous le considérions comme valable et porteur de sens, un témoignage qui compte. Il ne s'agissait pas de juger leurs propos, mais de laisser s'exprimer ceux qui le voudraient bien.
Je retranscris un florilège de phrases, de mots, de remarques recueillis pour chacun des artistes ...
"J'aurais aimé partir avec ces grands dessins de Michel Houssin, Les Foules, j'ai été touchée par l'émotion des visages des personnes représentées, par les détails "si petits". Je suis restée médusée devant ces dessins; chaque fois qu'on regarde, on voit un détail de plus et chaque détail a son importance. Ainsi, si je l'avais chez moi, je pourrais en apprendre tous les détails et me surprendre chaque jour à en trouver un nouveau".
"On suffoque devant ces dessins de foules".
"je pense que les dessins de Michel Houssin révèlent la diversité de l'être humain dans le monde et nos différences".
"Je repartirais avec les Foules de Michel Houssin car ce tableau m'inspire la diversité, le non conformisme qui est très important à mes yeux. Mais il me fascine aussi au niveau des détails. Ce tableau représente pour moi la force de la différence car toutes les personnes représentées ne forment qu'un".
"Les dessins de Michel Houssin révèlent la beauté de l'homme dans sa pureté lorsqu'il représente des femmes nues, dans son âge lorsqu'il représente sur de grands formats de vieilles femmes marquées par le temps, enfin dans son unicité lorsqu'il dessine des foules d'hommes et de femmes tous différents les uns des autres avec le soin du moindre détail, pour, petit à petit, à mesure que l'on recule dans la foule, les figurer tous semblables et tous égaux. Ce sont des visions joyeuses et positives de l'homme".
"Le tableau qui m'a le plus touchée s'appelle "Carole nue". A travers le papier on arrive à ressentir la sérénité de la jeune femme. Les traits sont tellement proches de la perfection qu'on la confondrait avec une photographie. Michel Housin a réussi à retranscrire les reliefs dans son dessin, surtout au niveau du ventre de la jeune femme. les jeux d'ombre et de lumière sont magnifiques. Pour moi, ce tableau est synonyme de pureté".
"le tableau du vieil homme me donne confiance en l'âge, il est apaisant".
"Il ne termine jamais entièrement le corps de ses personnages ce qui fait qu'il n'utilise pas tout l'espace de ses papiers".
"Plus on s'éloigne (des Foules) plus les personnages se noient dans la masse, se confondent. Cela m'inspire une profonde critique du conformisme de la société d'identité de masse qui est la nôtre. Mais lorsqu'on s'approche et qu'on regarde avec attention, on remarque que chaque visage a un caractère qui se voit sur son visage, qui lui est propre, ce qui me semble être l'illustration d'un conformisme superficiel qui efface nos personnalités".
"je repartirais avec les Nuages de Michel Houssin, cette oeuvre est très subjective (ou suggestive?), elle nous laisse imaginer ce que l'on veut dans un nuage".
"si je pouvais partir avec une oeuvre, ce serait Grosse Tête de Michel Houssin car je trouve que le visage de la vieille dame est très expressif et en même temps très beau, il travaille beaucoup sur les détails, les rides".
"Je voudrais repartir avec le dessin de l'oeil d'Inès car j'aime beaucoup le regard, on apprend beaucoup dans les yeux".
L'homme en équilibre sur un pied, de Gérard Eppelé "représente la chute quand il est tombé de son arbre, la couleur noire, des traits plutôt brouillés qui montrent le déséquilibre".
"Cette oeuvre, l'homme en équilibre sur un pied, me plaît parce qu'à mes yeux elle est jolie, mais je n'ai pas vraiment de raison à donner".
"L'homme en équilibre sur un pied me fait penser à un homme qui est un peu fragile... il tombe".
"L'artiste ( Gérard Eppelé) s'attache à des faits historiques, il dessine des situations douloureuses, l'esclavage ?"
"Gérard Eppelé représente des hommes à l'apparence affaiblie, mutilés ou en difficulté. Dans le thème de la guerre, il dépeint les horreurs dont l'homme est capable et ce qu'il s'inflige à lui-même. C'est une vision péjorative de l'homme..."
"La main mutilée, le peintre, Gérard Eppelé, a été marqué par la guerre. Ses tableaux sont donc très noirs, très sombres. Cette main semble représenter la douleur, la souffrance, la guerre".
"Je trouve ce tableau triste mais profond, il dégage un sentiment de mal-être. Mais je voudrais le garder car il signifie quelque chose que l'on ne doit pas oublier, la tristesse fait partie de la vie".
"Eppelé nous livre, spécialement dans ses dessins de grands formats tels que le Reliquaire, une vision sombre et violente du genre humain. Il fait apparaître des hommes décharnés, terrifiés. La guerre. La mutilation. Peut-être ces images accusent-elles notre inextinguible violence ?".
"Cette oeuvre (le Reliquaire) est à mes yeux la terreur personnifiée. On ne discerne pas les visages des personnages, ils paraissent malades et il s'en dégage un vent glacial et apocalyptique qui ne me plaît pas. Le monde est assez noir pour que ces personnes qui ont l'art et la vie au bout des doigts ne le fassent pas sombrer davantage...voilà ce que je ressens".
Heribert Maria Staub.
"Comprendre ses oeuvres demande un grand travail d'observation et de réflexion".
"Il représente un oiseau en train de voler, de planer. C'est abstrait et figuratif en même temps. Cela évoque la liberté, la pureté et la couleur blanche du plâtre, la colombe ? "
"J'ai choisi le coq car il se rapproche de la réalité mais garde cependant un côté abstrait".
"Les animaux mythologiques, le phoenix, le centaure, Triton, mais aussi le Taureau, la nature sauvage, violentés par leurs postures en action. Une sensation de mouvement brusque et violent".
"Lorsque j'ai vu cette sculpture, je dois dire qu'immédiatement j'ai pensé à un Phoenix. La sculpture est majestueuse et gracieuse, tout comme l'image que j'ai d'un phoenix. Le bronze ajoute un aspect authentique qui conserve le mythe d'un tel oiseau".
"Il faut avoir beaucoup d'imagination pour voir ce qu'il (Heribert Maria Staub) a voulu sculpter. Heureusement qu'il y a de petites plaques (cartels) avec le nom des oeuvres".
"J'ai choisi la Chouette, c'est une sculpture très géométrique qui ne représente pas directement une chouette, toutefois on reconnaît l'animal grâce à sa forme générale".
Les oeuvres de Gabriel Delprat, ici les Plis et Replis . "Gabriel Delprat travaille de ses mains pour fabriquer les matériaux qu'il utilise et qu'il fait lui-même, du pinceau jusqu'au papier. Ce grand contemplatif utilise la peinture acrylique pour ses inventions. "
"On voit un homme (dans ces peintures de Gabriel Delprat) que l'on peut désigner comme étant Vincent Van Gogh, qui se mutile en se coupant l'oreille droite avec un couteau. Ce sont les tableaux qui m'ont le plus choqué parmi les oeuvres de cet artiste".
Van Gogh, "Quatre tableaux figurant Van Gogh se coupant l'oreille. Il en ressort de la violence, rendue par des traits de peinture aléatoires et des taches éparses".
"Le travail du paysage et l'exploration des territoires occupent une grand place dans son métier ( celui de l'artiste Gabriel Delprat) , ainsi, la plaine de la Crau, les marais salant de Camargue et même les platanes de la ville d'Arles. Je choisis l'enjambée (en huit tableaux) car je trouve que la couleur et ce que rapportent ces tableaux (les noms des ouvriers agricoles, les noms de lieux, les bottes pour marcher dans les prés) sont curieux. La façon de les avoir composés avec des découpages et des collages apporte une originalité plaisante et surprenante. Ce travail au premier abord étrange est en vérité réfléchi et pensé de manière judicieuse !"
"J'aimerais repartir avec l'enjambée de Gabriel Delprat car son originalité et sa grande recherche dans la composition m'ont captivée et intriguée".
"Bien que l'artiste ait découpé son oeuvre pour en créer de nouvelles, il y a une continuité dans chaque tableau".
Les Pins , "oeuvre composée de traits violents et épais, mais dans chacun de ces dessins on peut trouver un élément de douceur, simple et apaisant, d'un homme qui lit ou qui écrit".
Un élève écrit encore, parlant plus généralement de l'ensemble de l'exposition : "malheureusement ou non, je ne repartirais avec aucune de ces oeuvres. Leur noirceur et leur tristesse m'horrifient et me déplaisent. Pour moi, l'art signifie la vie et la couleur. Un ensemble d'éléments qui éclairent la vie...."
Merci à Roxanne, Clara, Pierre, Manon, Florian, Marie, Fanny, Maëva, Juliette, Léa, Rosalie, Sébastien, Lou, Marie, Mathis, Elise, Christophe, Pauline-Anna, Marion, Tania, Auriane, Anastasia, Clarisse, Chloé, Cilia, Camille, Fanny, César, Marie, Cassandra, Loris, Sarah, Mélanie, Sarah et Axel pour leur participation à la rédaction de cet article et pour faire chanter en classe (comme ailleurs) les couleurs de la vie !
Merci à Pierre Vallauri, président de l'association du musée d'art contemporain Arteum et à la ville de Châteauneuf-le-Rouge de nous avoir accueillis. On trouve le site du musée pour se tenir informé des expositions ICI
Et notre admiration pour les travaux des artistes, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et Heribert Maria Staub
2 commentaires:
J'aime beaucoup apercevoir, depuis Roxane jusqu'à Axel, les noms des auteurs des textes de cette séquence : ce qu'ils écrivent est bien ressenti. Photo 24, voici les jeunes filles et les garçons de maintenant. Ailleurs, dans les embrasures des fenêtres et sur les socles, les sculptures d'Heribert, il aurait été heureux de les découvrir. `
Une autre image, tu fais réapparaître un autoportrait de Michel Houssin. On revient au début de l'article, on voit les gens qui se rassemblent et que tu as su réunir, les dalles et les grandes feuilles du lierre de la cour intérieure du musée.
Merci Alain,
ta dernière remarque rapprochant les foules de Michel Houssin de la première photo des élèves dans la cour du musée qui forment eux aussi une foule ... C'est parfois l'impression que me fait une classe les premiers jours de septembre, avant de connaître chacun des élèves .... la foule est-ce l'autre, cet inconnu ? D'Où la jolie tentation d'une élève de repartir avec une des foules pour, jour après jour, en connaître tous les détails ! Intéressant: apprivoiser une foule !
Les élèves, encore eux, ont trouvé un autre autoportrait de Michel Houssin dans les yeux qui étaient accrochés dans la première salle, plus précisément, un oeil cerclé d'une monture de lunette...
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